Il y a des images qui restent gravées. Mercredi soir, dans le money-time d’un match complètement fou contre Tottenham, Lucas Hernandez lève le coude et percute violemment le visage de Xavi Simons. L’arbitre sort le rouge direct. Le stade retient son souffle, puis siffle. Et moi, devant mon écran, je me suis dit : « Mais qu’est-ce qui lui a pris ? »
Un champion du monde 2018, 29 ans, plus de 300 matchs pros dans les jambes, qui commet une faute aussi stupide alors que la balle est déjà partie vers son gardien. Gratuit, violent, inexplicable. Deux jours plus tard, l’affaire fait toujours jaser dans le petit monde du foot français.
Un geste qui ne passe pas au PSG
Dans le vestiaire parisien, on ne parle pas d’incident, on parle de grosse bêtise. Le terme est revenu plusieurs fois, presque mot pour mot, dans les couloirs du Camp des Loges. Parce que oui, le PSG a gagné 5-3 et l’expulsion n’a rien changé au résultat, mais ce genre de comportement agace profondément Luis Enrique.
L’entraîneur espagnol, connu pour son exigence presque maladive sur la discipline, a eu une discussion franche avec son défenseur dès le lendemain matin. Hernandez est allé le voir de lui-même, chose rare chez lui, pour présenter des excuses claires. « J’ai manqué de discernement, j’ai mis l’équipe en difficulté », aurait-il lâché. Un mea culpa sincère, paraît-il.
Mais sincérité ne veut pas dire indulgence. Luis Enrique attend désormais des actes. Et il l’a fait comprendre sans détour : ce genre d’égarement ne doit plus se reproduire, surtout pas à quelques jours d’un déplacement périlleux à Monaco.
Un historique qui pèse lourd
Ce n’est pas la première fois que Lucas perd ses nerfs. Souvenez-vous : déjà au Bayern, il avait écopé d’un rouge stupide contre Francfort en 2021. À l’Atlético, aussi, il collectionnait les cartons pour des interventions limite. On parlait alors de « tempérament de feu ». Aujourd’hui, à presque 30 ans, on attend autre chose.
Ce qui frappe, c’est le côté totalement gratuit du geste. La passe en retrait était déjà faite, le danger éloigné. Pourquoi ce coup de coude ? Frustration accumulée ? Besoin de montrer qui commande sur le terrain ? Les observateurs s’interrogent.
- Carton rouge direct en Ligue des champions → suspension automatique pour le prochain match européen
- Image écornée auprès des supporters et des partenaires
- Risque de sanction interne supplémentaire (amende, mise à l’écart temporaire ?)
- Concurrence accrue en défense avec les retours de forme de Beraldo et Pacho
Autant de paramètres qui font que cette expulsion pourrait coûter cher, bien au-delà des trois matchs de suspension en C1.
La pression du leadership silencieux
Quand tu portes le brassard en sélection ou que tu es censé encadrer les jeunes du PSG, tu n’as plus le droit à l’erreur. Hernandez fait partie de ces joueurs qu’on appelle les « leaders silencieux ». Pas du genre à hurler dans le vestiaire, mais présent dans les moments chauds, solide en un-contre-un, bon dans les duels aériens.
Seulement voilà, le silence a ses limites. Quand tu craques de cette manière, tu envoies un message contradictoire aux plus jeunes. Comment demander à un gamin de 19 ans de garder son calme si un champion du monde se laisse aller à un geste de rue ?
« On attend de lui qu’il soit exemplaire. Il le sait. »
Un proche du vestiaire parisien
Cette phrase résume tout. Hernandez n’est plus un jeune talent brut. Il est un cadre. Et un cadre, ça montre l’exemple.
Monaco, le match de la rédemption ?
Paradoxalement, cette expulsion pourrait lui offre une opportunité en or. Suspendu en Europe, il sera probablement titulaire ce samedi à Louis-II. Avec Nuno Mendes blessé (« blessure minime » mais forfait), Luis Enrique n’a pas trente-six solutions à gauche. Hernandez va donc enchaîner, et il le sait.
Face à un Monaco revanchard après sa défaite à l’aller, dans un stade toujours bouillant, il aura l’occasion de prouver que l’incident n’était qu’un accident. Un match référence, une prestation irréprochable, et l’histoire sera oubliée. Ou presque.
Car dans le football moderne, les images tournent en boucle. Ce coup de coude sur Xavi Simons, tout le monde l’a vu. Et tout le monde s’en souviendra au prochain accrochage.
Et si c’était plus profond qu’un simple coup de sang ?
J’ai ma petite théorie. Depuis son arrivée au PSG, Lucas Hernandez court après sa meilleure version. Blessure grave au genou en 2022, retour progressif, concurrence féroce… Il n’a jamais vraiment réussi à s’imposer comme le patron incontestable de la défense parisienne.
Ajoutez à cela une saison où le PSG joue sur tous les tableaux, où la fatigue s’accumule, où chaque match est une finale. La frustration peut monter sans qu’on s’en rende compte. Et parfois, elle explose au pire moment.
Je ne cherche pas à l’excuser, loin de là. Mais à 29 ans, en pleine maturité footballistique, ce genre de craquage nerveux interroge sur l’état mental du joueur. A-t-il besoin d’un vrai travail psychologique ? D’un temps de parole plus important avec le staff ? Le PSG a les moyens de lui offrir ça.
Ce que Luis Enrique attend vraiment
L’Espagnol ne veut pas seulement des excuses. Il veut du changement. Plus de concentration, plus de maîtrise, plus de leadership positif. Il l’a dit à plusieurs reprises : « Les émotions font partie du jeu, mais elles ne doivent jamais prendre le dessus. »
Et il a raison. Dans un effectif aussi jeune que celui du PSG cette saison, les cadres doivent montrer la voie. Marquinhos, Vitinha, maintenant Hernandez : chacun a son rôle à jouer dans la construction d’une mentalité de fer.
Si Lucas parvient à transformer cette humiliation en moteur, il pourrait sortir grandi de l’histoire. Sinon, il risque de voir sa place menacée durablement. Le football n’attend pas.
Conclusion : un tournant de carrière ?
On a tous en tête des joueurs qui ont su rebondir après des cartons rouges stupides. Zidane en 2006, par exemple, avait transformé son expulsion en finale de Coupe du monde en rage positive pour mener la France en finale. Hernandez n’est pas Zidane, mais il a le même potentiel de résilience.
Samedi à Monaco, tous les regards seront tournés vers lui. Pas seulement pour voir s’il tient le choc physiquement, mais surtout pour observer son comportement. Un tacle propre, une relance calme, un mot aux jeunes : tout sera scruté.
Parce qu’au fond, ce n’est pas l’expulsion qui compte. C’est ce qu’il va faire après. Et là, Lucas Hernandez a une occasion en or de rappeler pourquoi le PSG a déboursé 45 millions pour le recruter.
À lui de jouer. Et à nous de voir si la leçon a été retenue.
Le foot, parfois, se résume à ça : une grosse bêtise, un mea culpa, et l’opportunité de se racheter. Rendez-vous samedi soir pour savoir si Lucas a compris.
