Il y a des histoires qui vous prennent aux tripes dès la première ligne. Celle de Karim Braire en fait partie. Un homme qui s’est construit une légende de surfeur invincible, capable de défier les vagues les plus monstrueuses de la planète… et qui, des années plus tard, se retrouve en détention provisoire, accusé des pires sévices sur sa propre famille. Quand le masque tombe, c’est tout un univers de violence et de manipulation qui se révèle.
De la gloire médiatique à la cour criminelle
Retour en 2017. À l’époque, tout semble sourire à ce grand gaillard originaire d’Orléans. Son livre Zarma Sunset cartonne, il passe dans les grandes émissions, on le présente comme le gamin des quartiers devenu roi des vagues géantes. Les plateaux télé l’adorent, les journaux people aussi. Bref, le rêve français version océan.
Sauf que très vite, des voix s’élèvent dans le milieu du surf. Des pros qui connaissent vraiment les spots mythiques, qui ont vu les vraies déferlantes de 20 mètres. Et là, ça coince. Les dates ne collent pas, les photos paraissent truquées, les témoignages contredisent la version officielle. Petit à petit, la supercherie éclate. Un film sort malgré tout en 2019, mais le soufflé est retombé. Karim Braire n’est plus vraiment bankable.
Ce que peu de gens savent à l’époque, c’est que pendant qu’il jouait les héros des mers à la télé, une tout autre réalité se déroulait derrière les portes closes de son domicile.
Quatorze ans d’emprise totale
Quand on parle d’emprise, on imagine parfois des disputes, des crises de jalousie, des mots qui dépassent la pensée. Ici, on est très loin du compte. Les enquêteurs parlent d’une relation qui a duré quatorze années durant lesquelles sa compagne et leurs trois enfants auraient vécu sous une terreur permanente.
Les faits les plus graves se seraient produits entre 2016 et 2022, avec un pic de violence pendant la période Covid. Bloquée en France à cause des restrictions, la famille n’a pas pu rentrer au Maroc comme prévu. Et c’est là que tout aurait basculé dans l’horreur absolue.
Elle raconte avoir été séquestrée une semaine entière dans le sous-sol de la maison. Sans eau courante, sans aération, battue chaque nuit à coups de câble électrique. Elle pensait vraiment ne jamais en ressortir vivante.
Selon le récit recueilli par les avocats de la victime
Une semaine. Sept jours et sept nuits dans le noir, avec pour seule compagnie la douleur et la peur de mourir. Franchement, c’est à peine concevable.
Les enfants dans la tourmente
Et puis il y a les enfants. Trois petits, aujourd’hui âgés de 15, 10 et 4 ans. Eux aussi auraient subi, selon les accusations, des violences régulières. Coups de sandales, coups de câble dès qu’ils ne performaient pas assez en sport. Car papa voulait en faire des champions, coûte que coûte.
Des témoins racontent avoir vu ces gamins s’entraîner jusqu’au vomissement, parfois dès l’âge de 5 ou 6 ans. Une pression insensée, sous prétexte de “les endurcir”. J’ai du mal à imaginer ce que ça fait de grandir avec un père qui vous frappe parce que vous n’avez pas nagé assez vite ou surfé assez bien.
- Entraînements poussés à l’extrême dès le plus jeune âge
- Punitions corporelles pour mauvais résultats sportifs
- Utilisation régulière d’objets (sandales, câbles électriques)
- Climat de peur permanent au sein du foyer
On parle là d’enfants qui n’avaient même pas 10 ans pour les aînés à l’époque des faits les plus graves. C’est révoltant.
Un entourage qui craignait les représailles
Ce qui frappe aussi, c’est le nombre de personnes qui ont croisé la route de Karim Braire et qui décrivent le même schéma : un homme charmeur en public, menaçant dès qu’on le contredit. Des surfeurs qui ont osé dire que ses exploits étaient exagérés se sont retrouvés avec des intimidations physiques. Certains ont porté plainte, d’autres ont préféré se taire.
Il y a eu des condamnations par le passé pour violences et menaces de mort. Des voisins, des collègues, même une directrice d’école ont déposé des mains courantes au fil des années. Comme si tout le monde voyait, tout le monde savait… mais que personne n’osait vraiment agir avant que ça n’explose.
C’est souvent comme ça avec les profils manipulateurs : ils isolent leur victime, terrorisent leur entourage proche, et construisent autour d’eux un mur de silence.
La fuite et l’arrestation
L’élément déclencheur ? Cette fameuse semaine de séquestration. Profitant d’une absence de son conjoint, la mère parvient à s’enfuir avec les enfants jusqu’à Tanger. Un examen médical confirme les sévices, elle obtient un laissez-passer pour rentrer en France. Quelques semaines plus tard, il est interpellé au Pays basque alors qu’il tentait apparemment de la retrouver.
Depuis septembre 2022, il est en détention provisoire. Le procès devant la cour criminelle des Pyrénées-Atlantiques est prévu du 15 au 17 décembre prochain. Viols avec actes de torture et de barbarie, violences habituelles sur conjoint et sur mineurs de moins de 15 ans : les chefs d’accusation sont extrêmement lourds.
La défense nie tout en bloc
De son côté, Karim Braire conteste l’intégralité des faits. Il parle de complot, de personnes qui voudraient lui nuire à cause de son passé controversé dans le surf. Son avocat n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment.
Difficile de savoir ce qui ressortira du procès. Mais une chose est sûre : les témoignages, les certificats médicaux, les plaintes accumulées au fil des années forment un dossier particulièrement accablant.
Et maintenant ?
Cette affaire nous renvoie en pleine figure une réalité qu’on préfère souvent ignorer : derrière certaines figures publiques, même celles qui semblent les plus solaires, peuvent se cacher des monstres ordinaires. Le surf, les grosses vagues, les interviews enjouées… tout ça n’était peut-être qu’une façade pour cacher une violence inouïe.
Les enfants et leur mère tentent aujourd’hui de se reconstruire, loin de cet homme qui a détruit leur quotidien pendant tant d’années. Le procès de décembre sera une étape cruciale, pas seulement pour rendre justice, mais aussi pour que ce genre d’histoire ne reste plus jamais dans l’ombre.
Parce qu’au final, peu importe qu’on ait surfé ou non les plus grosses vagues du monde. Ce qui compte, c’est comment on traite ceux qui partagent notre vie. Et là, le verdict semble déjà tombé depuis longtemps dans le cœur de ceux qui ont vécu l’enfer à ses côtés.
(Article mis à jour le 28 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
