Dimanche soir, sous une pluie fine qui rendait la pelouse du Stade Pierre-Mauroy presque aussi glissante que les espoirs parisiens, on a assisté à un scénario que personne n’avait vraiment vu venir. Enfin si, peut-être ceux qui croient encore que Olivier Giroud n’est jamais vraiment fini. Deux buts, un pénalty provoqué et transformé, une présence de patron : l’ancien Gunner a décidé de rappeler à tout le monde pourquoi il reste, à 39 ans, une valeur sûre en Ligue 1.
Et pourtant, pendant quarante-cinq minutes, c’est bien le Paris FC qui a fait illusion. Un promu courageux, parfois maladroit, mais qui a cru pouvoir ramener quelque chose du Nord. Jusqu’à ce que le vieux lion sorte les griffes.
Un début de match qui sentait le hold-up parisien
Stéphane Gilli avait décidé de secouer son onze. Exit Maxime Lopez ménagé, bonjour Vincent Marchetti au cœur du jeu. Et dès la 11e minute, le Corse justifie le pari : une frappe puissante de loin, poteau rentrant, et Willem Geubbels, bien placé, pousse le ballon au fond. 0-1. Le stade gronde, les supporters lillois retiennent leur souffle.
Geubbels qui retrouve le chemin des filets après Brest fin août, ça fait du bien aux comptes du Paris FC. L’attaquant recruté neuf millions n’avait plus marqué depuis une éternité. Ce but, c’est un peu le symbole d’une équipe qui veut croire encore à son rêve fou : le top 10 pour la première fois de la saison.
En face, Lille peine à trouver ses repères. Jonathan David est muselé, les milieux peinent à accélérer. On sent Bruno Genesio sur le banc qui commence à froncer les sourcils.
Kevin Trapp, le mur qui a tenu… un temps
Autre choix fort de Gilli : remettre Kevin Trapp titulaire. L’ancien Parisien, prêté puis acheté définitivement, avait été mis sur le banc ces dernières semaines. Et il a justifié la confiance dès son retour.
42e minute : centre ras de terre de Correia, Giroud reprend du gauche à bout portant. Trapp sort un arrêt réflexe poitrine absolument incroyable. Le genre de parade qui fait lever le banc parisien. Quelques minutes plus tard, nouvelle alerte, nouvelle parade. On se dit alors que ça peut tenir.
Sur le moment, on pensait vraiment que c’était LE match où on allait chercher quelque chose. Kevin nous maintenait dedans. Et puis… il y a eu ce pénalty.
Un joueur du Paris FC, sous couvert d’anonymat
Le réveil du géant Giroud
Mais le football est cruel. Juste avant la pause, sur un ballon anodin, Giroud se joue de la défense et ajuste Trapp d’un plat du pied sécurisé. 1-1. Premier but depuis trois mois. Le Stade Pierre-Mauroy explose, comme libéré.
En seconde période, c’est une tout autre équipe lilloise qu’on voit. Plus haute, plus agressive, plus précise. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 17 tirs dont 10 cadrés contre seulement 6 tirs (3 cadrés) côté Paris FC. Une domination sans partage.
- 60e : tête de Mbemba, nouvelle parade de Trapp sur sa ligne
- 77e : pénalty obtenu par Giroud, pénalty transformé par Giroud (2-1)
- 80e : centre de Zhegrova, Mandi coupe mal et marque contre son camp (3-1)
- 84e : réduction de l’écart par Lohann Doucet, espoir fugace
- 90+6 : second pénalty, cette fois transformé par David (4-2)
Entre les deux, Pierre Lees-Melou sort blessé, le Paris FC perd son poumon au milieu. Le symbole d’une soirée où tout a tourné du mauvais côté.
Paris FC : la réalité du promu rattrapé
12e avec 14 points, seulement trois longueurs d’avance sur le barragiste Metz. Le rêve européen s’éloigne, la peur de la zone rouge revient. On le sentait venir depuis quelques semaines : la dynamique n’était plus la même.
Le calendrier ne va rien arranger : réception d’Auxerre samedi prochain, puis un enchaînement compliqué. Si Paris FC ne prend pas les trois points à Jean-Bouin, l’alerte va devenir rouge vif.
Et pourtant, il y a des raisons d’y croire encore. Cette équipe a du caractère, elle l’a montré à Brest, à Monaco en début de saison. Mais face à une équipe de Lille en pleine confiance, ça n’a pas suffi.
Lille 4e : le LOSC version Genesio prend forme
Quatrième, à égalité de points avec Lens, à cinq longueurs de l’OM. Personne ne l’avait vu venir en début de saison, surtout après un mercato plutôt discret. Mais Bruno Genesio a su construire quelque chose.
Le retour en forme de Giroud change tout. Quand le meilleur buteur de l’histoire des Bleus se met à marquer, ça libère tout le monde. Jonathan David, plus en retrait ce soir, va pouvoir se concentrer sur son rôle de finisseur sans porter tout le poids offensif.
Et puis il y a cette solidité collective retrouvée. Même quand ça tremble, les Dogues ne paniquent plus. Ils poussent, ils insistent, ils finissent par marquer. C’est la marque des équipes qui jouent quelque chose en fin de saison.
Le moment où tout a basculé : ce fameux pénalty
Revenons à la 77e minute. Contact entre Moustapha Mbow et Giroud dans la surface. L’arbitre désigne le point de pénalty sans hésiter. Trapp part à droite, Giroud frappe à droite. 2-1.
Sur le banc parisien, Stéphane Gilli lève les bras au ciel. Pas de contestation possible, mais tellement de frustration. Ce pénalty, c’est le tournant. Après, tout s’écroule : le c.s.c. de Mandi, le but de Doucet trop tardif, le second pénalty en toute fin de match.
Le football, parfois, se joue sur un geste, une décision, un rien.
Et maintenant ?
Pour Lille, c’est la confirmation qu’il faudra compter sur eux. Prochain gros test : le déplacement à Marseille dans deux semaines. Un choc qui pourrait déjà sentir la poudre pour la course au podium.
Pour Paris FC, c’est l’urgence. Recevoir Auxerre devient une finale. Perdre des points à domicile maintenant serait dramatique. On a vu trop de promus se brûler les ailes après un bon début de saison.
Moi, j’ai envie d’y croire encore pour eux. Parce qu’une équipe qui met autant de cœur, qui joue sans peur, mérite de se maintenir. Mais le football ne récompense pas toujours les bons sentiments.
Une chose est sûre : ce dimanche soir à Lille, on a vu du football. Du vrai. Avec des rebondissements, des héros, des déçus. Et surtout un Olivier Giroud qui, à bientôt 40 ans, continue d’écrire sa légende.
Le Nord a tremblé. Paris FC a plié. La Ligue 1, elle, continue de nous faire vibrer.
