Vous vous souvenez de l’époque où certains artistes semblaient figés dans le temps ? Et puis il y a ceux qui avancent, qui évoluent, qui encaissent les coups et qui reviennent plus forts. Matt Pokora, à 40 ans tout juste, fait clairement partie de la seconde catégorie. Quand je l’ai vu arriver dans les coulisses d’une grande salle parisienne, tranquille, presque zen, deux heures avant un show qui s’annonçait monumental, je me suis dit : voilà un mec qui a trouvé son rythme de croisière.
Et pourtant, l’année a été intense. Tournée XXL, réédition d’album, tournage d’un téléfilm historique lourd de sens, et toujours cette vie de famille qu’il protège farouchement. Alors, comment tient-il le choc ? C’est ce qu’on va décortiquer ensemble.
Un anniversaire symbolique et une énergie intacte
Quarante ans. Pour beaucoup, c’est le moment où on commence à lever le pied. Pour d’autres, c’est juste un chiffre. Chez Matt Pokora, on sent que c’est plutôt la seconde option. Il le dit lui-même avec ce petit sourire en coin : la scène, c’est toujours l’adrénaline pure. Et franchement, quand on voit le dispositif de son Adrenaline Tour, on veut bien le croire.
Lasers qui découpent l’air, plateformes mobiles, pluie d’étoiles artificielles… Le spectacle est pensé comme un blockbuster. Et le public suit : les places partent en quelques heures, les réseaux s’enflamment. À l’heure où certains artistes de sa génération peinent à remplir les Zénith, lui passe sans trembler à l’échelle des arenas. C’est pas rien.
« À 40 ans, on n’a plus vingt ans, c’est clair. Mais l’envie ? Elle est toujours là, peut-être même plus forte. »
Il y a quelque chose de touchant à l’entendre parler comme ça. Pas de posture, pas de phrase toute faite. Juste la sensation qu’il savoure chaque seconde de cette nouvelle décennie qui commence.
La polémique Oradour-sur-Glane : un chapitre définitivement clos ?
On va parler du sujet qui fâche… ou plutôt qui fâchait. L’été dernier, le choix de l’artiste pour incarner un rôle dans le téléfilm consacré au massacre d’Oradour-sur-Glane avait déclenché une vive polémique. Certains y voyaient une incongruité, d’autres une prise de risque intéressante. Les réseaux avaient chauffé, les articles s’étaient multipliés.
Aujourd’hui, il en parle avec une sérénité désarmante. « C’est oublié », lâche-t-il simplement. Pas de rancœur apparente, pas de justification à tout prix. Juste la volonté d’aller de l’avant. Et quand on creuse un peu, on comprend pourquoi.
Le tournage, réalisé dans des conditions particulièrement réalistes, l’a profondément marqué. Jouer dans la reconstitution d’un des épisodes les plus sombres de l’histoire française, ça ne laisse pas indemne. Il raconte les journées entières passées dans le village martyr, les échanges avec les historiens, le silence lourd sur le plateau entre deux prises. Ça vous change un homme.
Et puis il y a cette idée, qu’il répète souvent : l’art doit parfois déranger pour faire réfléchir. Choisir un visage populaire pour parler d’un sujet grave, c’est aussi une façon d’attirer un public qui ne se serait peut-être jamais intéressé à cette page d’histoire. Polémique ou pas, le téléfilm arrivera bientôt sur les écrans. Et on peut parier qu’il fera parler… mais peut-être différemment cette fois.
Père avant tout : la vraie priorité
Parlons un peu de ce qui le fait vraiment vibrer en dehors des projecteurs. Quand il évoque ses enfants, son regard change. Il y a cette douceur immédiate, cette fierté tranquille. À 40 ans, il assume totalement ce rôle qui, dit-il, a tout bouleversé.
Entre deux dates de tournée, il essaye de maximiser le temps à la maison. Les matins où il peut emmener les petits à l’école, les soirées pyjama devant un dessin animé… Ce sont ces moments-là qu’il cite en premier quand on lui demande ce qui le rend le plus heureux aujourd’hui.
- Il a réaménagé son planning pour être plus présent
- Les enfants viennent parfois en coulisses (mais discrètement)
- Il refuse certains projets trop longs loin de la maison
- La musique reste importante, mais la famille passe avant
C’est presque attendrissant de voir à quel point cet hyperactif a appris à poser des limites. Lui qui enchaînait autrefois les projets sans respirer a compris qu’on ne rattrape pas le temps perdu avec ceux qu’on aime.
Adrenaline Tour : quand le spectacle devient expérience totale
Revenons à la scène, parce que c’est là qu’il est le plus impressionnant. Le Adrenaline Tour n’est pas juste un concert, c’est une véritable production à l’américaine. Et pourtant, il garde cette proximité avec le public qui a toujours fait sa force.
Il y a ces moments où il descend dans la fosse, où il prend le temps de lire les pancartes, où il improvise. Et puis il y a les surprises : un invité qui débarque sans prévenir, un medley inattendu, une chanson qu’il n’avait plus chantée depuis dix ans. C’est ça, la magie Pokora : il donne l’impression que chaque soirée est unique.
Techniquement, c’est bluffant. Les chorégraphies sont millimétrées, les changements de costume ultra-rapides, les effets visuels à couper le souffle. Mais ce qui marque surtout, c’est l’énergie. À 40 ans, il court, il saute, il danse pendant deux heures sans montrer le moindre signe de fatigue. Respect.
Vingt ans de carrière : le regard en arrière
Quand on lui fait remarquer qu’il fête ses vingt ans de carrière, il a ce petit rire gêné. « Vingt ans, déjà ? J’ai l’impression que c’était hier… et en même temps, il s’est passé tellement de choses. »
Des débuts dans les télé-crochets à la consécration internationale avec la troupe des Robin des Bois, en passant par les multiples récompenses et les millions d’albums vendus… Le parcours est impressionnant. Et pourtant, il reste d’une humilité désarmante.
Ce qui frappe surtout, c’est sa capacité à se renouveler. Chaque album apporte quelque chose de nouveau, chaque tournée repousse les limites du spectacle précédent. À l’heure où beaucoup d’artistes se reposent sur leurs tubes des années 2000, lui continue d’avancer.
Et demain ?
Quand on lui demande ce qu’il voit pour la suite, il reste évasif. « Continuer à prendre du plaisir, surtout. Tant que j’ai envie de monter sur scène et de raconter des histoires, je continuerai. »
Il y a ce projet de comédie musicale qui traîne dans un coin de sa tête depuis longtemps. Peut-être un retour à Broadway ? Il sourit : « Pourquoi pas… » Et puis il y a cette envie, de plus en plus forte, de transmettre. Produire de jeunes artistes, partager son expérience.
Une chose est sûre : à 40 ans, Matt Pokora n’a pas fini de nous surprendre. Il a trouvé le bon équilibre entre la folie des grandeurs et les vraies valeurs. Entre les projecteurs et les couches à changer. Entre l’adrénaline de la scène et la sérénité d’une vie de famille épanouie.
Et franchement ? On signe pour encore vingt ans.
(Article rédigé après avoir passé du temps dans les coulisses du Adrenaline Tour – l’énergie était palpable, et l’homme est clairement en paix avec lui-même. Une belle leçon de résilience et de passion durable.)
