Vous est-il déjà arrivé d’écouter une musique de jeu vidéo et de vous retrouver, sans prévenir, la gorge nouée et les larmes aux yeux ? Moi, oui. Récemment. Et je ne suis clairement pas le seul.
Sur les réseaux, les vidéos pleuvent : des joueurs, casque vissé sur les oreilles, qui fondent en larmes au milieu d’une quête parce que la mélodie les a littéralement terrassés. Plus de 330 millions d’écoutes cumulées sur les plateformes de streaming. Des concerts complets dans des salles mythiques. Et au centre de tout ça, un gars tout ce qu’il y a de plus normal : un professeur de guitare qui vivait tranquillement à Valence.
Son nom ? Lorien Testard. Et son histoire mérite qu’on s’y arrête longtemps.
L’incroyable destin d’un prof devenu compositeur star
Reprenons depuis le début, parce que franchement, on dirait un scénario de film.
Lorien est prof de guitare. Il donne des cours, corrige les accords de ses élèves, répète inlassablement les gammes. Rien de bien fou, me direz-vous. Sauf que le soir, quand la journée est finie, il ouvre son ordinateur et compose. Pour le plaisir. Pour le défi aussi : il s’est lancé un pari un peu fou, publier une nouvelle piste chaque semaine sur une plateforme de partage musical.
Des morceaux inspirés de ses jeux vidéo préférés, des ambiances épiques, mélancoliques, grandioses. Il appelle ça ses « petits exercices ». Lui, il ne se prend pas pour un génie. Il s’amuse, il progresse, il partage.
La rencontre qui a tout changé
Et puis un jour, quelqu’un tombe sur ses compositions. Pas n’importe qui : Guillaume Broche, un ancien d’un grand studio qui vient de créer le sien, Sandfall Interactive. Il écoute. Il réécoute. Il se dit : « C’est lui qu’il me faut ».
Le contact s’établit. Les deux hommes se parlent pendant des heures. Ils se comprennent immédiatement. Et là, Guillaume balance la bombe : il travaille sur un projet ambitieux, un RPG tour par tour dans un univers belle époque fantastique, un jeu qui s’appellera Clair Obscur : Expedition 33. Il cherche un compositeur capable de porter toute l’émotion du jeu.
« Quand j’ai entendu ses démos, j’ai su tout de suite que c’était la bonne personne. Il y avait une sensibilité rare, une vraie identité. »
Lorien accepte. Sans réseau, sans expérience dans le milieu du jeu vidéo, juste avec sa passion et son ordinateur.
Cinq ans seul dans sa chambre
Ce qui suit ? Cinq années de travail acharné. Presque en secret.
Pendant que le monde tourne, Lorien compose. Des heures et des heures. Des nuits entières parfois. Il crée, efface, recommence. Il construit un univers sonore immense, cohérent, bouleversant. Plus de 154 pistes. Plus de huit heures de musique. Tout seul, ou presque.
Il sera rejoint plus tard par une chanteuse lyrique, Alice Duport-Percier, dont la voix viendra sublimer certains morceaux. Mais l’essentiel, c’est lui. Ses doigts sur le clavier MIDI, ses idées qui fusent, sa quête absolue de l’émotion juste.
- Des thèmes héroïques qui vous donnent envie de sauver le monde
- Des mélodies mélancoliques qui vous brisent le cœur en silence
- Des chœurs grandioses qui vous font sentir tout petit face à l’infini
- Des piano-voix d’une intimité dévastatrice
Il ne compose pas juste une bande-son. Il compose une expérience émotionnelle complète.
Le jour où tout a explosé
Le jeu sort. Et là, c’est la déflagration.
Plus de 5 millions d’exemplaires vendus en quelques mois. Un record pour un studio indépendant français. Les critiques sont unanimes : graphismes sublimes, scénario poignant, combats nerveux… et surtout, surtout, cette musique qui reste dans la tête pendant des jours.
