Vous vous souvenez de l’année dernière ? Le 21 novembre, on s’était réveillés avec cette fine couche blanche qui faisait briller Montmartre pendant que la Seine restait désespérément noire. Un jour près, presque la même date, et revoilà la question qui brûle toutes les lèvres franciliennes : est-ce que cette fois, la neige va vraiment tenir ? Parce que franchement, entre l’excitation des gamins et la panique des parents qui imaginent déjà les embouteillages, on a tous envie de savoir à quoi s’attendre.
Un week-end sous haute tension météo
Cette fois, ça sent la poudreuse sérieuse. Depuis plusieurs jours déjà, on grelotte sous un froid continental qui nous rappelle que l’hiver sait encore se montrer précoce. Les gelées matinales à -5 °C dans le Val-d’Oise, on n’avait plus vu ça en novembre depuis plus de dix ans. Et puis, patatras, une perturbation bien humide arrive de l’Atlantique. Quand l’air doux et chargé d’eau rencontre l’air glacial qui squatte chez nous depuis une semaine, ça fait des étincelles… blanches.
Le rideau de flocons devrait commencer à tomber dès 19-20 heures sur l’ouest de la région, avant de s’étendre à toute l’Île-de-France en début de nuit. Autrement dit, si vous sortez dîner ou récupérer les enfants au sport, vous risquez de vous prendre une petite tempête de neige en pleine figure. Magique pour certains, stressant pour d’autres.
Paris intra-muros : plutôt décor de carte postale ou simple saupoudrage ?
Allez, soyons honnêtes : à Paris même, les chances de se réveiller dimanche avec 5 cm sur les trottoirs sont assez minces. Les températures, même si elles restent proches de zéro en début de nuit, devraient rapidement passer positives. Et quand le sol est à +2 ou +3 °C, même les plus beaux flocons se transforment en soupe dès qu’ils touchent le bitume.
Mais il y a un « mais ». Si l’intensité est forte – genre 1 à 2 cm par heure pendant plusieurs heures – la neige peut quand même s’accrocher un moment, le temps que le sol refroidisse vraiment. Et là, surprise au réveil : les squares, les toits de voitures, les bancs publics pourraient garder leur petit manteau blanc jusqu’à midi. Pas de quoi faire un bonhomme de neige géant place de la République, mais largement de quoi sortir l’appareil photo.
« À Paris, ça va être très limite. On table sur des traces à quelques centimètres au mieux, surtout dans les parcs et les zones moins circulées. »
– Un prévisionniste expérimenté
Là où ça va vraiment blanchir : les spots à ne pas rater
Si vous voulez vraiment vivre la magie, il va falloir sortir un peu de la capitale. Plus on monte en altitude, plus les chances augmentent. Et en Île-de-France, même 50 mètres font toute la différence.
- Le Vexin et les plateaux au nord de Pontoise : jusqu’à 4-5 cm possibles, voire plus localement
- Les collines du Parisis (Taverny, Montmorency, Eaubonne) : souvent les grandes gagnantes des épisodes neigeux
- L’ouest des Yvelines, vers Thoiry ou Septeuil : 3 à 7 cm très probables
- Le sud de la Seine-et-Marne sur les plateaux de Brie : là aussi, on peut atteindre les 5 cm
- Même dans Paris : misez sur les hauteurs de Belleville, Ménilmontant ou le bois de Boulogne
J’ai un faible personnel pour les collines de l’ouest. L’année dernière, j’étais du côté de Saint-Nom-la-Bretèche : 8 cm au sol à 8 heures du matin, alors qu’à Versailles il n’y avait presque rien. Cinquante mètres d’altitude et hop, on change de planète.
Pourquoi c’est toujours aussi compliqué à prévoir
Franchement, la météo en Île-de-France en hiver, c’est un peu la loterie. On parle souvent d’un « système chaotique ». Un demi-degré près, un petit vent qui tourne, et tout bascule. Le flocon arrive, il rencontre une parcelle de bitume encore tiède à cause de la circulation ou du chauffage urbain, paf, il fond. Dix mètres plus loin, sur une pelouse gelée en hauteur, il s’accroche et reste là.
Et puis il y a l’effet « intensité ». Si la neige tombe mollement, elle n’a aucune chance en plaine. Par contre, si ça tombe dru pendant deux heures, le sol finit par céder et se refroidir. C’est ce qu’on appelle l’effet isotherme 0 °C qui descend : la couche d’air près du sol se refroidit grâce aux précipitations elles-mêmes. Un cercle vertueux pour les amateurs de blanc.
Vigilance verglas : le vrai danger de la nuit
Attention, la neige n’est pas le seul invité. Dans l’est de la région, notamment en Brie et en Seine-et-Marne, les températures auront eu le temps de bien chuter avant l’arrivée des précipitations. Résultat : la neige risque de geler sur place et de former une couche de verglas particulièrement traîtresse.
Si vous devez prendre la route dimanche matin tôt, surtout vers Melun, Provins ou Meaux, équipez-vous de patience et de pneus hiver. Les saleuses auront beau faire, certains secteurs secondaires resteront piégeux jusqu’à tard dans la matinée.
Et après ? Redoux express garanti
Ne vous emballez pas trop. Même si on se réveille avec un beau tapis blanc dimanche matin, ça ne va pas durer. Dès le milieu de matinée, les températures vont grimper vers 6-8 °C. À Paris, tout aura fondu en début d’après-midi. Sur les plateaux, les derniers restes tiendront peut-être jusqu’au coucher du soleil, mais lundi matin, il ne restera que des souvenirs et des photos sur Instagram.
C’est ça aussi la neige en Île-de-France : éphémère, capricieuse, mais tellement magique quand elle décide de nous faire la surprise.
Petit guide pratique pour profiter (ou survivre) à l’épisode
- Sortez les luges dès samedi soir si vous habitez en hauteur : les parcs ferment rarement la nuit
- Prévoyez la balade photo dimanche à l’aube : la lumière rasante sur la neige fraîche, c’est imbattable
- Chargez le téléphone : la batterie souffre du froid
- Gardez une pelle dans le coffre et un grattoir efficace
- Évitez les routes secondaires de l’est dimanche matin
- Et surtout… gardez votre âme d’enfant cinq minutes
Parce qu’au fond, même si ça ne tient que quelques heures, voir Paris ou sa banlieue se transformer en carte postale vivante, ça reste un petit miracle qu’on attend tous les ans comme des gosses.
Alors ce soir, levez les yeux au ciel. Et croisez les doigts. Peut-être que cette fois, la neige voudra bien rester un peu plus longtemps que d’habitude.
