Ce matin-là, en écoutant la radio en préparant mon café, j’ai eu l’impression d’entendre un président qui ne parle plus seulement comme un chef d’État, mais comme quelqu’un qui sent le vent tourner. Vraiment tourner. Emmanuel Macron était l’invité de RTL et, entre deux gorgées, il a lâché des annonces qui pèsent lourd : transformation du service national, refus catégorique d’envoyer des jeunes Français sur le front ukrainien, mise en garde claire contre une Russie qu’il qualifie de « menace stratégique » et, cerise sur le gâteau, un appel à la responsabilité des parlementaires sur le budget. Autant dire que ça mérite qu’on s’y arrête cinq minutes… ou plutôt quelques milliers de mots.
Un réveil brutal pour la France qui dormait sur ses deux oreilles
Depuis 2022, on vit avec cette guerre aux portes de l’Europe, mais beaucoup d’entre nous avaient fini par la ranger dans la case « conflit lointain ». Macron, lui, semble avoir décidé qu’il était temps de secouer le cocotier. Pas de demi-mesure : il parle de « confrontation stratégique » menée par Moscou contre les Européens. Et quand il dit ça, ce n’est pas juste une formule. Il cite pêle-mêle les cyberattaques sur les hôpitaux, les incursions aériennes répétées, les actions de déstabilisation. Bref, la totale.
Ce qui m’a marqué, c’est le ton. On sent qu’il n’est plus dans la posture du professeur qui explique patiemment la géopolitique à ses élèves. Non, là, il est dans l’urgence. Comme s’il voulait graver dans le marbre que laisser tomber l’Ukraine, ce serait envoyer le signal que l’Europe est faible. Et une Europe faible, selon lui, c’est une France directement menacée. Point final.
Le service national universel : la grande transformation qui fait déjà trembler les réseaux
Commençons par le sujet qui a mis tout le monde en ébullition dès 8 h 15 : le fameux service national. Macron a été très clair (et il a bien senti qu’il devait l’être) : personne ne sera envoyé se battre en Ukraine. Circulez, il n’y a rien à voir du côté des rumeurs les plus folles. Mais derrière cette mise au point, il y a une ambition : « renforcer le pacte armée-Nation ».
Concrètement ? Il parle d’une « transformation » du SNU actuel – vous savez, ce stage de deux semaines avec chant de la Marseillaise et cours de secourisme – en quelque chose de visiblement plus sérieux, plus long, et surtout volontaire… pour l’instant. Il n’a pas donné de détails précis, mais le message est limpide : la France doit se préparer à un monde où la paix n’est plus garantie.
« Il faut supprimer toute idée confuse qui consisterait à dire qu’on va envoyer nos jeunes en Ukraine. »
Emmanuel Macron, le 25 novembre 2025
Phrase rassurante, certes. Mais entre nous, quand un président prend la peine de démentir aussi fermement, c’est souvent que la rumeur a déjà fait son chemin. Et sur les réseaux, les réactions ne se sont pas fait attendre : certains y voient une nécessité face à la menace, d’autres crient à la « militarisation de la jeunesse ». La vérité, comme toujours, est probablement entre les deux.
Ukraine : une paix oui, mais pas à n’importe quel prix
Sur le dossier ukrainien, Macron marche sur une corde raide depuis trois ans. Ce matin, il a encore affiché sa ligne : soutenir Kiev, mais sans jamais franchir la ligne rouge d’un engagement direct des troupes françaises au sol. Il a salué le plan américain – celui qui reprend pourtant plusieurs exigences russes, comme la cession de territoires ou la neutralité – en disant que ça « va dans le bon sens », tout en ajoutant qu’il faut « discuter, négocier, améliorer ».