Les joueurs n’en reviennent pas. Sur les forums, sur les réseaux, on ne parle que de ça. Des créateurs de contenu lancent des réactions live : certains s’arrêtent net au milieu d’une phrase, submergés. D’autres pleurent carrément. C’est du jamais-vu à cette échelle.
Et puis la musique sort du jeu. Elle vit sa propre vie. Les playlists explosent. Les classements sont pris d’assaut. Lorien Testard devient, presque malgré lui, une star.
De la chambre à la salle Pleyel
Le clou du spectacle ? Les concerts.
Fin octobre, Lorien monte sur la scène de la salle Pleyel, accompagné d’un orchestre symphonique complet. Plusieurs dates. Toutes complètes en quelques heures. Des gens viennent de toute la France, parfois de plus loin, juste pour entendre ces morceaux joués en live.
Je vous laisse imaginer l’ambiance : des milliers de personnes, dans le noir, qui retiennent leur souffle quand les premières notes retentissent. Et quand le chœur attaque… c’est fini. Plus personne ne bouge. On est ailleurs.
« Je n’aurais jamais imaginé que des gens viendraient écouter ma musique dans une salle aussi prestigieuse. C’est complètement fou. »
Lorien Testard, encore sous le choc
Et maintenant ? Les Game Awards en ligne de mire
Cerise sur le gâteau : le jeu est nommé dans plusieurs catégories aux prochains Game Awards, l’équivalent des Oscars du jeu vidéo. Et Lorien est en lice pour le prix de la meilleure musique. Rien que ça.
Face à des mastodontes, avec des budgets cent fois supérieurs, un gars qui a tout fait depuis sa chambre pourrait repartir avec la statuette. Si ça, ce n’est pas une belle revanche sur le système…
Parce qu’au fond, l’histoire de Lorien, c’est aussi ça : la preuve que le talent pur, la persévérance et une bonne dose de passion peuvent encore tout renverser. Même en 2025. Même dans une industrie aussi compétitive que le jeu vidéo.
Pourquoi cette musique nous touche autant ?
Je me suis posé la question. Pourquoi ces morceaux nous font-ils autant d’effet ?
Peut-être parce qu’ils sont sincères. Il n’y a pas de calcul marketing derrière. Pas de focus group. Juste un mec qui a mis toute son âme dans chaque note. Et ça, ça ne trompe pas.
Peut-être aussi parce que Lorien a grandi avec les grandes BO de jeux vidéo des années 90 et 2000. Il connaît la recette. Il sait quand faire monter la tension, quand laisser respirer, quand frapper fort. Il a digéré tout ça et l’a transformé en quelque chose de profondément personnel.
Résultat ? Une musique qui parle directement au cœur. Sans filtre.
Ce que cette histoire nous dit de notre époque
Il y a quelque chose de profondément réconfortant dans cette success story.
À une époque où tout semble dominé par les gros studios, les algorithmes et les budgets à neuf chiffres, un prof de guitare peut encore, avec son ordinateur et sa passion, toucher des millions de personnes. Créer une œuvre qui marque une génération.
C’est une bouffée d’espoir, non ? La preuve que la créativité pure a encore sa place. Que l’on peut réussir sans piston, sans école prestigieuse, sans vivre dans une grande capitale.
Juste avec du talent. Et beaucoup, beaucoup de travail.
Alors oui, Lorien Testard est devenu une star. Mais il reste ce prof de guitare un peu timide qui n’en revient toujours pas de ce qui lui arrive.
Et quelque part, c’est ça qui rend son histoire encore plus belle.
Si vous n’avez pas encore écouté la bande originale de Clair Obscur : Expedition 33, faites-le. Vraiment. Prenez un casque, fermez les yeux, et laissez-vous emporter.
Vous risquez de ne pas en ressortir indemne.
Mais vous me direz merci après.
