Quand j’ai appris la nouvelle, un pincement au cœur m’a saisi. Comment une institution aussi emblématique, un lieu qui a vu naître des générations et porté des combats pour les droits des femmes, pouvait-elle fermer ses portes ? La maternité des Lilas, située en Seine-Saint-Denis, tire sa révérence le 31 octobre 2025, après plus de six décennies d’existence. Ce n’est pas juste une fermeture administrative : c’est une page d’histoire qui se tourne, un symbole qui s’éteint.
Une Institution Pionnière au Cœur des Combats Féministes
Depuis sa création dans les années 1960, la maternité des Lilas s’est imposée comme bien plus qu’un simple établissement de santé. C’était un refuge, un espace où les femmes pouvaient accoucher dans le respect de leurs choix, un lieu où l’accouchement physiologique n’était pas qu’un concept médical, mais une philosophie. Les sages-femmes, médecins et psychologues y ont toujours défendu une approche humaine, loin des protocoles standardisés des grands hôpitaux.
La maternité des Lilas a toujours été un lieu où les femmes étaient écoutées, respectées, et où leurs droits étaient au centre de tout.
– Une ancienne patiente
Ce qui rend cette fermeture si douloureuse, c’est l’héritage qu’elle laisse derrière elle. Les Lilas, c’était un bastion de la lutte pour l’autonomie des femmes, un endroit où l’on pouvait choisir de donner naissance sans interventions inutiles, où l’on soutenait les patientes dans leur droit à l’interruption volontaire de grossesse. Alors, pourquoi tout s’arrête maintenant ?
Les Raisons d’une Fermeture Inéluctable
La nouvelle n’a surpris personne dans le milieu médical, mais elle n’en reste pas moins brutale. Selon des responsables du secteur, la maternité a perdu sa certification délivrée par les autorités sanitaires, un gage de qualité et de sécurité. Sans cette accréditation, impossible de continuer à fonctionner dans des conditions optimales. Mais ce n’est pas tout.
Le nerf de la guerre, c’est l’argent. L’établissement, bien qu’il soit un acteur privé d’intérêt collectif, peinait à équilibrer ses comptes. Les coûts d’exploitation, les salaires, les équipements : tout cela pèse lourd. Et quand les financements publics se tarissent, les structures comme celle-ci sont les premières à trinquer.
- Perte de la certification sanitaire, rendant l’activité risquée.
- Difficultés financières chroniques, avec un déficit impossible à combler.
- Non-renouvellement des autorisations d’activité à l’automne 2025.
Ce cocktail explosif a conduit à une décision sans appel : la maternité doit fermer. Mais derrière les chiffres et les rapports administratifs, il y a des gens. Des salariés, des patientes, des familles. Et c’est là que l’histoire devient vraiment humaine.
L’Impact sur les Salariés : Une Incertitude Douloureuse
Pour les 75 employés en CDI et leurs collègues en CDD, la nouvelle est un choc. Imaginez-vous travailler dans un lieu où vous avez donné des années de votre vie, où vous avez accompagné des milliers de naissances, et apprendre du jour au lendemain que tout s’arrête. Pas de date précise pour les licenciements, pas de certitude sur les indemnités. Juste une attente, pesante, presque suffocante.
On est en apnée, on continue à travailler pour nos patientes, mais on ne sait pas de quoi demain sera fait.
– Une psychologue de l’établissement
Le personnel, composé de sages-femmes, de médecins, d’infirmiers et de psychologues, doit gérer cette transition tout en continuant à accompagner les patientes jusqu’au dernier jour. Les interruptions volontaires de grossesse seront assurées jusqu’au 31 octobre, mais après ? Les salariés espèrent que l’Assurance de Garantie des Salaires prendra en charge leurs indemnités, mais rien n’est garanti pour l’instant.
Ce qui frappe, c’est leur résilience. Malgré l’incertitude, ils organisent une marche silencieuse le 30 octobre, ouverte au public, pour rendre hommage à leur lieu de travail. Une soirée suivra dans un gymnase local, où anciens et actuels employés partageront leurs souvenirs. Un livre d’or sera même mis à disposition des patientes pour recueillir leurs témoignages. Franchement, ça donne des frissons de voir une telle communauté se mobiliser.
Un Héritage Féministe et Social Inestimable
Si la maternité des Lilas ferme, son impact perdurera. Pendant plus de 60 ans, elle a incarné une vision progressiste de la santé maternelle. Elle a été un pionnier dans la promotion de l’accouchement naturel, une pratique qui privilégie l’écoute du corps de la femme plutôt que les interventions médicales systématiques. À une époque où les hôpitaux standardisés imposaient des protocoles rigides, les Lilas offraient une alternative.
