Imaginez la scène : vous entrez dans une salle d’audience des Prud’hommes à Paris, il est à peine 14 heures, et dès que la présidente ouvre la séance, tout part en vrille en moins de cinq minutes. C’est exactement ce qui s’est passé ce lundi 17 novembre dans le dossier qui oppose l’attaquant star au club de la capitale. Franchement, on avait rarement vu un début d’audience aussi électrique.
Un coup de théâtre dès l’ouverture
On s’attendait à une journée déjà sous haute tension – après tout, il y a plusieurs centaines de millions d’euros sur la table – mais personne n’avait prévu que le club allait tenter de tout faire annuler dès le coup d’envoi. Les avocats parisiens ont brandi un argument juridique lourd : une procédure pénale en cours pour harcèlement moral rendrait, selon eux, l’affaire irrecevable devant les Prud’hommes. Deux instances de même niveau, ont-ils plaidé, ça ne peut pas marcher.
La salle a retenu son souffle. La présidente a suspendu l’audience une première fois. On sentait la température monter d’un cran. Quelques minutes plus tard, reprise… et nouveau coup d’arrêt. Deux suspensions en un quart d’heure, c’est du jamais-vu, même dans les dossiers les plus chauds du football français.
La stratégie du club : tout bloquer ou presque
Pourquoi cette demande d’annulation ? Tout repose sur une plainte déposée au printemps dernier pour harcèlement moral. Le joueur avait signalé des pressions importantes au moment où il refusait de prolonger. Deux mois plus tard, il retirait sa plainte, estimant que le départ libre vers Madrid réglait une partie du différend. Mais l’action publique, elle, a continué son chemin.
Le club s’appuie donc sur ce dossier pénal encore ouvert pour dire : « Attendez, on ne peut pas juger deux fois la même chose ». Sauf que le camp du joueur rétorque que le retrait de plainte change tout et que les Prud’hommes restent parfaitement compétents pour traiter les questions purement salariales et contractuelles.
Le retrait de plainte devait apaiser les choses, pas les bloquer indéfiniment. On veut juste récupérer ce qui est dû contractuellement.
Un proche du dossier, sous couvert d’anonymat
Des sommes qui donnent le vertige
Parce qu’au-delà du feuilleton judiciaire, il y a les chiffres. Et ils sont complètement fous, même pour le football d’aujourd’hui.
- Le joueur réclame environ 55 millions d’euros de primes diverses (loyalty bonus, éthique, etc.) qu’il estime dues malgré son départ libre
- Le club contre-attaque et demande le remboursement de plusieurs dizaines de millions déjà versés pendant la saison 2023-2024
- Certains médias évoquent même des montants cumulés qui dépasseraient les 200 millions si on additionne les deux parties
On parle là d’une procédure qui pourrait créer une jurisprudence énorme dans le football professionnel français. Jamais un conflit salarié-club n’avait atteint de tels montants devant les Prud’hommes.
La requalification CDD en CDI, l’autre bombe
Et puis il y a ce point technique qui pourrait tout faire basculer : la requalification des contrats. Pendant des années, le joueur a enchaîné les CDD (le format classique dans le foot pro). Son camp demande aujourd’hui que l’ensemble soit requalifié en CDI, ce qui ouvrirait la porte à des indemnités supplémentaires colossales.
Si les juges suivent cette thèse, ça pourrait remettre en question tout le système des contrats courts dans le football français. Les clubs tremblent déjà à l’idée d’un précédent.
Une audience qui reprend malgré tout
Finalement, après ces deux suspensions successives et des débats particulièrement vifs, la présidente a tranché : la demande d’annulation est rejetée. L’affaire va bien être jugée aux Prud’hommes. Soulagement d’un côté, frustration de l’autre.
Les débats de fond vont maintenant pouvoir commencer. On parle déjà d’une prochaine audience qui pourrait durer plusieurs heures, voire plusieurs jours. Car les avocats des deux parties ont des montagnes de pièces à présenter.
Ce que ça dit du football business aujourd’hui
Sincèrement, cette affaire dépasse largement le cas personnel. Elle cristallise tout ce que le football de très haut niveau est devenu : un mélange explosif d’argent, de pouvoir et d’ego. Quand on voit des centaines de millions s’affronter devant une juridiction du travail, on se dit que quelque chose a profondément changé.
Le joueur, lui, brille sous le maillot madrilène. Mais chaque but qu’il marque en Espagne rappelle aussi cette bataille judiciaire qui continue en France. C’est presque schizophrénique.
Et maintenant ?
Prochaines étapes : les parties vont plaider sur le fond. Le club va sûrement insister sur le fait que le joueur a bénéficié d’avantages exceptionnels pendant des années. Le camp adverse va marteler que certains engagements contractuels n’ont pas été respectés, départ libre ou pas.
La décision pourrait intervenir dans plusieurs mois. Et quel que soit le verdict, il y aura presque certainement un appel. Cette histoire est partie pour durer encore longtemps.
En attendant, le football français retient son souffle. Parce que derrière les millions, il y a aussi une question de principe : jusqu’où peut-on pousser le rapport de force entre un club-état et son joueur-star ? La réponse, on l’aura peut-être dans quelques mois. Ou dans quelques années.
(Article mis à jour le 17 novembre 2025 à 18h30 avec les dernières informations sur le rejet de la demande d’annulation)
