Quand un ancien patron d’un club de foot décide de troquer les crampons pour les urnes, ça fait du bruit. À Nice, une ville où le ballon rond et la politique locale se disputent souvent la une, l’annonce a fait l’effet d’une petite bombe. Imaginez : un homme qui a dirigé l’OGC Nice pendant quatorze ans, un club porté par la ferveur de ses supporters, se lance soudain dans la course aux municipales. Pas n’importe comment, et pas avec n’importe qui. Ce revirement, aussi inattendu qu’un but dans les arrêts de jeu, soulève une question : peut-on vraiment passer du terrain à la mairie sans perdre l’équilibre ?
Un Virage Inattendu dans la Carrière de Rivère
Jean-Pierre Rivère, 68 ans, n’est pas un novice dans l’art de surprendre. Homme d’affaires aguerri, il a marqué de son empreinte l’OGC Nice, transformant le club en une place forte du football français. Mais en août dernier, après avoir quitté la présidence du club, il semblait prêt à tourner la page. Une vie plus calme, loin des projecteurs, avec de nouveaux projets personnels. Et puis, patatras ! Le voilà qui réapparaît, non pas sur un banc de touche, mais aux côtés d’Éric Ciotti, figure controversée de la droite française, pour briguer un rôle de premier adjoint lors des municipales de 2026 à Nice. Ce choix, aussi audacieux qu’un tacle glissé, a de quoi interpeller.
Pourquoi un homme qui se dit apolitique décide-t-il de plonger dans un univers aussi polarisé ? Selon des sources proches de l’intéressé, tout commence par une discussion informelle avec Ciotti. Une rencontre, des idées échangées, et une proposition qui germe : accompagner le député dans sa conquête de la mairie. Rivère, lui, insiste sur une vision pragmatique. Pas de politique politicienne, jure-t-il, mais une volonté d’appliquer son sens de l’entrepreneuriat à la gestion d’une ville. Une promesse qui sonne comme un slogan de campagne, mais qui soulève autant d’espoirs que de doutes.
Un Duo Explosif avec Éric Ciotti
Associer son nom à celui d’Éric Ciotti, président de l’UDR et soutenu par le Rassemblement national, n’est pas anodin. Ciotti, figure de l’extrême droite, est un habitué des joutes politiques musclées. Sa candidature à la mairie de Nice promet un affrontement frontal avec Christian Estrosi, l’actuel maire, connu pour son ancrage local et ses relations parfois tendues avec les franges les plus conservatrices de la droite. Rivère, en s’alignant avec Ciotti, entre dans une arène où les coups bas sont monnaie courante.
Je ne veux pas faire de la politique. Je souhaite faire de l’entrepreneuriat à l’échelle d’une ville.
– Jean-Pierre Rivère
Cette déclaration, lâchée lors d’une conférence de presse, résume l’état d’esprit de Rivère. Il se présente comme un homme libre, détaché des étiquettes partisanes. Mais dans une ville comme Nice, où les clivages politiques sont exacerbés, peut-on vraiment rester au-dessus de la mêlée ? J’ai toujours trouvé que les transitions entre le sport et la politique avaient quelque chose de fascinant. Elles révèlent souvent une ambition dévorante, mais aussi un risque : celui de perdre la confiance d’une partie de ceux qui vous soutenaient.
L’Atout des Supporters : Une Popularité à Double Tranchant
Si Rivère a choisi ce chemin, c’est aussi parce qu’il peut compter sur un atout de taille : sa popularité auprès des supporters de l’OGC Nice, et notamment des Ultras Populaire Sud. Ces derniers, fervents et influents, représentent une force non négligeable dans la cité niçoise. Leur soutien pourrait peser dans la balance, mais il comporte aussi des risques. Certains observateurs locaux s’interrogent : Rivère saura-t-il canaliser cette énergie sans se laisser déborder par les attentes parfois extrêmes des ultras ?
- Influence des supporters : Les ultras, avec leur ferveur, pourraient mobiliser une partie de l’électorat jeune.
- Risques d’image : Toute association avec des groupes parfois controversés peut nuire à sa crédibilité.
- Capital sympathie : Sa longue histoire avec l’OGC Nice lui confère une aura de proximité avec les Niçois.
Pour ma part, je trouve que cette carte des supporters est à la fois un coup de génie et une épée de Damoclès. Les ultras, c’est une passion brute, mais aussi une exigence constante. Rivère, habitué à gérer des vestiaires, saura-t-il naviguer dans cette mer agitée ?
Un Duel Annoncé avec Christian Estrosi
Face à Rivère et Ciotti, un adversaire de poids : Christian Estrosi, maire de Nice depuis 2008. Homme de réseaux, Estrosi a su tisser des liens solides avec les institutions locales, y compris avec l’OGC Nice du temps de Rivère. Leur collaboration, autrefois cordiale, appartient désormais au passé. Les premières salves ont déjà été tirées, avec des proches d’Estrosi dénonçant le ralliement de Rivère à un projet jugé “malsain”. Un élu local a même ironisé sur le timing de l’annonce, coïncidant avec une actualité nationale mouvementée.
