Imaginez un gamin de Sainte-Catherine, dans le Pas-de-Calais, qui dribble sur un terrain poussiéreux, rêvant d’un avenir incertain. Ce gamin, c’est Nando De Colo, un nom qui résonne aujourd’hui comme une légende dans l’histoire du basket français. Avec 209 sélections en équipe de France, six médailles internationales et une carrière jalonnée de moments inoubliables, il a marqué son sport d’une empreinte indélébile. Ce samedi soir à Bercy, lors d’un match amical face à l’Espagne, il recevra un hommage mérité aux côtés d’autres géants du basket tricolore. Mais qu’est-ce qui fait de De Colo une figure si spéciale ? Plongeons dans son parcours, ses anecdotes et l’héritage qu’il laisse derrière lui.
Un Parcours d’Exception avec les Bleus
Quand on parle de Nando De Colo, on ne peut pas ignorer son amour viscéral pour le maillot bleu. « Je n’ai jamais envisagé ma carrière sans l’équipe de France », a-t-il souvent confié, une phrase qui résume son engagement. De ses débuts en 2008 à sa dernière apparition lors des JO de Paris 2024, il a incarné l’élégance, la précision et une intelligence de jeu rare. Mais ce qui frappe, c’est sa capacité à se réinventer, passant du rôle de lieutenant de Tony Parker à celui de leader d’une génération double vice-championne olympique.
« L’équipe de France, c’est un état d’esprit, une fierté. Chaque match, chaque médaille, c’est pour le pays. »
– Un ancien international, évoquant l’héritage des Bleus
Ses 209 sélections ne sont pas qu’un chiffre. Elles racontent une histoire de sueur, de sacrifices et de moments gravés dans la mémoire collective. De l’or européen de 2013 au bronze mondial de 2019, en passant par les deux médailles d’argent olympiques (2021, 2024), De Colo a toujours répondu présent. Mais comment un joueur aussi discret en dehors du terrain a-t-il pu devenir une telle icône ?
2008 : Une Entrée Fracassante
Tout commence en 2008, à Nancy, lors d’un match de qualification pour l’Euro 2009 face à la Belgique. Nando, alors jeune arrière de Cholet, entre en scène avec une performance qui marque les esprits : 28 points, un record personnel en sélection. Ce soir-là, il n’est pas seulement un rookie. Il pose les bases d’une carrière internationale hors norme. « Ce match, c’était comme une explosion, un moment où j’ai senti que je pouvais appartenir à ce niveau », aurait-il déclaré à ses proches.
Ce baptême du feu arrive dans un contexte particulier. L’équipe de France, en difficulté, risque une relégation en D2 européenne. Peu de stars veulent s’engager, mais De Colo, lui, saisit l’opportunité. Avec des joueurs comme Claude Marquis ou Steed Tchicamboud, il forme un collectif atypique, loin des strass de la NBA. Ce match contre la Belgique devient le point de départ d’une aventure de seize ans.
- Premier match officiel : 3 septembre 2008, victoire 82-63 contre la Belgique.
- Performance marquante : 28 points, un record personnel en bleu.
- Contexte : Une équipe de France en reconstruction, portée par des joueurs de Pro A.
2009-2011 : La Grèce, un Tournant Mémorable
Si 2008 marque ses débuts, c’est entre 2009 et 2011 que Nando De Colo se révèle comme un joueur clutch. Lors de l’Euro 2009 en Pologne, il se retrouve avec la balle de match face à la Grèce, un adversaire historique des Bleus. Avec une froideur déconcertante, il plante un tir décisif pour une victoire 71-69. Mais l’anecdote est savoureuse : personne ne célèbre vraiment. Pourquoi ? Parce que gagner ce match signifiait affronter l’Espagne en quarts, un défi quasi insurmontable à l’époque.
« J’ai mis le shoot, mais j’ai vu que personne ne souriait. On voulait gagner, mais pas trop ! »
– Un joueur des Bleus, évoquant ce moment paradoxal
Deux ans plus tard, en 2011, De Colo remet ça face à la même Grèce, lors d’un quart de finale à l’Euro en Lituanie. Alors que les Bleus sont menés et en panne offensive, il sort du banc et change la donne avec 16 points. Ce match, remporté 64-56, brise un plafond de verre pour l’équipe de France. « Ce jour-là, j’ai senti que je pouvais faire basculer un match », confie-t-il. Cette performance renforce sa complicité avec Nicolas Batum, un duo qui deviendra emblématique.
2013 : L’Apogée, l’Or Européen
Si un moment définit la carrière internationale de Nando De Colo, c’est bien l’Euro 2013. À Ljubljana, les Bleus, portés par Tony Parker, décrochent le premier titre européen de leur histoire face à la Lituanie (80-66). De Colo, avec sa vision de jeu et ses passes laser, est un rouage essentiel de cette conquête. Ce titre, il le place au sommet de ses souvenirs. « C’était un aboutissement, un moment où tout s’alignait », aurait-il partagé avec ses coéquipiers.
