Il y a des moments dans la vie où tout semble s’arrêter, où le monde retient son souffle. Pour Madeleine Malonga, ce moment est survenu le 1er août 2024, sur un tatami parisien, devant des milliers de spectateurs. Ce jour-là, la judoka française, vice-championne olympique en 2021, a vu son rêve d’or s’effondrer en quarante-cinq secondes. Un an plus tard, alors qu’elle s’apprête à devenir mère, elle regarde déjà vers Los Angeles 2028 avec une détermination intacte. Comment une athlète de haut niveau rebondit-elle après une telle désillusion ? Son parcours, à la croisée du sport et de la maternité, est une leçon de résilience.
Une Carrière Forgée Dans l’Adversité
Madeleine Malonga n’est pas une inconnue dans le monde du judo. À 31 ans, elle porte sur ses épaules un palmarès impressionnant : championne du monde en 2019, vice-championne olympique en 2021 à Tokyo, et médaillée d’or par équipes mixtes à Paris 2024. Pourtant, son parcours n’a jamais été un long fleuve tranquille. Le judo, sport exigeant tant physiquement que mentalement, demande des sacrifices constants. Et pour Malonga, ces sacrifices ont souvent pris la forme de batailles intérieures, de régimes draconiens et de pressions psychologiques.
Le judo, c’est un combat contre soi-même avant d’être un combat contre l’autre.
– Une ancienne championne française
En 2024, à l’Arena du Champ-de-Mars, Malonga était attendue comme l’une des favorites dans la catégorie des -78 kg. Mais face à la Portugaise Patricia Sampaio, tout s’est écroulé. Une contre-attaque, un waza-ari, puis une immobilisation fatale. « Tout ça pour ça », s’est-elle dit, allongée sur le tatami, tandis que la foule murmurait sa stupeur. Cette défaite, rapide et brutale, n’était pas seulement une élimination précoce : elle marquait la fin d’une olympiade marquée par une sélection impitoyable.
La Course À La Sélection : Un Enfer Silencieux
Pour comprendre l’ampleur de la désillusion de Malonga, il faut remonter en amont des Jeux. La sélection pour représenter la France en judo est un processus d’une rare intensité. Dans la catégorie des -78 kg, Malonga était en concurrence directe avec une autre pointure, une athlète expérimentée. Ce duel fratricide a transformé chaque entraînement en une épreuve psychologique. Les regards des entraîneurs, les attentes des fédérations, les enjeux politiques : tout pesait sur ses épaules.
J’ai toujours trouvé fascinant, et un peu effrayant, comment le sport de haut niveau peut révéler les facettes les plus complexes de l’humain. Pour Malonga, cette période a été un « enfer profond », comme elle le décrit elle-même. Les mois précédant Paris 2024 étaient rythmés par une pression constante, une boule au ventre qui ne disparaissait jamais. Pourtant, elle n’a jamais baissé les bras, portée par une conviction : elle se battait pour elle-même, pas seulement pour une médaille.
- Une concurrence acharnée avec une autre judoka française.
- Des entraînements sous haute tension, scrutés par le staff.
- Un système où la moindre faiblesse peut coûter une place olympique.
Ce contexte explique pourquoi, malgré sa défaite, Malonga affirme n’avoir « aucun regret ». Elle a tout donné, et cette absence de remords est, en soi, une victoire. Mais après un tel choc, comment se relever ? Pour elle, la réponse est venue d’un projet plus grand encore : celui de devenir mère.
Maternité : Une Nouvelle Médaille À Conquérir
Après les Jeux de Paris, Malonga a choisi de faire une pause. Pas une pause complète, non, car une athlète de son calibre ne reste jamais immobile. Elle s’est essayée à la course à pied, complétant un 10 km pour « reprendre le sport autrement ». Mais surtout, elle a écouté une aspiration profonde : celle de fonder une famille. Avec son compagnon, l’ancien judoka Pierre Duprat, ils ont décidé que, médaille ou pas, 2024 serait l’année du « projet bébé ».
En avril 2025, Malonga a appris qu’elle était enceinte. Une nouvelle qui a bouleversé son quotidien, mais qui s’inscrivait dans un timing réfléchi. Avec quatre ans avant les Jeux de Los Angeles, elle voyait cette grossesse comme une étape stratégique dans sa carrière. « C’est le moment », a-t-elle pensé, consciente que le cycle olympique à venir lui laisserait le temps de revenir au sommet.
J’ai ressenti l’appel de la maternité, et je savais que j’avais le temps avant 2028.