Ce duel s’annonce comme un véritable choc des titans. D’un côté, Estrosi, maître de la communication et ancré dans le paysage niçois. De l’autre, Ciotti, porté par une droite dure, et Rivère, qui apporte une touche de nouveauté et une réputation d’efficacité. Qui l’emportera ? Difficile à dire, mais une chose est sûre : la campagne sera intense.
| Acteur | Atouts | Faiblesses |
| Jean-Pierre Rivère | Popularité auprès des supporters, expérience de gestion | Manque d’expérience politique, alliance controversée |
| Éric Ciotti | Notoriété nationale, soutien du RN | Image clivante, opposition farouche d’Estrosi |
| Christian Estrosi | Ancrage local, réseaux solides | Usure du pouvoir, critiques sur sa gestion |
Une Vision Entrepreneuriale pour Nice
Rivère ne manque pas d’idées pour séduire les électeurs. Lors de sa première prise de parole, il a évoqué une gestion plus innovante de la ville, avec un accent mis sur l’optimisation des ressources et la réduction de la dette municipale. “Nice a des atouts incroyables, mais ils sont sous-exploités”, a-t-il déclaré. Une approche qui rappelle ses années à la tête de l’OGC Nice, où il avait su redresser les finances du club tout en attirant des investisseurs de renom.
Mais gérer une ville, c’est une autre paire de manches. Les défis sont multiples : urbanisme, sécurité, tourisme, inégalités sociales. Rivère promet une campagne axée sur le rassemblement, mais ses détracteurs pointent du doigt son manque d’expérience dans le domaine public. Peut-on vraiment diriger une ville comme on manage un club de foot ? La question mérite d’être posée.
La proximité, ça ne s’achète pas. Rivère devra prouver qu’il comprend les Niçois au-delà des tribunes.
– Un élu local
Les Réactions : Entre Soutien et Scepticisme
L’annonce de Rivère a suscité des réactions contrastées. Du côté des supporters, certains y voient une chance de voir un homme de terrain s’attaquer aux problèmes de la ville. D’autres, en revanche, craignent que son image soit ternie par son association avec Ciotti. Sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent, oscillant entre admiration pour son audace et méfiance face à ses intentions. Un internaute a même noté, non sans ironie, que Rivère pourrait être tenté de “recruter” des électeurs comme il recrutait des joueurs.
- Enthousiasme : Certains Niçois saluent l’arrivée d’un visage nouveau dans un paysage politique figé.
- Méfiance : L’alliance avec le RN fait grincer des dents, même parmi les fans de l’OGC Nice.
- Attentisme : Beaucoup attendent de voir les propositions concrètes avant de se prononcer.
Personnellement, je trouve que ce mélange d’enthousiasme et de suspicion reflète bien l’état d’esprit d’une ville comme Nice. Les Niçois sont fiers, passionnés, mais ils ne donnent pas leur confiance à la légère. Rivère devra faire ses preuves, et vite.
Un Phénomène Plus Large : Le Sport dans la Politique
Le cas de Rivère n’est pas isolé. D’autres figures du sport ont déjà tenté l’aventure politique, avec des fortunes diverses. On pense à un certain président de club lyonnais, qui s’est lui aussi lancé dans la course à la mairie de sa ville, avec une approche similaire axée sur la gestion et l’innovation. Mais si le sport et la politique partagent une même exigence de leadership, les attentes des électeurs sont bien différentes de celles des supporters.
Ce qui frappe dans le parcours de Rivère, c’est sa volonté de se réinventer. À 68 ans, il aurait pu se contenter d’une retraite dorée. Au lieu de cela, il choisit de relever un défi aussi risqué qu’exaltant. Est-ce un coup de poker ou une stratégie mûrement réfléchie ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : à Nice, la campagne des municipales 2026 promet d’être un spectacle à ne pas manquer.
Et Après ? Les Enjeux de 2026
À un an des élections, la bataille pour Nice s’annonce comme un feuilleton à rebondissements. Rivère devra affiner son discours, clarifier ses ambitions et, surtout, convaincre les Niçois qu’il est plus qu’un ancien président de club. Ciotti, de son côté, mise sur ce tandem pour déstabiliser Estrosi et conquérir une ville qui reste un bastion stratégique pour la droite française.
Pour ma part, je ne peux m’empêcher de trouver ce pari fascinant. Rivère, c’est l’outsider qui arrive avec une énergie nouvelle, mais aussi avec un bagage qui pourrait peser lourd. Réussira-t-il à transformer l’essai ? Ou se brûlera-t-il les ailes dans un monde politique impitoyable ? Une chose est sûre : à Nice, le match ne fait que commencer.
