Imaginez-vous bosser seize ans dans la même boîte, gravir tous les échelons, être à deux doigts du Graal… et du jour au lendemain, recevoir une lettre qui vous raye de la carte pour un bout de tissu coloré posé sur votre bureau. C’est exactement ce qui est arrivé à un employé du FBI il y a quelques semaines. Et pas n’importe quel bout de tissu : un drapeau arc-en-ciel.
Quand j’ai lu ça, franchement, j’ai eu un haut-le-cœur. Pas parce que je milite particulièrement, mais parce que ça sent la purge à plein nez. On parle quand même du FBI, pas d’une petite entreprise familiale. Alors, vengeance politique ou simple retour à la « neutralité » ? Allons voir ça de plus près.
Un drapeau qui coûte une carrière
David Maltinsky – appelons-le comme ça, puisque son nom circule partout – était à quelques semaines de devenir agent spécial titulaire. Seize années de service, des évaluations au top, une formation ultra-exigeante presque terminée. Et puis paf. Une lettre signée du grand patron lui annonce qu’il est viré pour « affichage inapproprié d’un symbole politique » dans son espace de travail.
Le symbole en question ? Un petit drapeau LGBT+ qu’il avait reçu… de la part de ses propres supérieurs, quelques années plus tôt, en remerciement de son engagement pour « rendre l’institution plus inclusive ». Oui, vous avez bien lu : offert par le FBI lui-même.
« Je n’ai même pas été surpris. Je savais que j’étais sur la liste. »
Ses propres mots, prononcés les yeux dans les yeux à la presse
Le contexte : une nouvelle direction, un nouveau ton
Depuis le retour au pouvoir, la ligne est claire : fini ce que certains appellent le « wokisme » dans les administrations fédérales. Les programmes diversité, les formations sur l’inclusion, les pronoms dans les signatures mail… tout y passe. Et le FBI, bastion historique de conservatisme, n’échappe évidemment pas à la vague.
Le nouveau directeur, un fidèle parmi les fidèles, traîne déjà une réputation sulfureuse. On l’accuse – ouvertement – de nettoyer les rangs de tous ceux qui ont un jour touché, même de loin, aux dossiers sensibles impliquant l’actuel président. Et là, manifestement, la chasse s’élargit.
Ce n’est pas seulement une histoire de drapeau. C’est une histoire de climat. Des agents qui retirent discrètement les photos de famille de leur bureau. D’autres qui suppriment leurs profils perso de peur qu’on y trouve trace d’une orientation ou d’une opinion « déviante ». On se croirait presque dans un mauvais thriller, sauf que c’est la réalité.
Liberté d’expression ou neutralité obligatoire ?
La grande question, évidemment, c’est : jusqu’où un fonctionnaire fédéral a-t-il le droit d’exprimer ses convictions personnelles sur son lieu de travail ?
- Un pin’s « Black Lives Matter » ? Déjà vu passer à la trappe dans d’autres agences.
- Une croix discrète autour du cou ? Ça passe crème, curieusement.
- Un autocollant « Make America Great Again » sur une gourde ? Apparemment aucun problème non plus.
Il y a clairement deux poids, deux mesures. Et c’est ça qui rend l’affaire explosive. Parce que si demain on vous vire pour un drapeau arc-en-ciel offert par votre hiérarchie, qu’est-ce qui empêche de virer quelqu’un pour un verset biblique encadré ou une photo de mariage gay ? La porte est grande ouverte.
Les précédents qui font froid dans le dos
On a déjà vu des agents mis sur la touche pour avoir osé critiquer publiquement certaines décisions politiques. D’autres ont été mutés dans des coins perdus après avoir travaillé sur des enquêtes… disons, gênantes pour le pouvoir en place.
Mais là, on passe un cap. On ne parle plus de tweets maladroits ou de prises de position publiques. On parle d’un objet décoratif de 10 centimètres de long. C’est du jamais vu.
« On a tous eu peur qu’ils établissent une liste pour se débarrasser des indésirables. »
Et le pire ? Il semble qu’il avait raison. Des bruits de couloir parlent déjà d’autres cas similaires. Des agents qui reçoivent des mails bizarres, des entretiens « informels » qui sentent la menace. Rien d’officiel, bien sûr. Juste assez pour que tout le monde comprenne le message.
Et maintenant ?
L’intéressé a porté plainte. Il demande sa réintégration immédiate et invoque le Premier Amendement – la liberté d’expression, rien que ça. Le dossier est entre les mains d’un tribunal fédéral à Washington. Autant dire que ça va faire du bruit.
Parce que si le juge lui donne raison, c’est tout le château de cartes qui risque de s’écrouler. Des dizaines, peut-être des centaines d’autres employés pourraient alors sortir du bois. Et là, bonjour l’addition politique.
À l’inverse, si la justice valide le licenciement… eh bien disons simplement que le signal envoyé sera limpide. Vous êtes fonctionnaire ? Gardez vos opinions, vos orientations, vos croyances pour vous. Le bureau doit rester neutre. Version 2025 du neutre, évidemment.
Ce que ça nous dit de l’Amérique d’aujourd’hui
Personnellement, je trouve ça fascinant – et terrifiant à la fois. On assiste en direct à la redéfinition des lignes rouges. Ce qui était toléré, voire encouragé il y a cinq ans, devient soudain un motif de radiation.
Et pendant ce temps, les mêmes qui hurlent au complot « deep state » n’hésitent pas à transformer le FBI en machine politique. L’ironie est savoureuse.
On nous avait promis de « drainer le marais ». On dirait plutôt qu’on le remplit avec une nouvelle eau, bien idéologiquement pure celle-là.
Alors oui, un drapeau arc-en-ciel, ce n’est pas grand-chose. Mais parfois, c’est justement sur les petites choses que tout bascule. Aujourd’hui un bout de tissu, demain quoi ? Un livre sur une étagère ? Une chanson dans une playlist ? Une photo de vacances avec son conjoint ?
L’histoire est en train de s’écrire sous nos yeux. Et quelque part, j’ai l’impression qu’on vient de tourner une page qu’on regrettera peut-être plus tard.
À suivre, évidemment. Très attentivement.