Pour autant, la grossesse n’est pas une pause dans sa vie d’athlète. À l’Insep, elle suit un protocole adapté pour les femmes enceintes, encadré par des spécialistes. Ses séances physiques, bien que moins intenses, témoignent de sa volonté de rester active. Mais le vrai défi, c’est d’accepter les changements de son corps. À 1,82 m et habituée à surveiller chaque kilo pour sa catégorie, Malonga confie se sentir « épaisse ». Une sensation perturbante, mais qu’elle apprend à apprivoiser.
| Étape | Action | Impact |
| Post-Paris 2024 | Pause et course à pied | Reprise progressive |
| Grossesse | Protocole adapté | Maintien de la forme |
| Objectif 2028 | Planification carrière | Motivation renforcée |
Ce qui frappe, dans le discours de Malonga, c’est son absence de doute. À 31 ans, elle pourrait envisager de raccrocher le kimono. Mais non. « J’ai encore ce feu dans le ventre », assure-t-elle, les yeux brillants. Cette flamme, c’est celle qui l’a toujours poussée à se relever, qu’il s’agisse d’une défaite ou d’une épreuve personnelle.
Paris 2024 : Une Blessure, Mais Pas Une Fin
Revenir sur le 1er août 2024 n’est pas facile pour Malonga. Elle admet avoir « oublié » cette journée, comme un mécanisme de protection. Pourtant, lorsqu’elle y repense, les souvenirs affluent. L’entrée sur le tatami, la tension palpable, l’attaque ratée face à Sampaio. En quarante-cinq secondes, tout s’est joué. Mais ce qui l’a le plus marquée, c’est le chemin parcouru pour arriver là.
Le judo français est une machine à médailles. À Paris 2024, l’équipe nationale a décroché dix podiums, dont cinq chez les femmes. Pourtant, aucun titre en or. Pour beaucoup, c’est un échec. Pas pour Malonga. « On oublie qu’on n’est pas des robots », lance-t-elle, avec une pointe d’agacement. Cette phrase résonne comme un plaidoyer pour une approche plus humaine du haut niveau. Et franchement, qui pourrait lui donner tort ?
- Le choc : Une élimination en 45 secondes.
- La leçon : Accepter que le sport est imprévisible.
- La force : Transformer la défaite en carburant.
Malgré la douleur, Paris 2024 lui a offert un lot de consolation : une médaille d’or par équipes mixtes. Bien qu’elle ait suivi la compétition depuis les tribunes, ce titre est venu « comme un pansement ». Un symbole de cohésion, dans un sport souvent perçu comme individuel. Et un rappel que, même dans la défaite, il y a des victoires à célébrer.
Vers Los Angeles 2028 : Un Nouveau Défi
Aujourd’hui, Malonga se projette avec sérénité. Sa grossesse, qu’elle devrait mener à terme d’ici la fin de l’année, est une parenthèse, pas une fin. Elle sait que le retour à la compétition sera exigeant. Le judo, avec ses catégories de poids et ses combats physiques, ne pardonne pas. Mais elle est prête à relever le défi, soutenue par son entourage et son compagnon, lui-même ancien olympien.
Ce qui m’impressionne le plus, c’est sa capacité à transformer chaque épreuve en opportunité. Sa défaite à Paris ? Une leçon d’humilité. Sa grossesse ? Une chance de se réinventer. Son objectif pour 2028 ? Une preuve que l’âge et la maternité ne sont pas des barrières. À 35 ans, elle pourrait devenir l’une des rares judokas à briller après une pause aussi significative.
Je suis encore debout, et ce n’est pas fini !
Pour préparer son retour, Malonga s’appuie sur des outils qu’elle maîtrise : la préparation mentale, qu’elle pratique depuis longtemps, et un entourage solide. Son mémoire de Master, consacré au leadership des entraîneurs face aux conflits dans les équipes, montre à quel point elle intellectualise son sport. Cette approche, mêlant rigueur et introspection, pourrait faire d’elle une pionnière dans le judo féminin.
Un Modèle Pour La Nouvelle Génération
Au-delà de son parcours personnel, Madeleine Malonga incarne une nouvelle vision du sport de haut niveau. En assumant pleinement sa maternité tout en visant un retour au sommet, elle ouvre la voie à d’autres athlètes. Dans un monde où les femmes doivent souvent choisir entre carrière et famille, elle prouve que les deux sont possibles. Et ça, c’est une médaille qui vaut de l’or.
En repensant à son histoire, je ne peux m’empêcher de me demander : combien d’athlètes auraient abandonné après une telle désillusion ? Malonga, elle, a choisi de continuer. Et quelque chose me dit que, sur les tatamis de Los Angeles, elle aura encore beaucoup à nous apprendre.
- Un exemple de résilience face à l’échec.
- Une inspiration pour concilier sport et maternité.
- Une voix pour une approche plus humaine du haut niveau.
En attendant 2028, Madeleine Malonga savoure chaque instant de sa nouvelle vie. Et si le judo lui a appris une chose, c’est que les plus beaux combats sont ceux qu’on choisit de mener, contre vents et marées.
