Vous êtes tranquillement installé devant votre écran, la France mène 6-2 5-4 ou presque, tout roule, et puis… bam. Un éclair de pure démence. Corentin Moutet décide que non, une volée classique c’est trop banal pour un mec comme lui. Il faut que ça passe entre les jambes, en aveugle, sur un point ultra-important en Coupe Davis. Et évidemment, ça foire. On a tous lâché un « mais qu’est-ce qu’il fait ?! » au même moment. Ce moment-là, on va en parler longtemps.
Le geste qui a fait basculer un quart de finale
Reprenons depuis le début, calmement. Quart de finale France-Belgique à Bologne, mardi 18 novembre 2025. Corentin Moutet affronte Raphaël Collignon, un gars solide mais clairement pas au niveau qu’affiche le Français ce jour-là. Premier set plié 6-2, deuxième set bien en main, 5-5 vient de passer, on est à 15-A pour Moutet sur son service. En gros : un point à tenir et il sert pour le match.
Collignon balance une balle flottante au filet. Moutet monte, se retrouve en position idéale pour claquer une volée gagnante toute bête. L’adversaire a déjà tourné le dos, convaincu que le point est fini. Et là… au lieu de faire simple, Coco choisit la version street tennis version 3000. Demi-volée entre les jambes, dos au filet. Le genre de coup qu’on tente à l’entraînement quand on s’ennuie ou en exhib pour faire rire la galerie.
La balle meurt misérablement dans le couloir. 15-15. Le public pousse un « ooooooh » de surprise. Collignon, lui, se retourne, voit le cadeau, sourit presque. Et à partir de là, tout change.
« J’essaie de jouer de manière assez spontanée, et malheureusement c’est ça qui est venu de manière spontanée. J’aurais aimé faire quelque chose de plus simple… »
Corentin Moutet, quelques minutes après le match
Un tournant psychologique brutal
Ce point, ce n’est pas juste une erreur technique. C’est un uppercut mental que Moutet se donne tout seul. Parce qu’après, même s’il se bat encore, on sent que quelque chose s’est cassé. Collignon, qui était en train de couler, reprend soudain confiance. Il commence à servir comme un canon, ne lâche presque plus un jeu. Le troisième set file à toute vitesse vers la Belgique.
Et le pire ? Tout le monde a vu le geste. Les coéquipiers sur le banc, le capitaine, les supporters, les réseaux sociaux qui s’enflamment en direct. Difficile de faire plus exposé.
- Avant le coup fou : Moutet domine totalement, Collignon dépassé
- Après le coup fou : Collignon gagne 28 des 29 derniers points sur son service
- Résultat : 6-2 5-7 4-6 en 2h17, France dos au mur
Moutet, cet ovni du tennis français
Il faut dire que ça ne sort pas de nulle part. Corentin, c’est le gars capable du meilleur comme du pire. Un toucher de balle hallucinant, une créativité folle, mais parfois ce sentiment qu’il se sabote tout seul. On se souvient de ses tweener gagnants magnifiques, de ses passings de génie… et aussi de ses sautes de concentration légendaires.
En 2025, pourtant, il semblait avoir passé un cap. Plus mature, plus constant, de gros résultats en fin de saison. Et puis arrive ce quart de Coupe Davis, l’émotion du maillot bleu, la pression collective… et paf, le vieux démon resurgit.
À chaud, il est lucide, presque touchant :
« Je me sens comme un clown. Je regrette énormément d’avoir fait ce coup-là. J’espère que mes coéquipiers ne m’en voudront pas trop. »
Franchement, on a de la peine pour lui. Parce qu’on sait qu’il est sincère. Et parce qu’on sait aussi qu’il va porter ça longtemps.
Les réactions : entre colère et compréhension
Dans le monde du tennis, ça a chauffé sec. Des anciens joueurs n’ont pas mâché leurs mots. L’un d’eux, présent dans les tribunes, a carrément parlé d’un geste « inadmissible » en équipe nationale. Un capitaine adverse (belge, forcément) a été encore plus cash : il a dit qu’il aurait « pété la gueule » à un de ses joueurs s’il avait osé ça.
Mais il y a aussi ceux qui défendent le personnage. Parce que Moutet, sans ce grain de folie, ne serait pas Moutet. C’est justement cette audace qui le rend parfois injouable. Le problème, c’est le contexte. En individuel, à 40-0 sur un Challenger, pourquoi pas. Mais en Coupe Davis, à 15-A dans le deuxième set d’un quart… non.
Et si ce n’était pas QUE sa faute ?
On pointe beaucoup du doigt Moutet – et il le mérite en partie – mais regardons aussi l’ensemble. La France arrive avec une équipe diminuée, sans ses tous meilleurs éléments au top. La fatigue de fin de saison se fait sentir. La Belgique, elle, est fraîche, motivée, joue sans pression. Collignon sort le match de sa vie. Tout ça joue.
Ce coup raté devient le symbole parfait d’une campagne qui part en fumée, mais il n’explique pas tout. Rinderknech perd ensuite, la France rentre bredouille. Triste fin pour une génération qui porte pourtant de beaux espoirs.
Que retenir de tout ça ?
Au-delà du meme qui va tourner en boucle sur les réseaux (et croyez-moi, il tourne déjà), il y a une vraie question de fond : jusqu’où peut-on laisser s’exprimer sa personnalité quand on porte un maillot national ? Le tennis reste un sport individuel greffé sur une compétition par équipes. Le dosage est infernal.
Moutet va grandir encore avec ça. Il a 26 ans, du talent à revendre, et cette claque – aussi violente soit-elle – fait partie du parcours. On l’a vu rebondir après bien pire. Et quelque part, c’est aussi ça qu’on aime chez lui : il ne triche jamais, même quand ça fait mal.
Quant à la Coupe Davis, elle reste cette compétition magnifique et cruelle qui vous met les nerfs à vif comme aucune autre. Un seul point peut tout faire basculer. Mardi à Bologne, on en a eu la preuve éclatante.
Allez Coco, relève la tête. Le public français t’en veut cinq minutes, mais on sait tous que tu nous feras encore rêver. Juste… la prochaine fois, la volée classique, ça ira très bien.
