Vous êtes déjà monté dans un camping-car classique et vous avez eu cette petite pensée fugitive : « sympa, mais ça manque un peu… de tout » ? Moi oui. Et visiblement, un couple de Toulousains a eu exactement la même idée, sauf qu’ils sont passés directement à l’action. Résultat : un monstre de 26 tonnes baptisé Kodiak qui enterre définitivement le camping-car tel qu’on le connaît.
Quand deux voyageurs décident de tout repenser
Frédéric et Sophie, la soixantaine élégante, ont déjà un sacré palmarès : tour du monde en camping-car entre 2020 et 2021, Cap Nord, côte Est américaine, Balkans… À chaque fois le même constat : le véhicule standard montre vite ses limites dès qu’on sort des routes bitumées ou qu’on veut couper le cordon plus de quelques jours.
Alors en 2022, ils posent leurs valises, créent R Truck-France et se lancent dans un projet aussi fou que logique : construire le camion d’expédition ultime, autonome, luxueux et surtout fabriqué en France. Trois ans plus tard, le premier exemplaire est là. Et franchement, ça calme.
Des dimensions qui imposent le respect
Jugez plutôt :
- Longueur : 11 mètres (oui, c’est plus long qu’un bus articulé)
- Hauteur : 3,99 mètres (pile sous la limite des 4 m pour passer partout… ou presque)
- Poids total : 26 tonnes en ordre de marche
- Autonomie carburant : 2 500 km
- Réserve d’eau douce : 1 000 litres
- 6 roues motrices sur base Renault Trucks K (le même châssis que les camions de chantier extrême)
Autant dire que quand Frédéric fait le plein, il a le temps de discuter avec toute la station-service.
L’intérieur ? Un appartement qui roule
Oubliez les images d’Épinal du camping-car exigu. Ici on parle de 18 m² habitables aménagés avec un niveau de finition qui fait rougir certains lofts parisiens.
Dans le coin nuit, un vrai lit king size (160 x 200, pas de lit breton rabattable). La salle de bain offre une douche à l’italienne spacieuse et des toilettes sèches haut de gamme. Côté cuisine, c’est le grand jeu :
- Plaque à induction 4 feux
- Four multifonction
- Réfrigérateur-congélateur grande capacité
- Lave-vaisselle (oui, vous avez bien lu)
- Machine à café grains intégrée
- Robot multifonction
- Vaisselle aimantée pour zéro bruit en roulant
« On voulait que tout soit aussi confortable qu’à la maison, voire plus. Parce qu’en voyage longue durée, le confort, c’est la santé mentale. »
Sophie Millieret, co-créatrice du Kodiak
Tout est pilotable depuis un grand écran tactile central : chauffage, clim, gestion de l’eau, batterie lithium, production solaire… On est loin du tableau de bord à interrupteurs des camping-cars d’antan.
L’autonomie, la vraie
Ce qui impressionne le plus, c’est l’indépendance totale. Panneaux solaires haute performance, batterie énorme, réserves d’eau et de carburant gigantesques : le Kodiak peut tenir des semaines sans aucune infrastructure.
En clair, vous pouvez vous poser au milieu du désert marocain, de la steppe mongole ou sur une plage islandaise oubliée et vivre comme un roi pendant un mois sans bouger. C’est ça, la vraie liberté.
Un savoir-faire 100 % français
Près de 70 % des composants et de la fabrication viennent d’entreprises hexagonales, beaucoup en Occitanie. Carrosserie, cellule, mobilier, sellerie : tout est réalisé par des artisans et des PME locales. Un vrai pari industriel dans un secteur où la concurrence allemande ou slovène domine outrageusement le marché de l’expédition haut de gamme.
Et ça se voit : les finitions sont dingues, les assemblages parfaits, les matériaux nobles. On sent la passion et le souci du détail à chaque cm².
1,2 million d’euros : cher ou pas cher ?
Forcément, la question qui brûle les lèvres. À ce prix-là, on est clairement dans la catégorie « véhicule de collection roulant ». Mais quand on compare avec les concurrents étrangers (Unicat, Action Mobil, EarthRoamer…), le Kodiak se positionne plutôt bien, surtout avec son ADN français et son niveau d’équipement.
Et puis, quand on sait qu’un appartement de 100 m² à Paris dépasse souvent le million… certains se disent qu’un appartement qui traverse les continents, c’est peut-être pas si mal placé.
Et la suite ?
Le premier Kodiak est en vente depuis mi-novembre. Deux contacts sérieux déjà. Si la machine se lance, le couple envisage une petite série, voire des versions plus compactes (8-9 mètres) pour ceux qui trouvent 11 mètres un peu too much.
En attendant, Frédéric et Sophie préparent déjà leur prochain grand voyage. Cette fois, ce sera à bord de leur propre création. Et quelque part, on les envie un peu.
Parce qu’au fond, le Kodiak, ce n’est pas qu’un camion. C’est la preuve qu’on peut encore rêver en grand, fabriquer en France et transformer ses voyages en épopée. Et ça, ça n’a pas de prix.
Et vous, jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour la liberté absolue sur quatre (ou plutôt six) roues ?
