Il y a des moments dans le sport où tout bascule. Un instant où un athlète, jusqu’alors dans l’ombre, se révèle au monde entier. Vous souvenez-vous de ce jour où un jeune Danois, quasi inconnu, a défié le roi du Tour de France sur une montagne légendaire ? Ce jour-là, le 7 juillet 2021, Jonas Vingegaard a gravi le Mont Ventoux d’une manière qui a fait trembler le peloton et marqué un tournant dans sa carrière. Cet exploit, je l’ai suivi avec un mélange d’étonnement et d’admiration, comme si un outsider venait soudain réécrire les règles du jeu.
Ce n’était pas juste une étape du Tour. C’était une déclaration. Une ascension qui a transformé un coureur prometteur en un prétendant sérieux au maillot jaune. Aujourd’hui, alors que le peloton s’apprête à affronter à nouveau ce géant provençal, revenons sur ce moment où Vingegaard a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les plus grands.
Le Mont Ventoux : Un Géant aux Allures de Légende
Le Mont Ventoux, surnommé le Géant de Provence, n’est pas une simple montée. C’est un mythe, un monstre de pierre et de vent qui a brisé des rêves et forgé des légendes. Avec ses 21 kilomètres d’ascension depuis Bédoin, ses pentes à plus de 10 % par endroits et son paysage lunaire, il impose le respect. Pour moi, c’est presque un personnage à part entière, un juge impitoyable qui révèle la vérité sur chaque coureur. Qu’est-ce qui fait de ce mont un défi si unique ?
Un Terrain de Jeu Impitoyable
Le Ventoux, c’est d’abord une question de physique. Les coureurs doivent affronter des pentes raides, souvent sous une chaleur écrasante ou des bourrasques violentes. Mais c’est aussi un défi mental. La solitude de la montée, où chaque pédalée semble durer une éternité, peut faire craquer même les plus aguerris. En 2021, l’étape du Tour incluait une double ascension, d’abord par Sault, plus douce, puis par Bédoin, la voie royale, avant une descente vers Malaucène.
Le Ventoux, c’est comme un miroir : il te montre qui tu es vraiment, sans triche possible.
– Un ancien coureur professionnel
Cette double ascension, c’était une épreuve taillée pour les grimpeurs. Et pourtant, ce jour-là, ce n’est pas le favori attendu qui a brillé, mais un jeune Danois discret, encore dans l’ombre de son leader.
Jonas Vingegaard : L’Outsider Qui Devient Héros
En juillet 2021, Jonas Vingegaard n’était pas un nom qui faisait trembler le peloton. À 24 ans, il participait à son premier Tour de France, remplaçant au pied levé un coéquipier en difficulté. Son équipe, Visma-Lease a Bike, misait sur un autre leader, mais un abandon précoce avait laissé Vingegaard libre de jouer sa carte. Et quelle carte il a jouée !
Ce 7 juillet, alors que le peloton s’attaquait à la seconde ascension du Ventoux, Vingegaard a observé ses rivaux. Il a vu les signes de faiblesse, les visages crispés, les respirations saccadées. Et il a agi. À deux kilomètres du sommet, il a accéléré, sans panache, mais avec une détermination froide. Le maillot jaune, Tadej Pogacar, invincible jusque-là, a craqué. Un mètre, puis deux, puis un gouffre. Quarante secondes au sommet. Un exploit.
J’ai toujours trouvé fascinant comment un moment peut changer une carrière. Ce jour-là, Vingegaard n’a pas seulement distancé Pogacar. Il a pris conscience de son propre potentiel. Comme il l’a dit plus tard, c’est passé de « je ne peux pas le battre » à « je peux le faire ». Un déclic mental monumental.
Tadej Pogacar : L’Invincible Mis à l’Épreuve
Tadej Pogacar, à l’époque, semblait intouchable. Vainqueur du Tour 2020, il dominait l’édition 2021 avec une aisance déconcertante. Deux minutes d’avance sur son dauphin, cinq sur le reste du peloton : le Slovène était une machine. Mais le Ventoux a cette capacité unique à révéler les failles, même chez les géants.
Quand Vingegaard a attaqué, Pogacar n’a pas pu répondre. Son visage, habituellement impassible, trahissait la douleur. Ce n’était pas une défaillance totale – il a limité les dégâts dans la descente et terminé dans le même temps que les autres favoris – mais c’était une fissure dans son armure. Et pour Vingegaard, c’était une opportunité en or.
Pogacar est humain, après tout. Ce jour-là, on l’a vu plier, et ça a donné des idées à beaucoup.
– Un analyste du cyclisme
Ce moment a marqué un tournant. Pogacar, toujours fair-play, a félicité son rival à l’arrivée, prédisant un « futur très prometteur ». Mais pour Vingegaard, c’était plus qu’un compliment. C’était la confirmation qu’il pouvait jouer dans la cour des grands.
Un Déclic pour l’Équipe Visma
L’exploit de Vingegaard n’a pas seulement transformé sa propre vision de lui-même. Il a aussi changé la dynamique au sein de son équipe. Jusque-là, Visma-Lease a Bike misait sur d’autres leaders. Mais ce jour-là, les responsables ont vu en Vingegaard un potentiel de vainqueur. Comme l’a noté un membre de l’encadrement, « on a retrouvé un autre Jonas l’hiver suivant, convaincu qu’il pouvait surpasser un double vainqueur du Tour ».
