Imaginez un fugitif, surnommé La Mouche, qui échappe à la justice pendant neuf mois, glissant entre les mailles du filet policier à travers l’Europe. Comment un homme traqué par des centaines d’enquêteurs peut-il disparaître si longtemps ? L’histoire de Mohamed Amra, arrêté en février 2025 à Bucarest, est digne d’un thriller. Ce n’est pas seulement l’histoire d’une évasion spectaculaire, mais aussi celle d’un réseau de complicités, d’une traque acharnée et d’une arrestation qui soulève autant de questions qu’elle apporte de réponses.
Une Évasion Sanglante qui Secoue la France
Le 14 mai 2024, la France est sous le choc. Au péage d’Incarville, dans l’Eure, un fourgon pénitentiaire est attaqué par un commando armé. Des hommes cagoulés, équipés de fusils d’assaut, libèrent un détenu : Mohamed Amra. Deux agents pénitentiaires perdent la vie, trois autres sont blessés. Cet assaut, filmé par une caméra de surveillance, marque le début d’une cavale qui tiendra les autorités en haleine pendant neuf mois. Mais qui est cet homme, capable d’orchestrer une évasion aussi violente ?
L’attaque était d’une violence inouïe, un acte préparé avec une précision militaire.
– Un enquêteur proche du dossier
Amra, 30 ans, originaire de Rouen, n’est pas un délinquant ordinaire. Connu sous le surnom de La Mouche, il est soupçonné d’être à la tête d’un réseau de narcotrafic en Normandie et d’avoir commandité des crimes, dont des enlèvements et des assassinats, depuis sa cellule. Déjà condamné à 13 reprises, son profil de multirécidiviste en fait une cible prioritaire pour la justice française. Mais comment a-t-il pu organiser une évasion aussi audacieuse ?
Un Plan Minutieusement Préparé
L’évasion d’Amra n’était pas un coup de tête. Selon les enquêteurs, le plan était en gestation depuis des semaines. Une tentative initiale, prévue le 7 mai 2024, avait échoué après l’intervention de la gendarmerie, alertée par une voisine suspicieuse. Furieux, Amra aurait même tenté de scier les barreaux de sa cellule le soir même. Une semaine plus tard, le commando passe à l’action avec une efficacité redoutable. Ce niveau de préparation soulève une question : qui étaient les complices derrière cet assaut ?
- Une attaque au péage d’Incarville, filmée et planifiée.
- Des complices armés, organisés comme un commando militaire.
- Un échec préalable, révélant une détermination sans faille.
Ce qui frappe, c’est la logistique. Des drones avaient survolé la prison d’Évreux avant l’attaque, probablement pour repérer les lieux. Les complices, dont certains sont soupçonnés d’appartenir à une organisation criminelle surnommée la Black Manjak Family, ont mobilisé des armes lourdes, dont une kalachnikov. Cette organisation, inspirée de réseaux criminels américains, serait liée au trafic de drogue et même au monde du rap. Franchement, on dirait un scénario tout droit sorti d’un film d’action.
Une Cavale à Travers l’Europe
Après l’attaque, Amra disparaît. La France mobilise plus de 300 enquêteurs, et Interpol émet une notice rouge diffusée dans 195 pays. La traque devient internationale. Pendant neuf mois, les autorités suivent des pistes en Espagne, aux Pays-Bas, au Maroc, et même en Thaïlande. Mais c’est en Roumanie, à Bucarest, que la cavale prend fin. Comment un fugitif aussi recherché a-t-il pu rester sous les radars si longtemps ?
Amra arrive à Bucarest le 8 février 2025, sous une fausse identité. Il loue un appartement dans un quartier chic, avec l’aide d’un complice présumé, un Albanais de 23 ans nommé Oltjon O. Ce dernier, interrogé par la justice française, jure n’avoir pas su qu’il aidait La Mouche. « Il portait des lunettes, un masque, une capuche… Je ne l’ai pas reconnu », a-t-il plaidé, en larmes, devant une magistrate. Vraiment crédible ? À mon avis, c’est une défense qui sent un peu la panique.
Je ne savais pas que c’était lui. J’ai juste loué un appartement pour quelqu’un.
– Oltjon O., complice présumé
Pour échapper à la police, Amra change d’apparence : cheveux teints en roux, barbe assortie, grosses lunettes. Il prévoit même une opération de chirurgie esthétique avant de s’envoler pour la Colombie. Mais les enquêteurs, grâce à une analyse minutieuse de sa téléphonie, le localisent. Le 22 février 2025, il est arrêté à la sortie d’un taxi, près d’un centre commercial de Bucarest. La police roumaine, en collaboration avec les autorités françaises, frappe vite et fort.
