Imaginez un homme qui a transformé un club de football en géant européen, décidé à appliquer la même ambition à une ville entière. À Lyon, l’ancien président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, s’apprête à plonger dans l’arène politique pour les municipales de 2026. Son annonce, teintée d’une assurance presque sportive, a secoué la capitale des Gaules. Mais est-ce vraiment une surprise ? Après tout, cet homme d’affaires de 76 ans n’a jamais caché son amour pour Lyon, ni son envie de redonner à la ville ce qu’elle lui a offert.
Un Nouveau Terrain de Jeu pour Aulas
Depuis des mois, les rumeurs bruissaient dans les ruelles lyonnaises. Jean-Michel Aulas, figure emblématique du football français, allait-il vraiment se lancer dans la course à la mairie ? La réponse est arrivée début septembre, lors d’une conférence de presse orchestrée avec soin. Entouré de figures politiques locales, Aulas a confirmé qu’il se lancerait “dans quelques jours” dans cette aventure, sans étiquette mais avec un soutien de poids : celui des Républicains (LR). Une alliance qui, pour beaucoup, marque un virage clair vers la droite.
Pour transformer les choses, pour gagner la ville de Lyon, il faut être uni. On est dans les starting-blocks.
– Jean-Michel Aulas
Cette déclaration, prononcée dans une brasserie animée du 2e arrondissement, a donné le ton. Aulas ne veut pas seulement participer ; il veut gagner. Mais la route vers l’Hôtel de Ville est semée d’embûches, et son passé de patron de l’OL, s’il lui confère une aura unique, ne suffira pas à conquérir les électeurs. Alors, comment cet homme d’affaires compte-t-il transformer l’essai ?
Une Alliance Stratégique avec la Droite
L’un des moments clés de cette pré-campagne a été l’annonce du ralliement de Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon. Ce jeune élu, qui avait initialement déclaré sa candidature, a finalement décidé de se ranger derrière Aulas. Un choix stratégique, orchestré en partie par Laurent Wauquiez, figure influente de la droite régionale. Ce dernier, lors de la conférence de presse, n’a pas caché son enthousiasme :
Jean-Michel incarne la fierté lyonnaise. Il a sauvé notre club et porté les couleurs de l’OL. Il est celui qui peut remporter la bataille.
– Un responsable politique local
Ce soutien n’est pas anodin. En s’alliant avec LR, Aulas s’assure un socle électoral solide, mais il prend aussi le risque d’être perçu comme le candidat d’une droite dure, une étiquette qu’il rejette pourtant en se revendiquant “sans étiquette”. Cette posture, entre indépendance affichée et alliance partisane, est un numéro d’équilibriste. D’un côté, il veut séduire un électorat large, du centre-gauche à la droite. De l’autre, il doit composer avec les attentes des ténors de LR, qui espèrent capitaliser sur sa notoriété.
- Ralliement clé : Pierre Oliver, initialement candidat, se retire pour soutenir Aulas.
- Influence de Wauquiez : L’ancien président de région joue un rôle central dans cette alliance.
- Positionnement flou : Aulas se dit sans étiquette, mais son alliance avec LR brouille les pistes.
Franchement, je trouve ce positionnement audacieux, mais risqué. En se rapprochant de la droite, Aulas peut fédérer une partie de l’électorat lassée par la gestion actuelle, mais il pourrait aussi aliéner ceux qui cherchent une alternative plus centriste. Lyon, après tout, est une ville historiquement modérée, où les étiquettes trop marquées ne passent pas toujours.
Un Homme d’Affaires Face à la Politique
Si Jean-Michel Aulas est un novice en politique, il n’est pas un inconnu pour les Lyonnais. Pendant 36 ans, il a dirigé l’Olympique Lyonnais avec une main de fer, transformant un club de seconde zone en mastodonte européen. Sept titres de champion de France, une finale de Ligue des Champions féminine, un stade flambant neuf : son bilan parle de lui-même. Mais gérer une ville de 550 000 habitants, c’est une autre paire de manches.
