Ce matin-là, sous une pluie battante, j’ai vu des silhouettes converger vers un rond-point à Dreux, pancartes à la main, regards déterminés. C’était le 10 septembre 2025, une journée marquée par une mobilisation nationale baptisée Bloquons tout. En Eure-et-Loir, la grogne citoyenne a pris forme, portée par une indignation palpable et un besoin urgent de se faire entendre. Ce n’était pas juste une manifestation de plus, mais un cri collectif, un mélange de colère et d’espoir, comme si le passé – pensez aux Gilets jaunes – ressurgissait avec une nouvelle vigueur.
Une Journée de Mobilisation sous Tension
Le 10 septembre, l’Eure-et-Loir s’est réveillé avec une énergie particulière. Dès l’aube, des citoyens, militants syndicaux et habitants lambda se sont réunis pour faire entendre leurs voix. Ce n’était pas une grève classique, mais un mouvement plus large, où les frustrations du quotidien – pouvoir d’achat en berne, sentiment d’être ignoré par les élites – se sont cristallisées. À Chartres comme à Dreux, les actions symboliques ont marqué les esprits, chacune avec son propre message.
Chartres : Un Blocage Symbolique à l’Aube
Il est 5 heures du matin, et une poignée de militants bravent la pluie pour se poster devant une plateforme logistique majeure. Leur cible ? Un symbole du capitalisme moderne, où les camions chargés de marchandises vont et viennent sans relâche. Ce blocage, bien que bref, n’avait pas pour but de paralyser l’économie, mais de lancer un signal. Symbolique, oui, mais chargé de sens : les citoyens veulent montrer qu’ils peuvent, eux aussi, peser dans la balance.
Ce n’est pas juste une action, c’est un message : on existe, et on ne se taira pas.
– Un militant syndical local
L’opération s’est déroulée sans heurts, dans une ambiance presque solennelle. Les participants, trempés mais résolus, ont échangé des regards complices, conscients que ce moment marquait peut-être le début de quelque chose de plus grand. J’ai trouvé ça frappant, cette capacité à se mobiliser si tôt, sous un ciel aussi gris. Ça montre à quel point la colère est profonde.
Dreux : L’Hôpital, Cœur du Rassemblement
À Dreux, la mobilisation a pris une tout autre ampleur. Deux points de rassemblement ont vu le jour, mais c’est devant l’hôpital que l’émotion était la plus palpable. Organisé par un syndicat local, ce rendez-vous n’avait rien d’un simple happening. Une quarantaine de personnes, pancartes à la main, ont partagé leurs inquiétudes, leurs frustrations, et surtout leur envie de construire un mouvement durable.
Le choix de l’hôpital comme lieu de rassemblement n’était pas anodin. C’est un symbole fort : un lieu où la vie et la mort se croisent, où les luttes du quotidien – accès aux soins, conditions de travail – prennent tout leur sens. Se retrouver là, c’était une manière de dire que les combats sociaux touchent au cœur de la société.
- Échanger : Les manifestants ont discuté des enjeux qui les touchent, du pouvoir d’achat à la défiance envers les institutions.
- Se rassembler : L’objectif était de créer un sentiment d’unité, de briser l’isolement des luttes individuelles.
- Construire : Cette journée n’était qu’un point de départ, un tremplin pour des actions futures.
Certains participants, marqués par des expériences passées, évoquaient l’esprit des Gilets jaunes. D’autres, plus jeunes, découvraient la force d’une mobilisation collective. Ce qui m’a marqué, c’est cette diversité : des retraités aux jeunes actifs, tous unis par un même sentiment d’injustice.
Une Colère qui Vient de Loin
Si le 10 septembre a marqué les esprits, c’est parce qu’il s’inscrit dans un contexte plus large. Les citoyens présents ne se sont pas levés un matin en décidant de tout bloquer. Leur colère couve depuis des années, alimentée par des décisions politiques perçues comme déconnectées. L’une d’elles, mentionnée à plusieurs reprises ce jour-là, concerne une nomination récente au gouvernement, vue par beaucoup comme une provocation.
