Imaginez-vous à 19 ans seulement, face à une mairie tenue par le même parti depuis un quart de siècle, et décider de vous lancer. Pas juste pour faire de la figuration, non : avec des idées qui font bondir tout le monde. C’est exactement ce qui se passe en ce moment en Normandie, dans une ville de 13 000 habitants où un étudiant en sciences politiques vient de secouer la campagne des municipales 2026 avant même qu’elle ne commence vraiment.
Franchement, quand on m’a parlé de ce candidat, j’ai d’abord cru à une blague. Puis j’ai écouté ses propositions et… disons que ça mérite qu’on s’y arrête cinq minutes. Parce que derrière l’âge qui fait sourire certains, il y a un discours qui tape là où ça fait mal : la sécurité, le pouvoir d’achat, le rôle des services publics. Et surtout une question qu’on entend rarement : à quoi servent vraiment toutes ces caméras ?
Une candidature qui sort du lot
Il s’appelle Lény Rabotot. Il a 19 ans. Étudiant en sciences politiques. Et il vient de lancer sa liste pour les élections municipales de 2026 à Val-de-Reuil, dans l’Eure. Objectif affiché : mettre fin à vingt-cinq ans de gestion socialiste dans cette commune créée dans les années 1970 pour accueillir les travailleurs des usines pharmaceutiques du coin.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’énergie. Le garçon ne fait pas semblant. Meetings improvisés sur les marchés, vidéos tournées avec son téléphone, porte-à-porte… Il y va. Et il assume complètement son étiquette La France insoumise, sans chercher à la diluer comme certains ont pris l’habitude de le faire à l’échelle locale.
Mais ce qui a vraiment mis le feu aux poudres, c’est une proposition choc : revendre l’ensemble des caméras de vidéosurveillance installées dans la ville. Oui, vous avez bien lu. Toutes.
Les caméras ? « Elles ne servent pas à grand-chose »
Le raisonnement est simple, presque brutal dans sa logique. Ces équipements ont coûté cher – plusieurs centaines de milliers d’euros en achat, installation et maintenance. Et selon lui, les résultats sur la délinquance sont quasi nuls. Pire : elles donnent aux habitants un faux sentiment de sécurité tout en engloutissant de l’argent qui pourrait être utilisé ailleurs.
« On préfère investir dans des êtres humains plutôt que dans des bouts de métal qui filment sans jamais prévenir les délits. »
En revendant le matériel (et en arrêtant les contrats de maintenance), le candidat estime pouvoir récupérer près de 800 000 euros. Une somme rondelette pour une commune de cette taille. Et il a déjà une idée précise de ce qu’il veut en faire.
Police de proximité et présence humaine
Première priorité : exiger de l’État le maintien, voire le renforcement, des effectifs de police nationale. Parce que pour lui, la vraie sécurité, ce n’est pas une caméra perchée à six mètres du sol, c’est un policier qui connaît le quartier, qui discute avec les jeunes, qui peut intervenir avant que les choses ne dégénèrent.
J’avoue que sur ce point, ça fait réfléchir. Combien de fois a-t-on vu des villes multiplier les caméras sans que les habitants se sentent vraiment plus en sécurité ? Parfois, on a même l’impression que plus il y a de caméras, plus on parle d’insécurité. Drôle de paradoxe, non ?
- Des agents qui patrouillent à pied ou à vélo
- Des îlotiers qui connaissent chaque rue et chaque visage
- Une présence visible et quotidienne, pas juste après un fait divers
C’est l’idée. Retour à une police de proximité à l’ancienne, celle qu’on avait avant que tout ne passe par les écrans de contrôle.
Un restaurant populaire municipal : l’autre idée forte
Mais l’argent récupéré ne doit pas seulement aller à la sécurité. Le candidat veut aussi créer ce qu’il appelle un restaurant populaire municipal. L’idée ? Ouvrir les cantines scolaires le soir et les week-ends pour proposer des repas à prix très bas (voire gratuits selon les revenus) aux familles qui galèrent.
Derrière ça, il y a une réalité qu’on oublie parfois quand on vit dans les grandes villes : dans certaines communes, des enfants arrivent le matin le ventre vide. Et leurs parents sautent parfois le dîner pour que les petits aient quelque chose dans l’assiette. Ouvrir les cantines en dehors des horaires scolaires, c’est une réponse concrète, immédiate.
« Les enfants ont faim et leurs parents aussi. C’est indigne en 2025. »
On peut trouver l’idée utopique. On peut aussi se dire que quand on a 800 000 euros qui dorment dans des caméras, il y a peut-être moyen de faire quelque chose de plus humain.
Un quart de siècle de pouvoir socialiste : il est temps de tourner la page ?
À Val-de-Reuil, le maire sortant est en place depuis 2001. Vingt-cinq ans l’an prochain. C’est énorme. Et quand on reste aussi longtemps, même avec de bons résultats, il y a forcément une forme d’usure du pouvoir. Des habitudes. Des réseaux. Parfois une déconnexion.
Le jeune candidat l’assume : il veut être l’alternative. Pas juste une opposition, une vraie rupture. Et il sait que son âge peut être un handicap… ou un atout. Parce qu’à 19 ans, on n’a pas encore appris à arrondir les angles. On dit les choses. On propose. On ose.
Est-ce que les habitants suivront ? C’est la grande question. Dans une ville ouvrière, populaire, où la gauche a toujours été forte, une liste insoumise peut-elle créer la surprise ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est certaine : la campagne vient à peine de commencer et on en parle déjà partout dans la région.
Et nous, qu’est-ce qu’on en pense vraiment ?
Personnellement, je trouve l’exercice salutaire. Parce qu’il oblige tout le monde à reposer les bonnes questions. Est-ce qu’on veut une ville sous surveillance permanente ou une ville où les gens se parlent ? Est-ce qu’on préfère investir dans la technologie ou dans l’humain ?
Après, bien sûr, il y a la réalité du terrain. Revendre des caméras, c’est une chose. Trouver preneur, arrêter les contrats, gérer la transition… ce n’est pas si simple. Et créer un restaurant municipal demande une organisation folle : personnel, normes d’hygiène, approvisionnement… Il ne suffit pas de dire « on ouvre les cantines le soir ».
Mais c’est justement ça qui est intéressant. À 19 ans, on a encore le droit de rêver grand. Et parfois, les rêves finissent par devenir des projets. Puis des réalités.
Une chose est sûre : cette campagne 2026 à Val-de-Reuil ne ressemblera à aucune autre. Et quelque part, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie locale.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Les caméras de surveillance sont-elles vraiment utiles ou juste un gadget coûteux ? Un restaurant municipal, bonne idée ou utopie ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de lire vos avis. Parce que finalement, c’est de ça dont on a besoin : du débat, des idées qui secouent, et des jeunes qui osent.
(Article mis à jour le 26 novembre 2025 – environ 3150 mots)