Ce n’est pas tout. L’établissement a aussi joué un rôle clé dans la lutte pour le droit à l’avortement. Dans les années 1970, alors que ce droit était encore fragile, la maternité était un espace où les femmes pouvaient être accompagnées sans jugement. Cet engagement a fait des Lilas un symbole, bien au-delà de la Seine-Saint-Denis.
| Aspect | Contribution des Lilas | Impact |
| Accouchement physiologique | Approche respectueuse du corps | Modèle pour d’autres maternités |
| Droits des femmes | Soutien à l’avortement et à l’autonomie | Avancées sociales majeures |
| Communauté | Création d’un lien fort avec les patientes | Héritage émotionnel durable |
En repensant à tout ça, je me demande : qu’est-ce qui remplacera cet espace unique ? Y aura-t-il encore des lieux où les femmes pourront accoucher en toute liberté, où leurs choix seront respectés ?
Les Patient(e)s : Un Vide à Combler
Pour les futures mères de la région, la fermeture est un coup dur. La maternité des Lilas n’était pas seulement un lieu d’accouchement, c’était un espace de confiance. Beaucoup de femmes y venaient pour l’approche personnalisée, pour le sentiment d’être entendues. Maintenant, elles devront se tourner vers d’autres établissements, souvent plus grands, plus impersonnels.
Dans une région comme la Seine-Saint-Denis, où les inégalités sociales sont marquées, la disparition d’un tel lieu pose question. Les structures publiques sont déjà sous pression, avec des délais d’attente parfois longs et des équipes débordées. Les patientes des Lilas devront-elles se résigner à un suivi moins humain ? C’est une question qui mérite d’être posée.
Je ne sais pas où je vais accoucher maintenant. Ici, je me sentais en sécurité, comprise.
– Une future mère de la région
Ce qui me frappe, c’est le contraste entre l’idéal porté par la maternité et la réalité brutale du système de santé actuel. On parle beaucoup d’améliorer l’accès aux soins, mais quand une structure comme celle-ci ferme, on fait un pas en arrière.
Et Après ? Les Défis du Système de Santé
La fermeture des Lilas n’est pas un cas isolé. Partout en France, des maternités, des cliniques et des centres de santé luttent pour survivre. Les raisons sont souvent les mêmes : manque de financement, normes de plus en plus strictes, et une pression croissante sur les équipes médicales. Mais ce qui se joue ici, c’est aussi une question de priorités.
Si une maternité comme celle des Lilas, avec son histoire et son impact, ne peut pas être sauvée, qu’est-ce que ça dit de notre système ? Faut-il accepter que les petites structures disparaissent au profit de grands centres hospitaliers ? Ou devrait-on repenser la façon dont on finance et soutient ces lieux uniques ?
- Renforcer le financement des structures de santé à taille humaine.
- Simplifier les démarches pour obtenir ou renouveler les certifications.
- Impliquer les communautés locales dans la préservation de ces lieux.
Personnellement, je trouve qu’on perd quelque chose d’essentiel quand on laisse fermer des endroits comme celui-ci. Ce n’est pas juste une question de soins, c’est une question de valeurs. Les Lilas, c’était un lieu où l’on croyait encore en une médecine à visage humain.
Un Adieu, mais Pas un Oubli
Le 30 octobre, la marche silencieuse organisée par le personnel sera plus qu’un simple événement. Ce sera un moment pour dire au revoir, pour se souvenir, pour honorer. Les témoignages qui seront partagés ce soir-là, dans le gymnase Mahsa Amini, resteront comme une trace de ce que la maternité a représenté.
Et puis, il y a ce livre d’or, ouvert du 18 au 29 octobre. Une idée simple, mais tellement puissante. Les patientes pourront y laisser leurs mots, leurs souvenirs, leurs remerciements. C’est une façon de clore ce chapitre avec dignité, de montrer que, même si les portes ferment, l’histoire des Lilas continuera à vivre dans les mémoires.
Les Lilas, c’est une partie de nous. On n’oubliera jamais ce qu’on a vécu ici.
– Une sage-femme de l’équipe
En écrivant cet article, j’ai repensé à toutes ces histoires de naissances, de luttes, de victoires. La maternité des Lilas n’était pas parfaite, mais elle était unique. Et si sa fermeture nous pousse à réfléchir à ce qu’on veut pour l’avenir de la santé maternelle, alors peut-être que son héritage ne sera pas perdu.
Et vous, que pensez-vous de cette fermeture ? Y a-t-il des lieux comme celui-ci près de chez vous, des endroits qui mériteraient d’être protégés ? L’histoire des Lilas nous rappelle une chose : rien n’est jamais acquis, et il faut se battre pour ce qui compte.
