Vous êtes déjà tombé sur une de ces vidéos ? Un type en costard mal taillé vous promet de devenir millionnaire en trois mois grâce à son « coaching privé », ou un soi-disant gourou de la séduction vous explique que les femmes sont responsables de tous vos échecs. Moi, ça me hérisse le poil à chaque fois. Et visiblement, je ne suis pas le seul : après deux ans d’application de la première loi sur les influenceurs, les dérives n’ont pas disparu, loin de là. Elles ont muté, se sont cachées, ont trouvé de nouveaux terrains de jeu. C’est pour ça qu’une seconde loi se profile à l’horizon, bien plus musclée.
On va plonger ensemble dans ce qui se prépare. Et croyez-moi, certains influenceurs risquent de passer des nuits blanches.
Une jungle qui n’a pas été totalement domestiquée
Reprenons depuis le début, pour ceux qui auraient raté l’épisode 1. En 2023, la France devenait le premier pays au monde à encadrer sérieusement le métier d’influenceur. Interdiction de promouvoir la chirurgie esthétique aux mineurs, obligation de signaler les photos retouchées, encadrement du dropshipping sauvage… À l’époque, on applaudissait. Sauf que deux ans plus tard, force est de constater que les plus malins ont contourné les règles avec une agilité de ninja.
Les faux agents pullulent toujours. Les coachs en « développement personnel » version testostérone continuent de répandre des discours nauséabonds. Et les arnaques aux abonnements sur les plateformes de contenu adulte ont simplement changé de visage. Bref, la jungle est toujours là. Elle a juste appris à se maquiller.
Les faux agents OnlyFans : la machine à broyer les rêves (et les comptes en banque)
Imaginez la scène. Une jeune femme, parfois à peine majeure, reçoit un message Instagram : « Salut beauté, je suis agent pour des plateformes de contenu. Avec ton physique tu peux gagner 30 000 € par mois facilement. » S’ensuit un contrat de 10 pages illisible, une demande de 3 000 € « pour la mise en relation », puis… plus rien. L’agent disparaît, la fille se retrouve endettée et humiliée.
Ce scénario, il se répète des centaines de fois par mois. Et la loi actuelle ? Elle n’avait pas prévu ce cas précis. La « loi influenceurs 2 » veut combler ce vide avec une mesure simple et brutale : tout agent qui démarche des créateurs de contenus adultes devra être agréé par l’État et figurer sur une liste publique. Pas d’agrément ? Amende. Récidive ? Prison possible. On passe d’une zone grise à un cadre ultra-strict.
« On a vu des jeunes femmes perdre jusqu’à 15 000 euros en quelques semaines. Certaines ont dû emprunter à leur famille, d’autres ont sombré dans la dépression. Il était temps d’agir. »
– Une source parlementaire proche du dossier
Le masculinisme toxique enfin dans le viseur
C’est peut-être le point le plus explosif du futur texte. Jusqu’ici, les discours de haine contre les femmes étaient poursuivis sous le droit commun (injure sexiste, incitation à la haine). Mais le problème ? Il fallait prouver l’intention. Résultat : la plupart des vidéos où l’on explique que « les femmes de plus de 25 ans ne valent plus rien » ou qu’« une vraie femme obéit » passaient entre les mailles du filet.
La nouvelle loi veut créer une infraction spécifique : la promotion de l’infériorité d’un sexe. En clair, si vous monétisez (coaching, formations, livres, abonnements) un discours qui présente systématiquement les femmes comme des êtres inférieurs ou manipulateurs, vous tombez sous le coup de la loi. Peu importe que vous utilisiez des termes « scientifiques » ou que vous parliez de « biologie ». Le simple fait de gagner de l’argent avec ce type de contenu deviendra risqué.
- Interdiction de monétiser directement ou indirectement ces discours
- Signalement obligatoire par les plateformes sous 24h
- Amende jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial pour les plateformes qui traînent des pieds
- Possibilité pour les associations de se porter partie civile plus facilement
Autant dire que certains « coachs » qui se faisaient 200 000 € par an avec leurs formations « alpha » vont devoir sérieusement réfléchir à un plan B.