En clair ? Il n’est pas prêt à brader l’Ukraine pour une paix rapide. Sa priorité reste claire :
- Une armée ukrainienne forte et bien équipée
- Des garanties de sécurité solides une fois la paix signée
- Une présence européenne de « réassurance », mais pas sur la ligne de front
Il a même évoqué la possibilité d’une force aérienne de protection… mais basée dans les pays voisins. Pologne, Roumanie, on vous regarde. C’est habile : on montre les muscles sans mettre un seul soldat français en première ligne.
La Russie, cette « puissance impériale » qui n’a pas digéré 1991
Ce qui ressort surtout, c’est le diagnostic sans concession sur Moscou. Macron parle d’un choix stratégique : redevenir une puissance impériale. Et il le dit sans trembler dans la voix. Pour lui, la Russie a franchi un cap dans son agressivité. Et nous, Européens, sommes à portée de tir.
Je trouve intéressant ce glissement sémantique : on ne parle plus seulement de « menace hybride » (le mot à la mode depuis 2016), mais carrément de « confrontation stratégique ». C’est une escalade rhétorique qui en dit long sur l’évolution de la perception à l’Élysée.
« Si on laisse tomber l’Ukraine, on donne un signal de faiblesse à la Russie. »
Et cette phrase, elle résonne particulièrement quand on sait que certains responsables européens commencent à fatiguer du coût du soutien à Kiev. Macron, lui, refuse ce calcul. Pour lui, le prix de la faiblesse serait bien plus élevé que celui de la solidarité.
Le dossier brûlant des actifs russes gelés
Petit clin d’œil (pas si anodin) à Donald Trump : quand on lui demande ce qu’il faut faire des centaines de milliards d’actifs russes gelés en Europe, Macron répond cash : « C’est aux Européens de décider. » Traduction : pas question de se faire dicter la conduite par Washington, même (et surtout) si Trump revient aux affaires.
Derrière cette phrase, il y a un enjeu colossal. Utiliser ces actifs pour financer la reconstruction ukrainienne ? Les garder comme levier de négociation ? Les rendre en cas de paix ? Les débats font rage à Bruxelles. Et la position française pèsera lourd.
Budget : l’appel du pied (un peu agacé) aux parlementaires
Et puis il y a le dossier intérieur, celui qui empoisonne l’Élysée depuis des mois : le budget 2026, rejeté en première lecture. Macron dit avoir « bon espoir » d’un compromis. Mais derrière le sourire de circonstance, on sent la fatigue. Et une pointe d’énervement.
Quand il lance : « Plutôt que de commenter leur inquiétude, qu’ils s’occupent de bâtir des compromis », on entend presque le sous-texte : « Arrêtez de jouer, on n’a plus le temps. » Quant à la menace d’une nouvelle dissolution ? Il botte en touche avec classe, mais tout le monde a compris que l’option reste sur la table.
Et maintenant ? Vers une France plus « guerre » que jamais ?
Ce qui frappe, au fond, c’est la cohérence du message. Tout est lié : la transformation du service national, le refus de la faiblesse face à Moscou, le soutien indéfectible à Kiev, la pression sur le budget défense (même implicite). On assiste à la construction d’une doctrine : celle d’une France qui se réarme moralement et matériellement face à un monde qui redevient dangereux.
Est-ce que ça va passer auprès des Français ? Mystère. Les jeunes, eux, sont partagés : certains trouvent l’idée du service national « cool » et formateur, d’autres hurlent à la « chair à canon ». Les parents, eux, oscillent entre fierté patriotique et angoisse sourde.
Une chose est sûre : ce matin du 25 novembre 2025, quelque chose a bougé. On est passé d’une France qui se pensait à l’abri dans son coin d’Europe pacifiée à une France qui se regarde dans le miroir et se demande si elle est prête. Prête à quoi ? À tout, peut-être.
Et vous, vous en pensez quoi ? Le service national volontaire, vous seriez partant ? Ou vous trouvez que ça sent un peu trop la poudre ? Dites-le-moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
(Article mis à jour le 25 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