Selon des observateurs, Aulas veut appliquer à la mairie la même recette qu’à l’OL : une vision ambitieuse, une gestion rigoureuse et une capacité à fédérer. Dans une tribune récente, il a d’ailleurs comparé la gestion d’une ville à celle d’un club de football, insistant sur l’importance de “rayonner sans diviser”. Une belle formule, mais qui reste à concrétiser.
| Domaine | Expérience d’Aulas | Défis politiques |
| Gestion | 36 ans à la tête de l’OL, succès financiers et sportifs | Complexité des dossiers municipaux (budget, urbanisme) |
| Notoriété | Figure emblématique à Lyon, image positive | Risques d’être perçu comme un novice en politique |
| Rassemblement | Alliance avec LR et soutiens centristes | Équilibrer les attentes des partis et de la société civile |
Ce tableau illustre bien le paradoxe d’Aulas : son expérience est un atout, mais elle ne garantit pas le succès dans un univers aussi différent. J’ai l’impression qu’il mise beaucoup sur son image de “gagnant”, mais la politique, c’est aussi l’art du compromis, un terrain où il n’a pas encore fait ses preuves.
Les Sondages : Un Duel Annoncé avec Grégory Doucet
Si Aulas n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature, les sondages le placent déjà en pole position. Une étude récente, réalisée par un institut indépendant, le crédite de 36 % des intentions de vote au premier tour, devant le maire sortant, Grégory Doucet, qui recueille 27 %. Ce dernier, soutenu par les écologistes, le PS et le PCF, fait face à une grogne croissante. Les critiques sur la propreté, la sécurité et les embouteillages à Lyon alimentent le mécontentement.
Les Lyonnais ont honte de ce qui se passe. La ville est sale, taguée. Il faut redonner à Lyon son honneur.
– Un proche d’Aulas
Ces chiffres sont prometteurs, mais rien n’est joué. Lyon est une ville politiquement complexe, où les électeurs peuvent se méfier des figures trop médiatiques. De plus, Aulas devra affronter d’autres candidats, comme Georges Képénékian, ancien maire centriste, qui critique son alliance avec LR. Ce dernier a ironisé sur le fait que cette alliance ressemble plus à une candidature portée par Wauquiez qu’à un projet indépendant.
- Premier tour : Aulas en tête avec 36 %, selon un sondage récent.
- Principal adversaire : Grégory Doucet, maire écologiste, à 27 %.
- Autres candidats : Képénékian (centriste) et potentiellement des figures de LFI ou du RN.
Ce qui m’interpelle, c’est la rapidité avec laquelle Aulas a su se positionner comme un favori. Mais attention : un sondage ne fait pas une élection. Les Lyonnais voteront pour un projet, pas seulement pour un nom.
Un Héritage Contesté : L’Ombre de Gérard Collomb
Impossible de parler d’Aulas sans évoquer Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon, décédé en 2023. Aulas, proche de cet homme politique influent, a repris le microparti Prendre un temps d’avance, fondé par Collomb pour sa campagne de 2020. Ce choix a suscité des tensions, notamment avec la veuve de Collomb, qui a publiquement demandé le retrait de l’agrément de ce parti pour éviter qu’il ne soit associé à la campagne d’Aulas.
Ce différend illustre les défis d’Aulas : s’appuyer sur l’héritage de Collomb tout en imposant sa propre vision. Collomb, figure centriste et pragmatique, avait su fédérer au-delà des clivages. Aulas, lui, doit prouver qu’il peut incarner cette même capacité à rassembler, tout en évitant de se laisser enfermer dans une case partisane.
Avec cette mise en scène, on dirait que c’est Wauquiez qui est candidat, pas Aulas.
– Un adversaire politique
Personnellement, je trouve que cette polémique autour du microparti est un peu exagérée. Aulas n’a pas besoin de l’étiquette Collomb pour exister, mais il doit être prudent : Lyon n’aime pas les luttes d’héritage trop visibles.