Les « matchs TikTok » et les nouvelles arnaques sentimentales
Vous connaissez le principe ? Un influenceur vous promet de vous apprendre à « matcher » avec des top modèles sur les applis de rencontre. Tarif : 997 € la formation. Résultat ? Des copier-coller de phrases toutes faites et zéro résultat. Pire, certains vont jusqu’à créer de faux profils féminins gérés par des équipes entières pour faire croire que la méthode marche.
La loi veut frapper fort : toute promesse chiffrée de résultats amoureux (« +300 matchs garantis », « 10 dates par mois minimum ») sera considérée comme une pratique commerciale trompeuse. Et là, ce n’est plus une petite amende : on parle de sanctions de l’autorité de la concurrence, avec des plafonds à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Protection des mineurs : le grand chantier
C’est sans doute l’angle qui touche le plus de monde. Aujourd’hui, un enfant de 12 ans peut tomber en 3 clics sur une live où un influenceur de 25 ans montre son train de vie luxueux financé par le dropshipping ou les paris sportifs. Le message subliminal ? « L’école c’est pour les losers. »
Le futur texte prévoit plusieurs mesures cumulatives :
- Obligation pour les plateformes de proposer un mode mineur par défaut (filtrage automatique des contenus adultes et de jeu d’argent)
- Interdiction totale de promouvoir des paris sportifs ou des cryptomonnaies auprès des moins de 18 ans (même en story « vue par les proches »)
- Responsabilité renforcée des parents… mais aussi des influenceurs : en cas de contenu manifestement destiné à un public jeune, l’âge de l’auteur pourra être un facteur aggravant
J’ai discuté avec des ados récemment. L’un d’eux m’a avoué avoir dépensé 400 € d’argent de poche en « skins » sur un jeu après avoir vu son influenceur préféré le faire en live. À 14 ans. Quand je vous dis que ça laisse des traces.
Et les plateformes dans tout ça ?
C’est la grande nouveauté : on arrête de courir après chaque influenceur un par un. Désormais, les plateformes seront tenues pour responsables si elles laissent prospérer des contenus manifestement illégaux. Le modèle ? Celui qu’on a testé avec la lutte contre le terrorisme en ligne : vous avez 1 heure pour retirer un contenu signalé comme relevant de l’apologie de l’infériorité sexuelle ou de l’escroquerie manifeste. Passé ce délai, amende automatique.
Et attention, les amendes ne seront plus symboliques. On parle de montants proportionnels au chiffre d’affaires réalisé en France. Pour certaines plateformes, ça commence à faire très mal.
Ce qui reste en suspens
Tout n’est pas encore tranché. Plusieurs points font encore débat :
- Faut-il interdire purement et simplement la monétisation de contenus adultes pour les moins de 21 ans (et pas seulement 18) ?
- Comment gérer les influenceurs étrangers qui touchent un public français sans être soumis à la loi ?
- Les lives de jeux d’argent (poker, casinos en ligne) seront-ils purement et simplement interdits ?
Autant de questions qui seront arbitrées dans les prochaines semaines. Mais une chose est sûre : le temps de l’angélisme est révolu.
On veut bien une liberté d’expression totale. Mais pas une liberté d’escroquerie totale.
Personnellement, je trouve que cette deuxième loi arrive au bon moment. On a laissé pendant trop longtemps une génération entière grandir avec l’idée que le succès se mesure en Rolex avant 25 ans et que tous les moyens sont bons pour y arriver. Il était temps de remettre un peu de cadre, un peu de décence, et surtout beaucoup de protection pour les plus vulnérables.
Après, je ne vais pas vous mentir : certains vont crier à la censure. D’autres diront que ça ne va pas assez loin. Comme toujours en France, on trouvera le moyen de se diviser sur tout. Mais une chose est certaine : dans quelques mois, le paysage des réseaux sociaux à la française risque de sérieusement changer de visage.
Et vous, vous en pensez quoi ? Vous trouvez que ça va trop loin, ou au contraire qu’on aurait dû agir encore plus tôt ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
