Imaginez une enfant de 11 ans, à peine plus haute qu’un club de golf, qui déclare sans trembler : « Je veux être numéro 1 mondiale. » Cette audace, c’est celle de Justine Lanne-Lewinski, une prodige du golf qui, à son âge, a déjà conquis un titre mondial U9 et rêve de dominer les greens planétaires. Son histoire, c’est celle d’une passion dévorante, d’une famille qui mise tout sur son talent, et d’un entraîneur légendaire qui voit en elle une future championne. Mais derrière ce rêve, il y a des sacrifices, des kilomètres parcourus, et une détermination qui force l’admiration. Comment une si jeune fille peut-elle déjà viser si haut ?
Une Étoile Montante sur les Greens
Justine Lanne-Lewinski n’est pas une enfant ordinaire. Née à Hyères, dans le Var, le 7 octobre 2014, elle a grandi dans un univers où le sport de haut niveau est une affaire de famille. Son père, Didier, ancien coach de tennis sur le circuit ATP et WTA, a accompagné des joueurs comme Arnaud Di Pasquale. Sa mère, Laurence, ancienne photographe, a tout quitté pour se consacrer à l’éducation et au rêve de leur fille unique. À 11 ans, Justine n’a pas seulement un swing prometteur : elle a une vision, une ambition qui dépasse son âge.
« Je veux devenir numéro 1 mondiale. C’est clair dans ma tête. »
– Justine Lanne-Lewinski
Cette phrase, prononcée avec une assurance désarmante, résume l’état d’esprit de cette préadolescente. À l’âge où beaucoup jouent encore sans penser à l’avenir, Justine s’entraîne avec la rigueur d’une professionnelle. Son palmarès parle pour elle : championne du monde U9 en 2023, numéro 1 française dans sa catégorie, et six victoires en Grand Prix U12. Mais ce n’est pas seulement son talent brut qui impressionne. C’est sa capacité à rester concentrée, à s’adapter à des environnements variés et à gérer la pression, comme lors de ce tournoi pluvieux en Irlande du Nord où elle a décroché son titre mondial.
Un Titre Mondial à 9 Ans : Le Début d’une Légende ?
Revenons deux ans en arrière, sur le parcours de Lough Erne, en Irlande du Nord. Sous une pluie battante, une fillette de 9 ans, lunettes sur le nez, défie des concurrentes internationales. Face à une Portugaise et une Danoise, Justine sort ce qu’elle appelle son « regard de tueuse ». Quatre coups d’avance plus tard, elle soulève un trophée presque aussi grand qu’elle, gravé des mots World Champion U9. Ce moment, capturé sur une photo qu’elle garde précieusement, marque le début de son ascension.
Ce n’était pas un coup de chance. Justine avait déjà commencé à golfer à cinq ans, lors d’un séjour à Bali. À six ans et demi, sur le parcours de Valcros, dans le Var, elle passe d’un index de 54 (niveau débutant) à 3.4 en seulement deux saisons. Ce genre de progression fulgurante est rare, même parmi les jeunes talents. Elle s’aligne aujourd’hui dans des compétitions comme l’Amundi Evian Kids Cup, une épreuve qu’elle rêve de remporter un jour chez les pros. Mais comment une si jeune athlète peut-elle gérer un tel niveau d’exigence ?
Une Famille au Service d’un Rêve
Derrière chaque prodige, il y a souvent une famille qui fait des choix radicaux. Pour Justine, ses parents ont tout misé sur son rêve. Laurence et Didier ont vendu leur appartement pour financer un tour du monde de deux ans, permettant à Justine de découvrir le golf dans des environnements aussi exotiques que Bali. Aujourd’hui, ils se posent huit semaines par an dans les Pyrénées-Atlantiques pour travailler avec un coach d’exception, Olivier Léglise. Le reste du temps ? Ils parcourent le monde pour les tournois et les entraînements, avec plus de 40 000 kilomètres parcourus l’an dernier.
Le coût de cette ambition est vertigineux. En 2024, la famille a dépensé plus de 37 000 €, dont 21 000 € pour l’hébergement et 6 400 € pour les transports. Le matériel de golf, qui doit être renouvelé régulièrement à mesure que Justine grandit, représente une dépense supplémentaire de 2 500 €. Avec peu d’aides financières – 700 € d’une association locale et 1 000 € d’une autre – les Lanne-Lewinski autofinancent 95 % de ce projet. Pour boucler une tournée aux États-Unis et un tournoi U14 au Portugal, ils ont même vendu un dernier bien immobilier.
Dépense | Montant (2024) |
Hébergement | 21 000 € |
Transports | 6 400 € |
Matériel | 2 500 € (prévision) |
Aides reçues | 1 700 € |
Ces chiffres donnent le tournis, mais ils reflètent une réalité : le sport de haut niveau, même à 11 ans, exige des sacrifices financiers et personnels. Laurence, qui assure l’éducation de Justine via des cours par correspondance, parle d’une vie « hors des sentiers battus ». Pas d’école classique, pas de routine ordinaire. Juste une famille unie autour d’un rêve.
