Vous est-il déjà arrivé de regarder une course de ski et de vous dire, au bout de la première manche, « bon, c’est plié » ? Moi oui, des centaines de fois. Et puis, parfois, un gars décide que non, rien n’est jamais plié. Ce samedi à Gurgl, Paco Rassat a décidé que le scénario était nul et qu’il allait l’écrire autrement.
Quatorzième à près d’une seconde du leader après le premier run. Franchement, on pensait tous à limiter la casse, à gratter quelques points pour le classement général du slalom. Et puis la seconde manche est arrivée. Et là… comment vous dire… c’était du grand art.
Une deuxième manche tout simplement légendaire
51 secondes et 58 centièmes. Le meilleur temps de la seconde manche. De loin. Quand tu viens de si loin et que tu poses ça, tu ne gagnes pas simplement une course : tu marques les esprits.
Le Norvégien Atle Lie McGrath, pourtant solide leader après la première descente avec huit dixièmes d’avance, a dû sentir le vent tourner dès les premières portes. Le Belge Armand Marchand, impressionnant lui aussi, a tout donné. Mais Paco, lui, était ailleurs. Dans une autre dimension.
À l’arrivée, sept petits centièmes le séparent de Marchand. Sept. Vous savez combien de fois on perd ou on gagne une course pour moins que ça ? Tout le temps. Mais quand c’est toi qui passes devant à la photo-finish après avoir été aussi loin… c’est juste magique.
Qui est vraiment Paco Rassat ?
27 ans, originaire de Chambéry, fils du directeur de l’école de ski des Aillons dans les Bauges. Un gars du coin, quoi. Pas le genre qu’on mettait forcément en une des magazines depuis cinq ans. Son meilleur résultat avant aujourd’hui ? Une neuvième place à Wengen en janvier dernier. Solide, mais pas encore le niveau qui fait trembler les cadors.
L’an dernier, il termine 23e du classement de la spécialité. Correct, mais loin des Noël, Kristoffersen ou autre Henrik le viking. Aux Mondiaux de Saalbach, il avait même dû abandonner. Rien ne laissait présager qu’un jour il allait planter une victoire comme celle-là.
Et pourtant, quand on regarde bien, les signes étaient là. Cette capacité à envoyer du lourd quand la piste devient raide et technique. Cette glisse naturelle qu’on voit chez les gars qui ont grandi sur des petites stations familiales, loin des gros centres d’entraînement. Parfois, c’est exactement ce genre de profil qui explose un jour.
« Je ne sais pas trop quoi dire… Je suis juste super heureux. J’ai pris tous les risques, ça a payé. »
Paco Rassat, encore sonné à l’arrivée
Les Bleus dans le coup, enfin une vraie perf collective
Derrière Paco, on retrouve du bleu un peu partout dans le top 15. Victor Muffat-Jeandet arrache une très belle 7e place, Clément Noël (qui traîne encore une douleur au dos) termine 12e et Steven Amiez 15e. Quatre Français dans les quinze premiers d’un slalom de Coupe du monde, ça faisait un bail.
On a souvent critiqué l’équipe de France de slalom ces dernières saisons : trop dépendante de Clément, trop irrégulière, parfois incapable de placer plusieurs gars dans le top 10 le même jour. Là, c’est fait. Et c’est Paco, le moins attendu, qui montre la voie.
- 1er – Paco Rassat (FRA)
- 2e – Armand Marchand (BEL) +0.07
- 3e – Atle Lie McGrath (NOR) +0.09
- 7e – Victor Muffat-Jeandet (FRA)
- 12e – Clément Noël (FRA)
- 15e – Steven Amiez (FRA)
Quand on voit ça, on se dit que la relève est bien là. Et qu’elle commence à prendre le pouvoir.
Gurgl, la piste qui pardonne rien
Parlons deux secondes de la piste. Gurgl, en Autriche, c’est un mur. Un vrai. Raide, glacé, tournant constamment. Le genre d’endroit où une faute de carre et tu repars à la maison avec zéro point et l’ego en miettes.
Cette saison, la station a déjà accueilli le premier slalom hommes (remporté par un certain Lucas Pinheiro Braathen sous les couleurs brésiliennes, mais c’est une autre histoire). Aujourd’hui, elle a couronné un Français. Et franchement, ça fait du bien au moral après des années où on ramassait surtout des miettes en slalom.
La France compte désormais 17 vainqueurs différents en slalom de Coupe du monde dans l’histoire. Ça commence à faire une sacrée liste : Jean-Claude Killy, les sœurs Goitschel, Patrick Russel, Perrine Pelen, et maintenant Paco Rassat. Ça claque, non ?
Et maintenant ? Vers un nouvel âge d’or du slalom français ?
J’ai une petite théorie. Depuis le retrait progressif de Pinturault en slalom, on avait l’impression que l’équipe de France cherchait un nouveau leader. Clément reste un monstre quand il est à 100 %, mais les blessures et la concurrence le freinent parfois. Là, Paco vient de montrer que d’autres peuvent prendre le relais.
Imaginez un peu la suite de la saison : Clément qui retrouve son meilleur niveau, Victor qui continue sur sa lancée, Steven qui confirme, et Paco qui surfe sur cette confiance nouvelle. Ça pourrait faire très mal.
Prochain rendez-vous slalom ? Probablement Val d’Isère mi-décembre. La piste de la Face de Bellevarde, chez nous, devant le public français. Si Paco arrive avec la même rage, ça risque de faire des étincelles.
Ce qu’il faut retenir de cette journée complètement folle
- Une première victoire en Coupe du monde peut arriver quand on s’y attend le moins
- Une deuxième manche peut tout changer, même quand on part de très loin
- Le ski français a encore de beaux jours devant lui en slalom
- Et surtout : ne jamais, jamais, sous-estimer un gars des Bauges qui skie comme si sa vie en dépendait
Ce soir, quelque part du côté de Chambéry, il y a un père qui doit être sacrément fier. Et toute une équipe de France qui vient de se rappeler qu’elle peut encore faire rêver.
Paco Rassat, merci pour ce moment. Vraiment.
Et toi, tu y as cru à la victoire quand tu l’as vu 14e après la première manche ? Dis-le moi en commentaire, j’ai besoin de savoir que je n’étais pas le seul à avoir lâché l’affaire trop tôt…
