Quand un champion tombe, c’est tout un monde qui vacille. Imaginez un instant : les pentes enneigées des Alpes, l’éclat des médailles olympiques, l’adrénaline des descentes vertigineuses. Puis, soudain, une ombre s’étend sur ce décor. Un nom, celui d’un ancien vice-champion olympique de ski alpin, revient dans les gros titres, mais pas pour ses exploits sportifs. Joël Chenal, médaillé d’argent en 2006, est aujourd’hui au cœur d’un scandale qui secoue le milieu du ski français. Accusé de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle sur mineures, il a brisé le silence avec des mots lourds : « Ce que j’ai fait est délirant. » Mais que cache cette affaire ?
Le ski, sport de glisse et de gloire, n’échappe pas aux tourments qui traversent la société. L’affaire Chenal, révélée cet été, a jeté une lumière crue sur des comportements inacceptables dans un milieu où la confiance entre entraîneurs et athlètes est sacrée. Dans cet article, je vais plonger dans les détails de cette histoire, explorer ses ramifications, et tenter de comprendre comment un tel scandale a pu rester sous silence si longtemps. Accrochez-vous, ça va secouer.
Un Champion Sous les Projecteurs, pour les Mauvaises Raisons
Joël Chenal, 51 ans, n’est pas un inconnu dans le monde du ski. Vice-champion olympique de slalom géant aux Jeux de Turin en 2006, il a incarné pendant des années l’élite du sport français. Après avoir raccroché ses skis, il s’est reconverti en entraîneur, notamment au sein de la Fédération française de ski (FFS) de 2013 à 2017, où il a coaché l’équipe féminine. Un parcours en or, jusqu’à ce que des accusations graves viennent ternir cette image.
Depuis juillet 2025, une série de témoignages a émergé, mettant en cause Chenal pour des faits de harcèlement sexuel sur au moins douze jeunes femmes, toutes mineures au moment des faits. Ces révélations, portées par des enquêtes journalistiques approfondies, décrivent un mode opératoire récurrent : des contacts sur les réseaux sociaux, des messages flatteurs au départ, puis des dérives vers des échanges à caractère sexuel. Une plainte pour agression sexuelle a même été déposée, et une enquête judiciaire est en cours à Albertville, en Savoie.
Ce que j’ai fait est impardonnable. Je veux m’excuser pour tout le mal que j’ai causé.
– Joël Chenal, dans une interview récente
Ces mots, prononcés par Chenal, résonnent comme un aveu, mais ils soulèvent aussi des questions. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour parler ? Et comment un tel comportement a-t-il pu passer inaperçu dans un sport aussi structuré ?
Un Mode Opératoire Troublant
Les témoignages des victimes présumées dressent un tableau glaçant. Selon plusieurs récits, Chenal utilisait son statut de champion pour approcher de jeunes skieuses, souvent âgées de 11 à 17 ans. Les premiers échanges, via des plateformes comme Snapchat ou SMS, semblaient innocents : des conseils pour améliorer une descente, des encouragements. Mais rapidement, les conversations prenaient une tournure inappropriée. Photos explicites, demandes de vidéos intimes, propositions ambiguës : le champion se transformait en prédateur.
Une jeune femme, qui avait 13 ans à l’époque, raconte avoir été flattée qu’un médaillé olympique s’intéresse à elle. « C’était comme un rêve de gamine », confie-t-elle. Mais ce rêve s’est vite transformé en cauchemar lorsqu’elle a reçu des messages choquants. Une autre, âgée de 12 ans, décrit des demandes insistantes pour activer sa webcam ou visiter des sites inappropriés. Ces récits, aussi différents soient-ils, convergent vers un même sentiment : la peur.
- Prise de contact via réseaux sociaux, souvent sous prétexte de coaching.
- Messages à caractère sexuel envoyés à des mineures.
- Demande de photos ou vidéos intimes, parfois avec insistance.
- Exploitation du statut de champion pour gagner la confiance.
Ce qui frappe, c’est la répétition de ce schéma sur une période estimée à une dizaine d’années, entre 2005 et 2021. Comment un tel comportement a-t-il pu perdurer si longtemps sans conséquence majeure ?
Une Fédération dans la Tourmente
Le rôle de la Fédération française de ski dans cette affaire est au cœur des débats. Dès 2009, des signalements auraient été faits, suivis d’une enquête de gendarmerie classée sans suite. En 2015, une plainte a conduit à un simple rappel à la loi en 2016, sans que Chenal ne soit écarté de son poste d’entraîneur. Entre 2013 et 2017, il a même continué à coacher l’équipe féminine, un choix qui interroge aujourd’hui.
Certains témoignages suggèrent que des rumeurs circulaient dans le milieu du ski, notamment à La Rosière, la station savoyarde où Chenal était une figure quasi mythique. « Tout le monde savait », affirme une ancienne skieuse. Pourtant, les alertes lancées par des parents ou des collègues semblent avoir été ignorées. Pourquoi ? Était-ce un manque de vigilance ou une volonté de protéger une icône du sport ?
Nous avions des rumeurs, mais pas de preuves concrètes. On aurait dû agir plus fort.