Ce n’était pas qu’une question de physique. Oui, Vingegaard avait les jambes pour grimper parmi les meilleurs. Mais c’est son mental qui a fait la différence. Il a osé attaquer là où d’autres auraient hésité. Cette audace, c’est ce qui l’a propulsé vers le sommet, littéralement et figurativement.
Pourquoi le Ventoux Change Tout
Le Mont Ventoux n’est pas seulement une difficulté physique. C’est un révélateur. Pour les coureurs, c’est l’endroit où l’on découvre de quoi on est vraiment capable. Pour les spectateurs, c’est un théâtre où se jouent des drames humains. En 2021, Vingegaard a écrit son propre chapitre dans cette histoire. Mais qu’est-ce qui rend cette ascension si spéciale ?
- Conditions extrêmes : Chaleur, vent, pentes infernales. Tout est réuni pour pousser les coureurs à leurs limites.
- Symbolisme : Le Ventoux est une icône du cyclisme, associé à des moments historiques, des triomphes et des tragédies.
- Stratégie : La double ascension de 2021 a forcé les équipes à repenser leurs tactiques, offrant des opportunités aux audacieux.
Pour moi, le Ventoux, c’est un peu comme une métaphore de la vie. On grimpe, on souffre, on doute, mais parfois, au bout de l’effort, on trouve une force qu’on ignorait posséder. Vingegaard l’a compris ce jour-là.
L’Héritage de 2021 : Un Champion Est Né
L’exploit de Vingegaard sur le Ventoux n’a pas suffi à lui offrir la victoire en 2021. Pogacar a repris le contrôle et remporté le Tour. Mais pour le Danois, ce moment a été un catalyseur. L’année suivante, en 2022, il a dominé le Tour de France, s’appuyant sur une stratégie collective et une confiance forgée sur les pentes provençales. En 2023, il a récidivé, prouvant que son succès n’était pas un coup de chance.
Ce qui me frappe, c’est la trajectoire. Un coureur passe de l’anonymat à la lumière en une seule montée. C’est le genre d’histoire qui donne des frissons. Et si le Ventoux reste un défi redoutable, il est aussi une opportunité pour ceux qui osent.
2025 : Un Nouveau Rendez-Vous avec le Géant
Aujourd’hui, alors que le Tour de France 2025 s’apprête à revisiter le Mont Ventoux, les souvenirs de 2021 refont surface. Le profil de l’étape, avec un long plat avant l’ascension finale, est différent. Moins propice aux exploits solitaires, peut-être. Mais pour Vingegaard, ce retour est chargé d’émotion. « Cette montagne est spéciale pour moi », a-t-il confié. Et on le croit.
Pourtant, les défis sont nombreux. Pogacar, plus fort que jamais, semble hors d’atteinte. Et Vingegaard, malgré son palmarès, n’est pas en position de favori. Mais si le Ventoux nous a appris une chose, c’est que rien n’est jamais joué. Une attaque bien placée, un moment de faiblesse chez un rival, et tout peut basculer.
| Étape | Caractéristique | Impact |
| Double ascension 2021 | Sault puis Bédoin | Favorise les grimpeurs audacieux |
| Étape 2025 | Plat + ascension finale | Avantage aux équipes tactiques |
| Mont Ventoux | Pentes raides, vent | Révèle les vraies forces |
Ce tableau résume bien pourquoi le Ventoux reste un juge impitoyable. En 2025, les coureurs devront composer avec un profil différent, mais l’esprit de la montagne reste le même : seuls les plus forts survivent.
Le Mental : La Clé du Succès
Si j’ai appris une chose en suivant le cyclisme, c’est que les jambes ne suffisent pas. Le mental fait la différence. Vingegaard, en 2021, n’était pas forcément le plus fort physiquement. Mais il a cru en lui. Il a osé. Et c’est ce qui l’a distingué.
Les experts s’accordent à dire que cet aspect mental est souvent sous-estimé. Dans une course comme le Tour, où chaque jour apporte son lot de défis, la capacité à rester concentré, à saisir les opportunités, est cruciale. Vingegaard l’a prouvé sur le Ventoux, et il continue de le démontrer.
Le cyclisme, c’est 50 % de physique et 50 % de mental. Et parfois, le mental compte plus.
– Un entraîneur de haut niveau
Et Maintenant ?
Alors, que nous réserve le Ventoux en 2025 ? Vingegaard peut-il rééditer son exploit ? Ou Pogacar, fort de son expérience, écrasera-t-il la concurrence ? Une chose est sûre : cette montagne ne laisse personne indifférent. Elle a le pouvoir de révéler des champions, de briser des favoris, de créer des histoires.
Pour moi, l’aspect le plus excitant du cyclisme, c’est cette imprévisibilité. On peut analyser les braquets, les watts, les stratégies, mais au final, c’est l’humain qui décide. Et sur le Ventoux, cet humain est mis à nu. Vingegaard l’a compris il y a quatre ans. Reste à savoir s’il pourra à nouveau défier les lois de la gravité.
En attendant, une question demeure : qui sera le prochain à écrire son nom dans la légende du Mont Ventoux ? La réponse, on la découvrira bientôt, au détour d’une pente, sous le regard implacable du Géant de Provence.