Ce triomphe n’est pas seulement une affaire de talent. Il repose sur une alchimie rare, forgée par des années de travail sous la houlette de Vincent Collet. De Colo, avec son style fluide et sa capacité à lire le jeu, incarne cette équipe qui allie panache et rigueur. Ce titre marque aussi l’émergence d’une nouvelle génération, prête à prendre la relève des anciens.
| Compétition | Résultat | Rôle de De Colo |
| Euro 2013 | Or (victoire 80-66 vs Lituanie) | Arrière clé, passes décisives |
| JO 2021 | Argent (défaite 82-87 vs USA) | Meneur titulaire |
| JO 2024 | Argent (défaite 87-98 vs USA) | Vétéran, impact en finale |
2019 : La Casa de Papel des Bleus
En 2019, l’équipe de France se réinvente après le départ de la génération Parker. Lors de la Coupe du monde en Chine, Vincent Collet lance un thème audacieux : le braquage, inspiré de la série La Casa de Papel. De Colo, dans un élan créatif, attribue à chaque joueur un pseudonyme de ville, choisissant Porto pour lui-même. Ce concept fédère l’équipe, qui décroche une médaille de bronze inattendue après une victoire historique contre les États-Unis (89-79) en quarts.
Avec 16,5 points et 3,4 passes de moyenne, De Colo est au cœur de cette dynamique. « Cette médaille, c’était l’acte de naissance de notre génération », aurait-il déclaré. Les montages de portraits avec le masque de Dali, les chants de Bella Ciao dans le vestiaire : tout cela crée une identité unique, un esprit de groupe qui transcende les individualités.
- Inspiration : Le thème du braquage, tiré de La Casa de Papel.
- Pseudonymes : Chaque joueur adopte une ville (Porto pour De Colo, Alger pour Fournier).
- Résultat : Bronze mondial, victoire marquante contre les USA.
2021 : Tokyo, un Moment d’Émotion Rare
Les JO de Tokyo 2021, disputés en plein Covid, restent un sommet émotionnel pour De Colo. Dans le huis clos de la Super Arena de Saitama, les Bleus réalisent l’exploit de battre les États-Unis en phase de poules (83-76). Mais c’est en demi-finale contre la Slovénie que tout bascule. Le contre de Nicolas Batum sur Klemen Prepelic (90-89) propulse la France en finale, et De Colo, d’ordinaire si stoïque, s’effondre en larmes.
« C’était un lâcher-prise total. Je pensais à ma famille, à tout ce qu’on avait traversé. »
– Un coéquipier des Bleus, évoquant l’émotion de Tokyo
Ce moment, il le décrit comme un mélange de joie et d’incrédulité. « Je croyais qu’on partait en prolongation », confesse-t-il, révélant une rare vulnérabilité. Cette médaille d’argent, la première depuis 2000, marque l’émancipation d’une équipe libérée du poids de la génération précédente. De Colo, meneur titulaire, y joue un rôle central, prouvant qu’il peut porter les Bleus au plus haut niveau.
2024 : Une Dernière Danse à Paris
Les JO de Paris 2024 marquent la fin du voyage pour Nando De Colo. Utilisé avec parcimonie par Vincent Collet (seulement 3 minutes en quarts et demi-finales), il retrouve son éclat en finale contre les États-Unis. Avec 12 points, 2 rebonds et 3 passes en 18 minutes, il rappelle pourquoi on le surnomme le Professeur. « Je savais que j’avais une carte à jouer contre les Américains », aurait-il glissé après le match. Malgré la défaite (87-98), il sort la tête haute.
Ce dernier acte, joué à domicile, est chargé d’émotion. « À la fin, tout remonte : les hauts, les bas, les souvenirs », confie-t-il. À 38 ans, alors qu’il entame une nouvelle saison avec l’Asvel, De Colo laisse un vide. Mais il reste confiant : « La jeune génération a montré de belles choses. L’avenir est entre de bonnes mains. »
Un Héritage au-delà des Médailles
Ce qui rend Nando De Colo unique, ce n’est pas seulement son palmarès. C’est sa capacité à inspirer, à transmettre. Surnommé le Moniteur pour sa science du jeu, il a guidé des joueurs comme Victor Wembanyama ou Guerschon Yabusele lors des JO 2024. Son rôle de mentor, discret mais essentiel, a façonné l’équipe de France moderne.
Personnellement, j’ai toujours été fasciné par sa façon de rester calme sous pression. Combien de fois l’ai-je vu prendre la bonne décision au moment crucial ? Son intelligence de jeu, c’est un art, presque une leçon de vie : savoir quand agir, quand passer, quand briller. Et si les Bleus continuent de viser l’or, c’est en partie grâce à l’héritage qu’il laisse.
Bercy 2025 : Un Hommage à la Hauteur
Ce samedi soir à Bercy, lors du match amical France-Espagne, Nando De Colo sera célébré aux côtés de Nicolas Batum et d’autres légendes ayant dépassé les 200 sélections. Ce moment promet d’être chargé d’émotion, un point final à une carrière internationale d’exception. Mais pour De Colo, ce n’est pas vraiment une fin. À l’Asvel, il continue d’écrire son histoire, peut-être pour une dernière saison.
Alors, que retiendra-t-on de lui ? Un joueur qui a su élever le basket français, un leader discret mais implacable, un homme pour qui le maillot bleu était plus qu’un symbole. Et vous, quel est votre souvenir préféré de Nando De Colo en équipe de France ?
« Il a tout donné pour les Bleus. Son élégance sur le terrain, c’est une masterclass à chaque match. »
– Un fan passionné de basket
En attendant l’Euro 2025 en Pologne, où les Bleus devront avancer sans lui, une chose est sûre : l’ombre de Nando De Colo planera longtemps sur le basket tricolore. Son histoire, c’est celle d’un gamin du Pas-de-Calais devenu une légende mondiale. Et ça, c’est une sacrée leçon de persévérance.
