Vous est-il déjà arrivé de lire une information et de sentir, au fond de vous, une colère sourde se réveiller ? C’est exactement ce que j’ai ressenti en découvrant le dernier rebondissement dans cette affaire qui traîne depuis sept longues années. Une adolescente de 17 ans fauchée sur le bord d’une route, un conducteur qui disparaît dans la nature, puis qui réapparaît… et qui, finalement, se fait arrêter ivre au volant. Comme si le destin s’acharnait à remuer le couteau dans une plaie jamais refermée.
Cette histoire, c’est celle de Tessa, une lycéenne pleine de vie qui rentrait simplement chez elle ce soir de décembre 2018. Et c’est aussi celle d’un homme qui, des années plus tard, semble incapable de tirer un trait sur ses démons. Suivez-moi, je vous raconte tout, sans filtre.
Un drame qui refuse de s’éteindre
Décembre 2018, quelque part en Loire-Atlantique. Il fait nuit, il pleut probablement – comme souvent dans ces récits tragiques. Tessa marche sur le bas-côté. Une voiture arrive à vive allure. Le choc est violent. La jeune fille est projetée. Le conducteur ne s’arrête pas. Il fuit. Et pendant près de cinq ans, personne ne sait qui il est.
Pendant cinq ans, les parents vivent avec un fantôme. Ils posent des affiches, lancent des appels, dorment à peine. La mère de Tessa finit par passer dans une émission télévisée grand public. Et là, miracle ou cauchemar : des témoins se manifestent. L’homme avait parlé, un soir d’ivresse, à des connaissances. Il avait décrit la scène. La silhouette qui tombe dans le rétroviseur. Le choc. La panique.
Juin 2023. Les gendarmes frappent enfin à la bonne porte. L’individu est identifié, interpellé, mis en examen pour homicide involontaire aggravé par délit de fuite. La justice le place en détention provisoire. On se dit que, peut-être, la page va pouvoir se tourner.
La libération sous contrôle judiciaire : un goût amer
Mais en février 2024, surprise. Le suspect est remis en liberté sous contrôle judiciaire. Parmi les obligations : l’interdiction formelle de conduire tout véhicule à moteur. Logique, direz-vous, quand on connaît les circonstances du drame.
Pour les proches de Tessa, c’est un uppercut. Comment peut-on laisser sortir quelqu’un qui a fui après avoir tué ? Je ne vais pas jouer les juges ici, mais avouez que la pilule est dure à avaler.
« Je ne comprends pas. Il a détruit notre vie et il peut reprendre la sienne comme si de rien n’était ? »
– Une phrase que l’on imagine facilement dans la bouche de n’importe quel parent dans cette situation
Octobre 2025 : le diable est dans les détails… et dans l’alcool
Avance rapide jusqu’au 19 octobre dernier. En Vendée, un contrôle routier banal. Un homme au volant, qui titube un peu en descendant de voiture. L’éthylotest est formel : près de 2 grammes d’alcool par litre de sang. Délit caractérisé.
Et là, stupeur : c’est lui. Le même homme. Celui qui n’avait pas le droit de toucher un volant. Celui dont la vie est suspendue à un futur procès pour la mort d’une adolescente.
Quelques jours plus tard, le juge des libertés et de la détention révoque le contrôle judiciaire. Direction la maison d’arrêt. Retour à la case prison, sans passer par la case départ.
La réaction déchirante de la mère de Tessa
Quand la nouvelle tombe, la maman de Tessa craque. Sur la page dédiée à la mémoire de sa fille, elle écrit des mots qui vous prennent aux tripes :
« Lire qu’il était au volant ivre me fait plonger. Cela exprime à quel point il est abîmé par cette vie. À la fois, je suis soulagée qu’il n’y ait pas eu d’autres accidents. Heureusement d’ailleurs. Je ne l’aurais pas supporté. »
Vous avez lu ça ? Elle arrive encore à ressentir de la compassion pour l’homme qui a détruit sa famille, tout en étant terrifiée à l’idée qu’il aurait pu tuer à nouveau. C’est ça, le vrai visage du deuil : un mélange explosif de rage, de tristesse et parfois, malgré soi, d’humanité.
L’alcool, ce fil rouge tragique
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la récurrence de l’alcool. Le suspect avait déjà confié, lors de soirées trop arrosées, ce qu’il avait fait. C’est d’ailleurs comme ça qu’il a été confondu. Et aujourd’hui, c’est encore l’alcool qui le ramène derrière les barreaux.
Est-ce une addiction ? Une façon d’oublier ? Une incapacité à faire face ? On ne sait pas tout. Mais une chose est sûre : l’alcool au volant tue, et il tue encore plus cruellement quand il touche des familles déjà brisées.
- En France, l’alcool est responsable d’environ 30 % des accidents mortels sur les routes.
- Un conducteur avec 2 g/l d’alcool dans le sang multiplie par plus de 20 le risque d’accident mortel.
- Les jeunes de 18-24 ans restent les plus touchés, comme victimes… et parfois comme auteurs.
Des chiffres qui font froid dans le dos quand on les remet dans le contexte de cette affaire.
Et maintenant ? Vers un procès tant attendu
Aujourd’hui, l’homme est à nouveau incarcéré. Le dossier doit être renvoyé devant le tribunal correctionnel – ou peut-être criminel, selon la qualification finale. Sept ans après les faits, un procès se profile enfin.
Mais pour les parents de Tessa, le temps s’est arrêté en 2018. Chaque rebondissement rouvre la blessure. Chaque article de presse est une épreuve. Et pourtant, ils tiennent bon. Pour que justice soit rendue. Pour que plus jamais une autre Tessa ne soit fauchée sur le bord d’une route.
Ce que cette affaire nous dit de notre société
Derrière le fait divers, il y a des questions plus larges. Sur la lenteur de la justice parfois. Sur la récidive liée à l’alcool. Sur notre capacité collective à protéger les plus vulnérables – ces piétons, ces jeunes qui rentrent à pied le soir.
J’ai parfois l’impression qu’on s’habitue à ces drames. Qu’un accident mortel, même avec fuite, même avec alcool, même avec récidive… finit par devenir une ligne dans un journal. Mais non. Derrière chaque ligne, il y a une vie volée. Une famille détruite.
Alors oui, cette nouvelle incarcération est une forme de justice. Mais elle arrive bien tard. Et elle ne ramènera jamais Tessa à ses parents, à ses amis, à ceux qui l’aimaient.
Je termine cet article avec un goût amer dans la bouche. Parce que cette histoire n’aurait jamais dû exister. Parce qu’une jeune fille de 17 ans devrait être en train de vivre sa vie, pas de reposer sous une plaque funéraire.
Et parce que, quelque part, on a tous une part de responsabilité. Quand on ferme les yeux sur un ami qui prend le volant après avoir bu. Quand on trouve que les sanctions ne sont « pas si graves ». Quand on oublie que la route n’est pas un jeu.
Repose en paix, Tessa. Et que cette affaire, enfin, aboutisse à quelque chose qui ressemble à une forme d’apaisement pour ceux qui t’aiment encore.
