Il y a des histoires qui vous prennent aux tripes dès le premier instant. Celle de Nadège Klopcic en fait partie. Une mère de famille ordinaire, un dimanche qui commence comme tant d’autres dans le Var, et puis plus rien. Un corps retrouvé une semaine plus tard près des rails, et des questions qui tournent en boucle dans la tête de tout le monde. Et si c’était arrivé à quelqu’un qu’on aime ?
On se dit souvent que les drames, ça n’arrive qu’aux autres. Et puis un jour, une affaire comme celle-ci nous rappelle à quel point la vie peut basculer en quelques minutes. Aujourd’hui, l’autopsie a parlé. Et ce qu’elle dit change tout.
Un accident confirmé, mais un goût d’inachevé
Lundi dernier, les résultats médico-légaux sont tombés. Nadège Klopcic, 41 ans, a été percutée par un train au niveau du bassin. Le choc, même s’il n’a pas été frontal, a été fatal. La procureure adjointe de Draguignan l’a dit clairement : « Rien ne permet d’aller dans un autre sens que celui de l’accident ». La piste criminelle est officiellement écartée.
Pourtant, on sent bien que cette conclusion, aussi officielle soit-elle, laisse un vide. Parce que derrière les mots froids du rapport d’autopsie, il y a une femme, une mère, une compagne. Et une foule de « pourquoi » qui restent sans réponse.
Retour sur ce funeste dimanche 9 novembre
Reprenons depuis le début. Ce dimanche-là, Nadège passe l’après-midi avec son compagnon Fabrice, le fils de celui-ci et des amis dans le secteur de Pignans. Une journée banale, presque joyeuse. Sauf que sur le trajet du retour, tout dérape.
Nadège est au volant. Elle heurte un terre-plein. Rien de grave a priori, mais la voiture est immobilisée. Une dépanneuse est appelée. Et c’est là que les choses se tendent. Des témoins parleront plus tard d’une dispute. Rien de violent, disent-ils, juste des mots qui montent, des reproches. Apparemment, c’était le cinquième accident de l’année pour Nadège. Forcément, ça use.
Pendant que la famille attend, Nadège appelle une amie à plusieurs reprises. Elle lui envoie même sa géolocalisation. « Viens me chercher », répète-t-elle. L’amie s’inquiète, propose de venir. Mais à 17h54, Nadège rappelle : « C’est bon, ne t’inquiète pas, on prend le train tous ensemble ». Et elle raccroche. C’est le dernier contact.
Elle avait l’air pressée de raccrocher. Comme si elle ne voulait pas que quelqu’un entende la conversation.
– Une proche de la victime
La gare de Pignans, dernier lieu où elle a été vue vivante
Le petit groupe arrive à la gare de Pignans. Il fait nuit, il fait froid. Un témoin se souviendra avoir vu le couple se disputer une nouvelle fois sur le quai. Rien de bien méchant, mais assez pour que Nadège craque. Vers 18 heures, elle tourne les talons et part à pied. Pas sur la route. Non. Elle longe les voies ferrées, sans sortir de l’enceinte de la gare.
Et puis… plus personne ne la reverra vivante.
Fabrice et son fils montent dans le train. Ils rentrent sans elle. Quelques heures plus tard, inquiet, le compagnon signale la disparition. Les gendarmes prennent l’affaire au sérieux immédiatement. Le téléphone de Nadège borne encore vers 20 heures près des voies, dans un rayon de deux kilomètres. Et puis plus rien. Le portable ne bouge plus.
Une battue citoyenne et une découverte tragique
Les jours passent. L’angoisse monte. Les proches organisent une battue citoyenne le mardi matin. Des dizaines de personnes ratissent la zone. Et en début d’après-midi, l’impensable : le corps de Nadège est retrouvé à Carnoules, à environ deux kilomètres de la gare de Pignans. Allongé près des rails.
À ce moment-là, tout le monde pense au pire. Un crime ? Un règlement de comptes ? L’ombre d’un féminicide plane. Les gendarmes ouvrent une enquête pour disparition inquiétante, puis très vite pour des faits plus graves. Le compagnon est entendu longuement. On scrute son emploi du temps, ses messages, ses appels.
Pendant une semaine, le Var retient son souffle.
Ce que dit vraiment l’autopsie
Et puis lundi, la vérité médicale tombe. Pas de traces de violence antérieure. Pas de coups, pas de strangulation, rien qui indique une intervention tierce. Nadège a été percutée au niveau du bassin. Le choc l’a projetée, elle est morte sur le coup ou peu après.
- Impact latéral, pas frontal
- Aucune lésion défensive
- Aucun signe de lutte
- Toxicologie en cours, mais rien d’anormal attendu
En clair : elle marchait le long des rails, dans l’obscurité, un train est passé, et le drame s’est produit. Peut-être l’effet de succion bien connu des trains à grande vitesse. Peut-être un simple déséquilibre. Peut-être les deux.
Comment l’accident a-t-il pu arriver ? A-t-elle été aspirée ? A-t-elle trébuché ? Pourquoi marchait-elle là ?
– La procureure adjointe, lors de sa communication
Les dangers méconnus des abords de voies ferrées
Franchement, combien d’entre nous se sont déjà promenés près des rails en pensant que c’était sans risque ? Moi le premier. On se dit que tant qu’on ne marche pas sur les voies, il n’y a pas de danger. Grave erreur.
Un train qui passe à 100 km/h crée une dépression phénoménale. L’effet de succion peut littéralement vous attirer vers les rails si vous êtes trop près. Et dans le noir, avec le bruit, la fatigue, l’émotion… un pas de travers et c’est fini.
Cette affaire rappelle cruellement celles qu’on voit parfois dans les journaux : des ados qui prennent des selfies, des promeneurs avec leur chien, des gens qui coupent à travers les voies pour gagner du temps. Et parfois, ça finit mal. Très mal.
Une famille brisée et des questions qui restent
Aujourd’hui, la thèse accidentelle est actée. Fabrice n’est plus suspect. Il est juste un homme qui a perdu la femme qu’il aimait dans des circonstances absurdes. Et il doit vivre avec ça. Avec cette dernière dispute. Avec ce train pris sans elle. Avec ces mots qu’on n’aurait peut-être pas dû dire.
Les enfants, les amis, la famille… tout le monde essaie de faire son deuil. Mais c’est compliqué quand on n’a pas toutes les réponses. Quand on se dit que si seulement elle avait pris la voiture avec le dépanneur, si seulement elle était montée dans le train, si seulement…
La vie est faite de ces « si seulement » qui vous rongent pendant des années.
Ce que cette histoire nous dit de nous
Au-delà du drame personnel, il y a quelque chose de plus grand. Cette histoire parle de nos fragilités à tous. De ces moments où, sous le coup de l’émotion, on prend des décisions qu’on regrettera toute sa vie. Partir seule dans la nuit. Marcher près des rails. Refuser l’aide qu’on nous tend.
Elle parle aussi de la chance qu’on a, parfois, de rentrer chez soi le soir. Et de ceux qui n’ont pas cette chance.
Nadège Klopcic n’était pas une héroïne de film. C’était une femme comme vous et moi. Avec ses joies, ses galères, ses disputes de couple, ses accidents de voiture à répétition. Et un jour, tout s’est arrêté. Brutalement. Absurdement.
Alors oui, l’autopsie a tranché. C’était un accident. Mais pour ceux qui restent, la douleur, elle, ne s’éteindra jamais complètement.
Repose en paix, Nadège.