Certaines décisions politiques, c’est comme un coup de poing dans le ventre. On veut juste qu’on nous écoute.
– Une manifestante à Dreux
Ce sentiment d’être ignoré, je l’ai entendu dans chaque conversation. Les pancartes, souvent improvisées, portaient des messages simples mais percutants : Ras-le-bol, Macron, écoute-nous. Ce n’était pas juste une question de politique, mais un cri du cœur face à un quotidien qui pèse de plus en plus lourd.
Un Écho des Gilets Jaunes ?
Impossible de ne pas voir des parallèles avec les Gilets jaunes. Plusieurs participants y faisaient explicitement référence, comme si ce mouvement, né en 2018, continuait de hanter les esprits. À Dreux, un homme d’une cinquantaine d’années, casquette vissée sur la tête, parlait avec passion de cette période où les ronds-points étaient devenus des lieux de résistance. Ce 10 septembre, on sentait cette même énergie, cette envie de reprendre la parole.
Mais là où les Gilets jaunes avaient parfois manqué d’organisation, ce mouvement semble vouloir s’inscrire dans la durée. Les syndicats, en première ligne, jouent un rôle clé pour structurer la mobilisation. À Dreux, l’un d’eux a insisté sur l’importance de la grève comme outil : bloquer l’économie, c’est là que ça fait mal, disait-il. Une stratégie qui pourrait bien donner un second souffle à la contestation.
| Lieu | Action | Impact |
| Chartres | Blocage symbolique plateforme logistique | Message envoyé aux décideurs |
| Dreux | Rassemblement devant l’hôpital | Unité et élan collectif |
| Dreux | Rond-point des Fenots | Visibilité médiatique |
Et Après ? La Grève Comme Horizon
La journée du 10 septembre n’était qu’un prélude. Les organisateurs, galvanisés par la participation, préparent déjà la suite. Une grève intersyndicale est annoncée pour le 18 septembre, avec un mot d’ordre clair : faire plier l’économie. Les syndicats savent que c’est là que réside leur pouvoir. Mais convaincre les collègues, mobiliser les foules, ça prend du temps. Et pourtant, à voir les visages ce jour-là, on sent que l’élan est là.
Ce qui m’a surpris, c’est l’optimisme prudent des participants. Malgré la pluie, malgré les défis, ils y croient. Et si c’était le début d’un vrai mouvement ? Cette question flottait dans l’air, et elle continue de me trotter dans la tête. Parce qu’au fond, ce n’est pas juste une histoire de pancartes ou de blocages. C’est une histoire de gens qui veulent reprendre le contrôle de leur avenir.
Pourquoi Ça Compte
Ce mouvement, aussi local soit-il, reflète une tendance plus large. Partout en France, des citoyens se lèvent, excédés par le sentiment d’être laissés pour compte. En Eure-et-Loir, cette journée a montré que la colère peut se transformer en action collective. Mais elle a aussi révélé les défis à venir : comment maintenir la flamme ? Comment éviter que la lassitude ne prenne le dessus ?
- Unité : Créer des ponts entre différentes générations et professions.
- Stratégie : Utiliser des actions ciblées, comme la grève, pour maximiser l’impact.
- Visibilité : Faire entendre les revendications au-delà des frontières locales.
En repensant à cette journée, je me dis qu’elle pourrait bien être un tournant. Pas forcément parce qu’elle a tout changé en un jour, mais parce qu’elle a rappelé une vérité simple : quand les gens se rassemblent, ils deviennent une force. Et ça, aucun gouvernement ne peut l’ignorer éternellement.
Le 10 septembre 2025 restera dans les mémoires de l’Eure-et-Loir comme une journée où la pluie n’a pas éteint la colère, mais l’a attisée. À Dreux, à Chartres, les citoyens ont montré qu’ils étaient prêts à se battre pour être entendus. La suite ? Elle dépendra de leur capacité à transformer cette étincelle en un véritable brasier. Et vous, qu’en pensez-vous ? Cette mobilisation peut-elle changer la donne ?
