Imaginez la scène. Vous poussez la porte d’une petite salle au quatrième étage d’un bâtiment administratif parisien, et là, au lieu des habituels litiges sur des heures supplémentaires ou des licenciements, vous tombez sur l’un des feuilletons les plus explosifs du football mondial. Ce lundi 17 novembre 2025, les prud’hommes de Paris ont vécu un moment que peu de tribunaux du travail ont connu dans leur histoire.
On y parlait de dizaines, puis de centaines de millions d’euros. De salaires non versés, de primes exceptionnelles, de clauses secrètes. Et surtout d’une haine désormais assumée entre deux parties qui, il y a encore quelques mois, posaient ensemble sur les photos officielles. Bienvenue dans le règlement de comptes Mbappé-PSG.
Une audience qui a tenu toutes ses promesses
Dès 13 heures, la salle A42 était prise d’assaut. Des étudiants en droit du travail, des curieux, même du personnel du tribunal qui faisait semblant de passer dans le couloir. Tout le monde voulait voir ça. Et pourtant, aucun des deux protagonistes principaux n’a daigné se déplacer en personne.
Kylian Mbappé ? Absent. Le président du club parisien ? Absent aussi. Mais leurs avocats, eux, étaient bien là. Et ils n’ont pas fait dans la demi-mesure. Quatre heures de débats, parfois très vifs, où chaque camp a vidé son sac.
Les 55 millions au cœur du dossier
Revenons aux bases. Ce que réclame le joueur, ce sont trois mois de salaire qu’il estime ne jamais avoir touchés : avril, mai et juin 2024. À son niveau de rémunération, ça donne la somme hallucinante de 55 millions d’euros brut.
Pourquoi ces mois-là précisément ? Parce que c’est la période où le joueur avait été mis à l’écart de l’équipe première, relégué à l’entraînement avec les jeunes ou les non-sélectionnés. Une sanction que le club justifiait par le refus du joueur de prolonger son contrat. Lui y voyait une pression illégale et une tentative de le forcer à partir gratuitement.
« Mon client a été privé de son outil de travail pendant plusieurs mois. C’est une faute grave du club. »
– L’un des arguments avancés par l’avocat du joueur
Quand les demandes explosent dans tous les sens
Mais 55 millions, c’était presque le hors-d’œuvre. Parce qu’au fil des échanges, les chiffres ont commencé à s’envoler de manière vertigineuse.
D’un côté, le joueur a fait savoir qu’il envisageait de porter sa demande totale à plus de 250 millions d’euros en incluant diverses primes (loyalty bonus, éthique, etc.) qu’il estime lui être dues. De l’autre, le club a contre-attaqué en réclamant… attention… 440 millions d’euros à son ancien attaquant.
- Primes de signature déjà versées qu’il faudrait rembourser selon le PSG
- Dommages pour rupture abusive de contrat
- Préjudice d’image après le départ libre
- Et même des intérêts sur des avances consenties
On passe d’un litige de prud’hommes à une bataille juridique qui pourrait faire date dans l’histoire du sport professionnel.
La question qui change tout : CDD ou CDI ?
Derrière les millions, il y a un débat juridique passionnant. Le joueur demande la requalification de l’ensemble de ses contrats à durée déterminée en un unique contrat à durée indéterminée.
Pourquoi c’est important ? Parce qu’en droit du travail français, un CDI offre beaucoup plus de protections. Et surtout, les règles sur les ruptures de contrat deviennent bien plus favorables au salarié. Si les prud’hommes donnent raison sur ce point, ça pourrait faire jurisprudence pour tous les footballeurs professionnels évoluant en France.
Le club, lui, défend mordicus le système actuel : des CDD successifs, c’est la norme dans le football de haut niveau. Changer ça reviendrait à bouleverser tout l’équilibre économique du secteur.
Une haine qui ne date pas d’hier
Ce qui a frappé tous ceux présents dans la salle, c’est le ton. On était loin du langage policé des communiqués officiels. Les avocats n’ont pas mâché leurs mots. On a senti que derrière les arguments juridiques, il y avait une rancœur profonde, presque personnelle.
Il faut dire que le feuilleton a duré deux ans. Deux années de négociations interminables, de déclarations publiques, de fuites dans la presse, de photos volées. Deux années où chaque camp a essayé de prendre l’ascendant sur l’autre.
Au final, le joueur est parti libre vers son club de cœur. Le PSG a perdu son joyau sans indemnité de transfert. Et aujourd’hui, chacun veut faire payer l’autre. Littéralement.
Et maintenant ?
Le délibéré a été fixé au 16 décembre 2025. D’ici là, les deux parties ont encore le temps de trouver un accord à l’amiable – même si franchement, vu l’ambiance, ça semble compromis.
En attendant, ce dossier illustre parfaitement les dérives du football business. Des salaires qui défient l’entendement, des ego surdimensionnés, des batailles juridiques dignes des plus grands cabinets d’affaires. Et au milieu de tout ça, un jeune homme de 26 ans qui voulait simplement réaliser son rêve d’enfant.
Le football n’a peut-être jamais été aussi loin de ses valeurs d’origine. Mais il n’a jamais été aussi fascinant à observer.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Un joueur a-t-il le droit de réclamer 55 millions pour trois mois non payés ? Un club peut-il poursuivre son ancienne star pour 440 millions ? Dites-le nous en commentaire, le débat ne fait que commencer…
