Vous vous souvenez forcément de ce son qui tournait en boucle il y a quelques années, cette voix rauque qui racontait la rue sans filtre. Maes était partout. Et puis plus rien, ou presque. Le silence, Dubaï, quelques stories énigmatiques… Jusqu’à cette nuit où tout a basculé, encore une fois.
Sept ans ferme : le verdict qui fait trembler le rap game
Dans la nuit du 25 au 26 novembre 2025, la cour d’appel de Tanger a tranché. Walid Georgey, plus connu sous le nom de Maes, prend sept ans de prison ferme. Les chefs d’accusation donnent le vertige : constitution de bande criminelle, tentative d’enlèvement et de séquestration, incitation à commettre des crimes graves. Derrière les termes juridiques, une réalité bien plus brutale : le rappeur aurait commandité l’assassinat d’un rival à Marrakech via un gang et un tueur à gages.
Le plan aurait été déjoué de justesse après une agression ratée à Tanger. Onze personnes impliquées, des peines allant jusqu’à dix ans. Maes, lui, était en détention préventive depuis onze mois. Onze mois à attendre un verdict qui vient de tomber comme un coup de massue.
« Le dossier est vide, aucune preuve concrète ne lie mon client aux faits reprochés »
Son avocat, lors du procès
De Sevran à Casablanca : la descente express
Revenons un peu en arrière. Tout commence vraiment en 2020. À cette époque, Maes est au sommet. Troisième rappeur le plus streamé de France, albums certifiés platine, collaborations prestigieuses. Sevran, sa ville, le porte aux nues. Et puis la rue rattrape l’artiste.
Des tentatives de racket, des menaces, la pression monte. Un jour, ça explose : fusillade en pleine rue. Maes aurait riposté. Conséquence ? Il quitte la France avec femme et enfants, direction Dubaï. L’exil doré, comme tant d’autres avant lui. Sauf que là, ça ne s’arrête pas là.
L’assassinat de son manager en France aurait été la goutte d’eau. Selon les enquêteurs marocains, c’est à ce moment-là que Maes aurait décidé de régler ses comptes définitivement. Direction le Maroc, pays d’origine de sa famille, pensant peut-être y être plus tranquille. Grossière erreur.
Un mandat d’arrêt français qui change tout
Ce que peu de gens savaient à l’époque, c’est qu’un mandat d’arrêt international pesait déjà sur lui. Délivré par la justice française pour des violences en réunion datant de 2018 (sortie de studio à Paris). En 2024, il avait d’ailleurs été condamné par contumace à dix mois de prison.
Janvier 2025. Maes quitte les Émirats pour le Maroc. Mauvais timing : une visite officielle française est prévue à Dubaï, et les autorités émiraties coopèrent de plus en plus avec Paris sur les extraditions. Panique à bord. Casablanca devient la nouvelle destination. À peine arrivé, il est interpellé. Rideau.
- Janvier 2025 → Arrestation à Casablanca
- 11 mois de détention préventive
- Nuit du 25 au 26 novembre → Verdict : 7 ans ferme
- 11 co-accusés jugés en même temps
Le rap français, entre gloire et piège mortel
Franchement, cette affaire dépasse le simple fait divers. Elle raconte quelque chose de plus profond sur le rap français actuel. Quand tu viens de quartier, que tu réussis à t’en sortir par la musique, la rue ne te lâche jamais totalement. Certains arrivent à couper les ponts. D’autres, non.
On l’a vu avec Booba et Kaaris à Orly, avec Rohff et ses histoires, avec MHD condamné pour homicide… Le succès attire les jalousies, les vieilles rancunes remontent, et parfois, ça finit mal. Très mal.
Maes, c’était le gamin de Sevran qui avait tout : le flow, le charisme, les chiffres. Il vendait du rêve. Mais derrière les clips à Dubaï et les montres à six chiffres, il y avait toujours cette épée de Damoclès. La rue, les dettes, les histoires qui ne se règlent pas avec des tweets.
« Quand t’as goûté à la rue, elle te recrache jamais vraiment »
Un proche du milieu rap, sous couvert d’anonymat
Que va-t-il se passer maintenant ?
Ses avocats ont déjà annoncé faire appel. Ils parlent d’un dossier « monté de toutes pièces », de témoignages douteux, d’absence de preuves matérielles. Possible que la peine soit réduite, ou même annulée en cassation. Mais pour l’instant, Maes reste derrière les barreaux au Maroc.
Et la France ? Le mandat d’arrêt est toujours actif. S’il sort un jour, il risque d’être extradé immédiatement. Double peine en vue ? C’est fort probable.
Côté carrière, c’est la douche froide. Les plateformes de streaming vont-elles garder ses titres en playlist ? Les marques vont-elles couper les contrats ? Et les fans, vont-ils continuer à écouter quelqu’un condamné pour des faits aussi graves ? L’avenir nous le dira.
Une histoire qui dépasse le simple rappeur
Ce qui me frappe le plus dans cette affaire, c’est à quel point elle illustre le fossé entre l’image et la réalité. Sur Instagram, c’était jets privés et hôtels 7 étoiles. Dans la vraie vie, c’était peur permanente, armes, et aujourd’hui, prison.
On peut juger, dire qu’il n’avait qu’à rester tranquille. Mais quand tu grandis dans certains quartiers, que la réussite attire les vautours, que ton manager se fait tuer… Est-ce qu’on a vraiment le choix parfois de tout couper net ? Je ne justifie rien, attention. Je constate, c’est tout.
Au final, l’histoire de Maes, c’est un peu celle d’Icare. Il s’est brûlé les ailes en voulant voler trop près du soleil. Sauf que là, le soleil, c’était la rue qu’il n’a jamais vraiment quittée.
Au moment où j’écris ces lignes, les réseaux s’enflamment. Certains crient au complot, d’autres au karma. Moi, je me dis juste qu’on vient d’assister à la fin d’une époque. Celle où le rap français pensait pouvoir tout se permettre. La réalité rattrape toujours. Toujours.
Affaire à suivre, évidemment. Car avec Maes, on n’est jamais au bout des surprises.
