Vous souvenez-vous de votre dernier trajet sur une route verglacée ? Ce moment où l’on retient son souffle à chaque freinage, où la moindre courbe devient une épreuve ? Eh bien, préparez-vous : ce week-end risque de ressembler à ça… en pire. Une bonne partie de la France va plonger dans un froid sibérien, et les routes vont se transformer en patinoires géantes.
J’ai roulé hier matin vers Orléans et, franchement, même avec des pneus hiver, j’ai senti la voiture danser sur certaines portions. Si déjà en semaine c’était limite, je n’ose imaginer samedi et dimanche. Et je ne suis pas le seul à le penser : le ministre chargé des Transports a tiré la sonnette d’alarme dès hier matin.
Un week-end qui s’annonce « assez compliqué »
Les mots sont posés, clairs, presque sobres. « Un week-end assez compliqué » : c’est l’expression choisie par Philippe Tabarot pour décrire ce qui nous attend. Derrière cette formule un peu administrative se cache une réalité bien plus brutale : des milliers d’agents mobilisés, des saleuses prêtes à tourner non-stop et des appels répétés à la prudence.
Concrètement, plus de 7 500 personnes seront sur le pont, 24 heures sur 24, pour tenter de maintenir un minimum de fluidité et surtout de sécurité. Parce que quand la neige et le verglas s’invitent en même temps, même les meilleures équipes ont du mal à suivre le rythme.
D’où vient ce froid polaire ?
Tout commence avec l’arrivée d’une masse d’air polaire venue tout droit du nord. Depuis quelques jours, elle descend sur l’Europe et, cette fois, la France est en plein dans la trajectoire. Résultat : les températures ont chuté de 10 à 15 °C en moins de 48 heures dans certaines régions.
Ce jeudi matin, on relevait déjà -4 °C à Angers, -3 °C à Niort, -2 °C à Blois. Et ce n’est qu’un avant-goût. Samedi sera la journée la plus froide de l’épisode, avec des maximales qui peineront à dépasser 0 °C sur une large moitié nord.
« Notre obsession est de sécuriser les routes, les infrastructures et les transports. Il faut anticiper, il faut prévenir, il faut informer. »
Philippe Tabarot, ministre délégué aux Transports
Où va-t-il neiger le plus ?
Les massifs de l’Est restent en première ligne. Le Jura et les Vosges ont déjà reçu 10 centimètres en altitude, parfois plus localement. Le Doubs n’est pas en reste avec 4 à 5 cm en plaine. Et ce n’est pas fini : de nouvelles chutes sont attendues vendredi et samedi, parfois jusqu’en plaine.
- Jura et Vosges : 10 à 15 cm supplémentaires possibles au-dessus de 600 m
- Doubs, Territoire de Belfort : 5 à 10 cm en plaine d’ici samedi soir
- Massif central et Alpes du nord : neige abondante dès 300-400 m
- Pyrénées : retour de la neige jusqu’à basse altitude
- Quart nord-est et jusqu’au Limousin : quelques centimètres possibles en plaine
En Île-de-France, c’est surtout le verglas qui inquiète. Quelques flocons sont possibles dans la nuit de vendredi à samedi, mais c’est surtout le regel nocturne qui risque de transformer les routes en miroirs.
Les routes déjà touchées ce jeudi
Et encore, on n’est que jeudi. Plusieurs axes étaient déjà perturbés ce matin :
- La N122 à l’est d’Aurillac (verglas)
- La N57 dans le Doubs (neige et verglas)
- La N5 dans le Jura (fortes chutes de neige)
- L’A11 près de Nogent-le-Rotrou (ralentissements)
- L’A89 à l’ouest de Clermont-Ferrand (conditions délicates)
Et la liste n’est pas exhaustive. Sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent : camions en travers, voitures dans le fossé, temps de trajet multipliés par trois. Le pire est à venir.
Samedi, le jour le plus critique
Si vous devez absolument prendre la route ce week-end, évitez samedi si possible. C’est LE jour où tout cumule :
- Températures les plus basses de l’épisode (-6 °C à Nancy, -4 °C au Mans, -1 °C à Paris)
- Neige résiduelle sur le nord-est et les massifs
- Vent froid qui accentue la sensation thermique
- Trafic chargé avec les départs en week-end et les retours de vacance de la Toussaint
Franchement, sauf urgence absolue, reporter son trajet à dimanche après-midi ou lundi semble la solution la plus raisonnable.
Les bons réflexes à adopter absolument
Parce qu’on ne le dira jamais assez, voici la checklist que je garde toujours dans la boîte à gants quand l’hiver pointe le bout de son nez :
- Vérifier la pression des pneus (le froid la fait baisser)
- Pneus hiver ou toutes saisons M+S obligatoires dans 48 départements
- Kit hiver : raclette, bombe anti-givre, gants, couverture, lampe torche
- Charge du téléphone à 100 % + câble allume-cigare
- Pleine d’essence ou batterie chargée (on ne sait jamais)
- Ralentir, augmenter les distances de sécurité, anticiper très loin
- Écouter les infos trafic (107.7 ou appli officielle)
Et surtout : si vous sentez que ça glisse, ne freinez pas brutalement. On lève le pied, on laisse le volant droit et on attend que ça reprenne. Plus facile à dire qu’à faire, je sais.
Et après le week-end ?
Bonne nouvelle : l’épisode devrait commencer à s’estomper dimanche après-midi avec une remontée progressive des températures. Mais attention, le regel restera une menace plusieurs nuits d’affilée. Il faudra encore plusieurs jours pour que tout redevienne normal.
En attendant, les équipes de salage et de déneigement vont vivre un week-end marathon. 7 500 femmes et hommes qui vont bosser dans le froid et la nuit pour que nous, on puisse rouler un peu plus sereinement. On pense à eux aussi.
Alors oui, l’hiver commence fort cette année. Mais c’est aussi ça, la France : des hivers qui mordent parfois plus fort qu’on ne le croit. Restez prudents, informés, et si vous pouvez… restez au chaud.
Prenez soin de vous sur la route. Et si vous avez des astuces personnelles qui vous ont déjà sauvé la mise sur verglas, partagez-les en commentaire, ça peut toujours servir à quelqu’un.