– Une ancienne responsable du ski français
En 2017, Chenal est écarté de la FFS sans explication claire. Il rebondit dans le privé, créant sa propre structure, le Silver Ski Team, où il entraînait encore récemment des jeunes filles. Ce n’est qu’en juillet 2025, après de nouvelles révélations, que la FFS a suspendu temporairement Chenal et que le ministère des Sports a pris un arrêté d’urgence pour lui interdire d’exercer.
Les Excuses de Chenal : Sincérité ou Stratégie ?
Face à la tempête médiatique, Joël Chenal a choisi de s’exprimer. Dans une interview récente, il a reconnu avoir « fait du mal » et s’est excusé, tout en niant les accusations les plus graves, comme le viol ou les agressions physiques. Il évoque une période difficile de sa vie, marquée par des troubles personnels, et assure avoir entamé une thérapie depuis 2021. « J’ai compris trop tard la gravité de mes actes », dit-il.
Mais ces excuses laissent un goût amer. D’un côté, elles semblent montrer une prise de conscience. De l’autre, elles arrivent tardivement, après des années de silence et de récidives présumées. En tant que rédacteur, je ne peux m’empêcher de me demander : est-ce une tentative sincère de rédemption ou une stratégie pour limiter les dégâts ? Les victimes, elles, attendent surtout des réponses de la justice.
Un Problème Systémique dans le Sport ?
L’affaire Chenal n’est pas un cas isolé. Le sport de haut niveau, avec ses relations de pouvoir entre entraîneurs et athlètes, est un terrain fertile pour les abus. Les jeunes compétitrices, souvent isolées dans des environnements compétitifs, sont particulièrement vulnérables. Cette affaire rappelle d’autres scandales, comme ceux qui ont secoué la gymnastique ou le patinage artistique ces dernières années.
Ce qui choque, c’est le silence qui a entouré ces agissements. Combien de signaux ont été ignorés ? Combien de victimes ont eu peur de parler, craignant de ne pas être crues ou de compromettre leur carrière ? Le sport français doit se poser ces questions, et vite, surtout à l’approche des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes.
| Année | Événement | Conséquences |
| 2009 | Première enquête pour signalements | Classée sans suite |
| 2015 | Plainte pour harcèlement | Rappel à la loi en 2016 |
| 2017 | Éviction de la FFS | Chenal rejoint le privé |
| 2021 | Nouveau signalement | Éviction d’une structure privée |
| 2025 | Plainte pour agression sexuelle | Enquête judiciaire en cours |
Ce tableau résume une chronologie troublante. Chaque étape montre un manque de suivi ou de sanctions fermes, permettant à Chenal de continuer ses activités.
Les Victimes au Cœur du Débat
Les jeunes femmes qui ont témoigné montrent un courage immense. Parler, c’est briser un tabou, surtout dans un milieu où l’omerta règne souvent. Une victime, âgée de 17 ans en 2017, raconte avoir reçu une photo explicite de Chenal via Snapchat. « J’ai coupé net, mais ça m’a marquée », confie-t-elle. Une autre, plus jeune, parle de la panique ressentie face à des messages insistants.
Leur point commun ? La peur de ne pas être crues. Beaucoup ont gardé le silence pendant des années, par honte ou par crainte de représailles. Aujourd’hui, elles demandent justice, mais aussi des changements concrets pour protéger les futures générations d’athlètes.
- Parler sans crainte : Les fédérations doivent créer des canaux anonymes pour signaler les abus.
- Formation obligatoire : Sensibiliser entraîneurs et athlètes aux comportements inappropriés.
- Sanctions immédiates : Toute suspicion doit entraîner une suspension le temps de l’enquête.
Vers une Réforme du Ski Français ?
Le scandale Chenal pourrait être un tournant. La FFS, sous pression, a promis de se constituer partie civile dans l’enquête et de renforcer ses dispositifs contre les violences. Le ministère des Sports, de son côté, a réagi rapidement en retirant à Chenal sa carte d’éducateur sportif, l’empêchant d’entraîner. Mais est-ce suffisant ?
Pour beaucoup, il faut aller plus loin. Des programmes de sensibilisation, des contrôles stricts des entraîneurs, et une meilleure écoute des athlètes sont nécessaires. À l’heure où la France se prépare à accueillir les JO 2030, le ski français doit montrer l’exemple.
Le sport doit être un espace sûr pour tous, surtout pour les jeunes.
– Une experte en protection des athlètes
En tant que passionné de sport, je trouve cette affaire bouleversante. Le ski, c’est la liberté, l’effort, la beauté des montagnes. Mais c’est aussi un monde où la vigilance doit être constante. Les victimes méritent justice, et le sport mérite mieux.
Et Maintenant ?
L’enquête judiciaire suit son cours. Chenal, interdit d’exercer, attend d’être entendu par la justice. Les témoignages continuent d’affluer, et chaque nouvelle voix renforce la nécessité d’un changement systémique. Cette affaire, aussi douloureuse soit-elle, pourrait être le catalyseur d’une réforme dans le sport français.
Pour les victimes, le chemin vers la guérison sera long. Mais leur courage a déjà brisé le silence. Et si cette histoire nous apprend une chose, c’est que l’omerta n’a plus sa place dans le sport. Alors, que fera le ski français pour se relever ? La réponse, espérons-le, viendra vite.
En attendant, une question reste en suspens : combien d’autres affaires similaires dorment encore dans l’ombre ? Le sport, miroir de nos sociétés, doit se regarder en face. Et nous, en tant que spectateurs, devons exiger mieux.