Olivier Léglise : Le Mentor Derrière le Talent
Si Justine brille, c’est aussi grâce à son entraîneur, Olivier Léglise, une figure respectée du golf français. Surnommé The Church, cet ancien joueur du circuit européen (1979-1990) a formé des talents comme Grégory Bourdy, quadruple vainqueur sur le Tour Européen. Quand les Lanne-Lewinski l’ont approché, il a d’abord hésité. « J’avais peur que ce soit le projet de parents ambitieux plutôt que celui de Justine », confie-t-il. Mais après une rencontre, il change d’avis.
« Plus ça va, plus je sens qu’elle s’approprie ce projet de devenir une grande championne. »
– Olivier Léglise, entraîneur
Léglise a vu en Justine une enfant épanouie, avec des parents bienveillants mais novices dans le golf. Il a conçu pour elle un programme technique rigoureux, axé sur des bases solides pour éviter les erreurs classiques des jeunes joueurs. À Arcangues, où il a créé un centre dédié au petit jeu, il travaille sur la précision et la stratégie de Justine. « Elle a un potentiel énorme, mais il faut une structure professionnelle pour l’accompagner », insiste-t-il.
Une Vie de Globe-Trotteuse
Justine n’est pas seulement une golfeuse en herbe, c’est aussi une citoyenne du monde. Sa vie, rythmée par les tournois internationaux, l’a menée de Bali à l’Irlande, en passant par Cannes et le Portugal. Cette mobilité, elle l’embrasse avec enthousiasme. « J’aime changer d’environnement, je m’adapte », dit-elle avec un sourire. Cette capacité d’adaptation, rare à son âge, est l’un de ses atouts majeurs.
Mais cette vie de globe-trotteuse a un prix. Justine n’a jamais connu l’école traditionnelle. Sa mère, via le CNED, lui enseigne les bases académiques entre deux compétitions. Cette scolarité par correspondance, combinée à des entraînements intensifs, fait de Justine une enfant à part. Pourtant, elle reste une préadolescente joyeuse, qui noue des amitiés, comme avec Charlotte, la fille de la tenniswoman Tatjana Maria. Leur lien, forgé sur les circuits sportifs, montre que Justine reste connectée à une certaine normalité.
Les Défis d’un Rêve XXL
Devenir numéro 1 mondiale, c’est un objectif qui peut sembler irréel à 11 ans. Pourtant, Justine y croit dur comme fer. Et elle n’est pas seule. Son staff, qui compte désormais une demi-douzaine de consultants, inclut des préparateurs physiques, des coachs techniques et même des sponsors occasionnels. Mais les défis sont immenses. Outre les coûts financiers, il y a la pression psychologique, la fatigue des voyages et la nécessité de grandir dans un environnement aussi exigeant.
- Pression compétitive : affronter des adversaires plus âgées dans des tournois internationaux.
- Équilibre vie-sport : concilier entraînements, études et vie sociale.
- Financement : trouver des sponsors pour alléger le fardeau financier.
J’ai toujours trouvé fascinant de voir des jeunes talents naviguer dans un monde d’adultes avec autant de maturité. Justine, avec son « regard de tueuse » et son ambition démesurée, incarne cette nouvelle génération de sportifs qui ne se contentent pas de rêver : ils planifient, ils travaillent, ils sacrifient. Mais parfois, je me demande : à quel point une enfant peut-elle porter un tel projet sans perdre l’insouciance de son âge ?
Un Avenir à Construire
Justine Lanne-Lewinski n’est qu’au début de son chemin. À 11 ans, elle a déjà conquis des titres, impressionné des coachs et mobilisé une famille entière. Mais le golf est un sport impitoyable, où la longévité et la constance sont aussi importantes que le talent brut. Les exemples de prodiges qui s’éteignent trop vite ne manquent pas. Pourtant, quelque chose dans l’attitude de Justine – cette joie de vivre mêlée d’une détermination farouche – laisse penser qu’elle pourrait aller loin.
Les prochaines étapes ? Une tournée aux États-Unis, un tournoi U14 au Portugal, et peut-être, un jour, une victoire à l’Evian Championship. Pour l’instant, Justine continue de s’entraîner, de voyager, de rêver. Et si son parcours nous apprend une chose, c’est que l’ambition, même à 11 ans, peut déplacer des montagnes. Ou, dans son cas, des fairways.
Alors, jusqu’où ira Justine Lanne-Lewinski ? Seule l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : cette jeune golfeuse a déjà tout d’une grande. Et sur les greens, son nom risque de résonner encore longtemps.