Les Défis d’une Campagne Ambitieuse
Si Aulas veut l’emporter, il devra répondre à plusieurs défis. D’abord, proposer un projet clair. Pour l’instant, ses déclarations restent générales : redonner à Lyon son “honneur”, améliorer la propreté, la sécurité, l’attractivité. Mais les Lyonnais attendent des propositions concrètes. Comment compte-t-il s’attaquer aux embouteillages ? Quelles mesures pour la sécurité, dans une ville marquée par des incidents récents ?
Ensuite, il devra séduire au-delà de son socle. S’il bénéficie d’une popularité indéniable (55 % des Lyonnais ont une bonne image de lui, selon un sondage), il doit convaincre les électeurs de gauche et du centre, qui pourraient se méfier de son alliance avec LR. Enfin, il devra gérer la pression médiatique. Aulas est habitué aux projecteurs, mais la politique est un terrain bien plus impitoyable que le football.
- Projet clair : Détailler des propositions concrètes pour Lyon.
- Rassemblement : Convaincre au-delà de la droite traditionnelle.
- Gestion médiatique : Faire face aux critiques et aux polémiques.
Je me demande parfois si Aulas mesure vraiment l’ampleur de la tâche. La mairie, ce n’est pas un stade. Mais son énergie et sa détermination pourraient faire des étincelles.
Lyon, une Ville à Reconquérir
Lyon, troisième ville de France, est un enjeu stratégique pour les municipales de 2026. Après un mandat marqué par des critiques sur la gestion écologiste, les Lyonnais semblent prêts pour un changement. Aulas, avec son image de bâtisseur, pourrait incarner cette alternance. Mais il devra faire face à une concurrence rude, notamment de la part de Doucet, qui défendra son bilan, et de candidats centristes ou d’extrême droite.
Ce qui rend cette élection fascinante, c’est le mélange d’enjeux locaux et nationaux. Avec la nouvelle loi PLM (Paris, Lyon, Marseille), les Lyonnais voteront non seulement pour leur mairie d’arrondissement, mais aussi pour le conseil municipal et la métropole. Aulas, s’il veut l’emporter, devra maîtriser ces trois niveaux de pouvoir, un défi complexe même pour un homme de son expérience.
Les Lyonnais veulent un projet, une direction, un cap pour leur ville.
– Un élu local écologiste
En tant que Lyonnais d’adoption, je peux dire que cette ville a une âme unique. Mais elle a aussi ses problèmes : embouteillages, insécurité, tensions sociales. Aulas a une carte à jouer s’il arrive à proposer une vision qui parle à tous, pas seulement aux supporters de l’OL.
Et Après ? Les Enjeux de 2026
À six mois des élections, la campagne s’annonce intense. Aulas a déjà marqué des points avec son alliance stratégique et sa popularité. Mais il devra éviter les faux pas. Ses critiques répétées contre la gestion actuelle, notamment sur les réseaux sociaux, ont donné le ton : il veut incarner le changement. Reste à savoir s’il saura transformer cette énergie en votes.
Pour l’instant, Aulas joue sur son image de gagnant, mais la politique est un sport d’équipe. Saura-t-il fédérer une équipe solide, équilibrée entre société civile et politiques aguerris ? Et surtout, arrivera-t-il à convaincre les Lyonnais qu’il est plus qu’un ancien président de club, mais un véritable leader municipal ?
Formule d’Aulas pour Lyon :
Vision + Rassemblement + Action = VictoireEn conclusion, l’entrée en politique de Jean-Michel Aulas est un pari audacieux. Il apporte une énergie nouvelle, mais aussi des questions. Peut-on vraiment diriger une ville comme un club de foot ? Les prochains mois seront cruciaux pour voir si Aulas peut transformer l’essai. Une chose est sûre : à Lyon, la bataille pour 2026 sera un match à ne pas manquer.
