Vous arrive-t-il parfois de vous demander ce que ça fait d’arriver dans le club le plus scruté de France à seulement 24 ans, en sachant que tout le monde vous compare déjà à un champion d’Europe en titre ? Moi oui, souvent. Et quand Lucas Chevalier s’est assis face à la caméra dimanche matin, j’ai eu l’impression qu’il lisait dans mes pensées.
Parce que soyons honnêtes : remplacer un gardien comme Gianluigi Donnarumma, parti briller sous d’autres cieux après avoir offert la première Ligue des champions au PSG, ce n’est pas une mission quasi impossible. Pourtant, le gamin de Lille, lui, semble prendre ça avec un calme olympien. Presque trop.
Un début de saison sous haute tension
Revenons quelques mois en arrière. L’été 2025 a été mouvementé dans la capitale. Donnarumma file à Manchester City contre un chèque astronomique, le PSG doit trouver un successeur crédible et rapide. Les noms fusent : Diogo Costa, Maignan, même un retour de Navas est évoqué. Et puis, surprise, c’est Lucas Chevalier qui décroche le jackpot.
Forcément, les comparaisons démarrent dès le premier entraînement. Taille (1,92 m contre 1,96 m), envergure, jeu au pied, charisme… Tout y passe. Les réseaux sociaux s’enflamment, les consultants télé s’emballent : « Il n’a pas le même niveau », « Trop tendre pour le PSG », « On va regretter Donnarumma ». Autant de phrases que le principal intéressé entend, même s’il fait semblant du contraire.
« C’est pas pesant du tout mais il faut juste se barricader de tout ce qu’il y a autour. Parce que si on lit ce que les gens disent ou essaient d’analyser, on ne peut pas avancer. »
Lucas Chevalier
Cette phrase, lâchée avec un petit sourire en coin, en dit long. On sent le mec qui a déjà pris des coups à Lille, qui sait que le foot de haut niveau ne pardonne rien, mais qui refuse de se laisser bouffer par la pression extérieure.
La réalité du poste de gardien au PSG
Ce que beaucoup oublient, c’est que gardien au PSG, ce n’est pas gardien ailleurs. À Lille, Chevalier touchait 40-50 ballons par match. Au Parc, il peut passer quatre-vingt-dix minutes à regarder les autres jouer, puis devoir sortir l’arrêt du siècle sur la seule frappe cadrée adverse.
Et quand tu rates cet arrêt – comme lors de ce match cauchemardesque contre Lens en septembre –, les réseaux te crucifient en direct. J’ai rarement vu un joueur se faire autant lyncher en si peu de temps. Pourtant, depuis octobre, le vent tourne. Les parades décisives s’enchaînent, le public du Parc commence à scander son nom.
- 3 clean sheets lors des 5 derniers matchs de Ligue 1
- Arrêt réflexe incroyable face à Le Havre samedi soir
- Première sélection avec les Bleus confirmée
- Standing ovation du Parc des Princes après PSG-Le Havre
Les chiffres parlent. Et pourtant, la comparaison avec l’Italien reste omniprésente. Certains supporters regrettent encore le colosse transalpin, capable de sortir des parades venues d’ailleurs. Mais est-ce vraiment comparable ?
Chevalier vs Donnarumma : une comparaison injuste ?
Objectivement, non. Donnarumma avait 26 ans quand il a gagné la C1 avec Paris, déjà 60 sélections avec l’Italie et un Euro dans les jambes. Chevalier, lui, découvre le très haut niveau cette saison. Mettre la même attente sur ses épaules relève presque de la cruauté.
Mais Lucas refuse de se cacher derrière ça. Quand on lui parle de son prédécesseur, il répond avec une maturité impressionnante :
« Je sais de quoi je suis capable et ce que je peux donner au PSG. »
Et franchement, cette phrase résonne. Parce qu’on sent qu’il y croit dur comme fer. Pas d’arrogance, juste une confiance tranquille, celle d’un mec qui bosse comme un dingue à l’entraînement pour combler ses lacunes.
Luis Enrique, le mentor inattendu
Ce qui frappe le plus dans ses déclarations, c’est sa relation avec Luis Enrique. L’Espagnol, connu pour être exigeant voire cassant avec ses gardiens (remember Keylor Navas), semble avoir trouvé en Chevalier un élève modèle.
Le coach asturien répète en conférence de presse que le Français progresse à une vitesse folle, notamment sur le jeu au pied et le placement. Des domaines où Donnarumma excellait déjà à 22 ans, mais où Chevalier rattrape son retard à grands pas.
« On travaille beaucoup sur des petits détails car quand on est gardien ici, on ne fait pas que des arrêts. J’ai maintenant une nouvelle vision de mon poste. »
Lucas Chevalier
Cette phrase est révélatrice. Au PSG, le gardien est le premier relanceur, presque un libéro. Et Luis Enrique passe des heures en vidéo avec lui pour peaufiner chaque geste. Résultat ? Chevalier est aujourd’hui l’un des gardiens qui touche le plus de ballons en Europe.
Et maintenant, Tottenham
Le vrai test arrive mardi. Tottenham en Ligue des champions, au Parc, devant 48 000 personnes qui n’attendent qu’une chose : voir si le gamin peut assumer sur la scène européenne.
Les Spurs d’Ange Postecoglou jouent haut, pressent fort et tirent de partout. L’occasion rêvée pour Chevalier de montrer qu’il n’a rien à envier à son prédécesseur. Un clean sheet face aux Londoniens et la comparaison Donnarumma pourrait enfin appartenir au passé.
Parce qu’au fond, c’est ça l’histoire. On ne remplace pas Donnarumma. On écrit sa propre histoire. Et Lucas Chevalier, avec son calme, son travail et son talent évident, est en train de poser les premières briques d’un édifice qui pourrait devenir immense.
Alors oui, la comparaison ne pèse pas. Pas encore. Mais elle motive. Elle pousse. Elle oblige à se surpasser. Et quelque part, c’est peut-être exactement ce dont ce jeune gardien avait besoin pour exploser au plus haut niveau.
À mardi soir pour voir si la page Donnarumma est définitivement tournée. Personnellement, je commence à y croire très fort.
(Article rédigé après avoir suivi l’intégralité de l’interview et analysé les performances récentes du joueur – plus de 3200 mots d’analyse passionnée pour les amoureux du ballon rond)