Le Rôle des Complices : Un Réseau Bien Huilé
L’arrestation d’Amra n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans les 48 heures qui suivent, 24 personnes sont placées en garde à vue à travers l’Europe. Huit interpellations ont lieu en France, notamment à Évreux et Rouen, où Amra a grandi. D’autres suspects sont arrêtés en Espagne, aux Pays-Bas, et au Maroc. Parmi eux, un homme surnommé Prof, soupçonné d’être le chef du commando ayant attaqué le fourgon. Ce dernier, retranché dans une villa à Malaga, possédait un arsenal incluant un fusil à pompe et un brouilleur d’ondes.
| Pays | Nombre d’interpellations | Rôle présumé |
| France | 8 | Préparation et exécution de l’évasion |
| Espagne | 1 | Chef du commando |
| Pays-Bas | 1 | Complicité dans la cavale |
| Maroc | 2 | Soutien logistique |
Ce vaste coup de filet révèle l’ampleur du réseau qui soutenait Amra. Des armes, des faux papiers, et même des planques à l’étranger : tout était organisé pour protéger le fugitif. Certains suspects, âgés de 22 à 37 ans, auraient joué des rôles clés, de la planification de l’attaque à la dissimulation d’Amra. Ce qui m’impressionne, c’est la coordination internationale. Comment un réseau criminel peut-il être aussi structuré ?
Une Extradition sous Haute Surveillance
Le 23 février 2025, Amra est présenté à un juge roumain. Souriant, menotté, il accepte d’abord son extradition vers la France, avant de faire appel, arguant qu’il est victime d’une erreur judiciaire. Sa requête est jugée irrecevable. Le 26 février, il est transféré à bord d’un avion Falcon, escorté par le GIGN, et atterrit à Villacoublay. Direction : la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, où il est placé à l’isolement.
Amra est mis en examen pour une liste impressionnante de chefs d’accusation : meurtres, tentative de meurtres, évasion en bande organisée, vol, recel, et association de malfaiteurs. Face au juge, il garde le silence. Son avocate roumaine, Maria Marcu, clame son innocence : « Il veut prouver qu’il n’est pas coupable. » Mais les preuves s’accumulent, et les familles des victimes, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, expriment un soulagement prudent.
Cette arrestation est un premier pas vers la justice, mais nous attendons que tous les responsables soient jugés.
– Avocats des familles des victimes
Les Leçons d’une Traque Hors Norme
Cette affaire met en lumière plusieurs failles. Un rapport officiel a pointé un déficit de communication entre les autorités judiciaires et pénitentiaires, qui n’avaient pas classé Amra comme un détenu particulièrement dangereux. Résultat ? Une escorte insuffisante lors de son transfert. Depuis, le ministre de la Justice a proposé un nouveau régime de détention pour les narcotrafiquants, inspiré des lois anti-mafia italiennes. Une prison ultra-sécurisée, prévue pour juillet 2025, devrait accueillir les 100 plus gros criminels du pays.
- Renforcer la sécurité des transferts pénitentiaires.
- Améliorer la coordination entre les services.
- Créer des prisons de haute sécurité pour les profils dangereux.
Personnellement, je trouve que cette affaire pose une question plus large : jusqu’où les réseaux criminels peuvent-ils aller pour protéger leurs leaders ? La sophistication de l’évasion et de la cavale d’Amra montre à quel point le narcotrafic est devenu une industrie organisée, défiant les frontières et les institutions.
Et Maintenant, Quelle Justice ?
Amra est désormais derrière les barreaux, mais l’enquête est loin d’être terminée. Avec 38 personnes mises en examen, les auditions et l’analyse des téléphones saisis pourraient révéler d’autres complices. La Black Manjak Family est dans le viseur des enquêteurs, qui soupçonnent des liens avec des réseaux plus vastes. La justice française, sous pression, devra démontrer qu’elle peut démanteler ce type d’organisation.
Pour les familles des victimes, l’arrestation d’Amra est un premier pas, mais pas une fin. « C’est un soulagement, mais la douleur reste », confient leurs avocats. Quant à Amra, il clame son innocence, mais son silence face au juge ne joue pas en sa faveur. L’aspect le plus fascinant, à mes yeux, est cette tension entre la traque d’un homme et celle d’un système criminel bien plus large.
Un Symbole du Combat Contre le Narcotrafic
L’histoire de Mohamed Amra n’est pas qu’un fait divers. Elle incarne les défis auxquels font face les autorités face à la montée du narcotrafic. Une cavale de neuf mois, une évasion sanglante, un réseau international : tout cela montre l’ampleur du problème. Mais l’arrestation d’Amra, fruit d’une coopération européenne exemplaire, envoie aussi un message : personne n’est intouchable.
Alors, que retenir de cette affaire ? D’abord, la détermination des enquêteurs, qui ont traqué Amra sans relâche. Ensuite, la nécessité de repenser la sécurité pénitentiaire. Enfin, une question qui me trotte dans la tête : combien d’autres Mouches se cachent encore dans l’ombre, prêtes à défier la justice ? Une chose est sûre : cette histoire n’a pas fini de faire parler d’elle.
En attendant les prochaines révélations, l’affaire Amra reste un symbole. Un symbole de la lutte acharnée contre le crime organisé, mais aussi des failles qu’il faut combler pour que justice soit faite. Et vous, que pensez-vous de cette traque ? La justice parviendra-t-elle à démanteler tout le réseau ?
