Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus comme un coup de poing dans le ventre. Hier, en ouvrant mon téléphone, j’ai lu que Pam Hogg n’était plus là. Et franchement, ça fait un choc. Pas seulement parce qu’on perd une créatrice hors norme, mais parce qu’on a l’impression qu’une partie de l’énergie brute et joyeusement anarchique de la mode vient de s’éteindre.
Vous savez, cette sensation quand une personne semble tout simplement impossible à remplacer ? C’est exactement ça.
Pam Hogg, l’ovni écossais qui a secoué Londres
Née à Paisley – oui, la ville des motifs cachemire, ironie du sort – Pam Hogg a grandi dans un environnement textile avant de tout envoyer valser pour étudier aux Beaux-Arts de Glasgow, puis au Royal College of Art. Déjà, on sent que la demoiselle n’allait pas faire dans la dentelle classique.
Sa première collection en 1981 s’appelle Psychadelic Jungle. Rien que le nom donne le ton. On est loin des tailleurs sages. On plonge direct dans un univers où le latex, les imprimés léopard, les coupes asymétriques et les couleurs qui claquent sont la norme.
Mais ce qui rend Pam Hogg unique, ce n’est pas seulement l’extravagance. C’est l’attitude. Elle a toujours refusé de rentrer dans les cases. Même son âge ? Mystère total. Elle répondait aux journalistes curieux avec un sourire en coin : « Je suis éternellement jeune, darling. » Et on voulait bien la croire.
Le catsuit, sa signature absolue
Parlons peu, parlons catsuit.
Cette seconde peau ultra-moulante, souvent en latex ou en tissu technique, parfois cloutée, parfois transparente, parfois les deux : c’est elle qui en a fait une arme de séduction massive. Quand Kylie Minogue porte la version noire à pics dans le clip 2 Hearts en 2007, le monde entier comprend que le catsuit n’est plus un simple vêtement. C’est une déclaration de guerre contre la banalité.
« Je ne crée pas pour les timides. Mes vêtements sont faits pour celles et ceux qui veulent prendre toute la place. »
Pam Hogg (phrase souvent répétée en interview)
Rihanna en rouge incendie, Lady Gaga en version transparente, Beyoncé en doré métallique, Kate Moss en léopard… Toutes ont compris que porter du Pam Hogg, c’était instantanément devenir la personne la plus fascinante de la pièce.
Punk un jour, punk toujours
On la compare souvent à Vivienne Westwood – les deux Écossaises, le côté rebelle, l’amour du tartan détourné, la provocation joyeuse. Mais Pam Hogg, c’était autre chose. Plus cosmique, plus sexe, plus space age. Ses défilés ressemblaient à des performances d’art total : musique assourdissante, mannequins aux coiffures monstre, lumières stroboscopiques. On sortait de là sonné, heureux, un peu perdu.
Et puis il y avait cette énergie DIY qui ne l’a jamais quittée. Même au sommet, elle continuait à tout faire elle-même : couper, coudre, peindre. Elle disait que les grandes maisons de couture l’ennuyaient profondément. Trop propres, trop lisses, trop mortes.
- Des bodys en latex imprimé serpent
- Des robes de mariée avec voile en tulle noir et couronne de pics
- Des capes en fausse fourrure fluo
- Des plateformes de 25 cm qui défiaient la gravité
- Des combinaisons intégrales à oreilles de chat (oui, vraiment)
Chaque pièce hurlait : je m’en fous de vos règles.
La musicienne derrière la créatrice
Ce qu’on oublie souvent, c’est que Pam Hogg a d’abord été musicienne. Batterie dans Rubbish (groupe qui ouvrait pour les Pogues), puis chanteuse dans Doll aux côtés de Debbie Harry en tournée. La scène, les amplis qui saturent, la sueur : tout ça coulait dans ses veines bien avant les projecteurs des défilés.
Cette double casquette explique beaucoup de choses. Ses shows n’étaient jamais de simples présentations de vêtements. C’était du rock’n’roll en mouvement. Elle choisissait elle-même les playlists, souvent du punk old school mélangé à de l’électro sombre. Et parfois, elle montait sur scène après le final pour chanter un morceau. Juste comme ça.
Les hommages qui pleuvent (et qui font mal)
Depuis l’annonce, les réseaux sociaux sont inondés. Patricia Arquette parle d’un diamant interstellaire. Blondie poste une vieille photo avec elle. Rose McGowan écrit simplement : Thank you for teaching us to be fearless. Même les plus jeunes créateurs, ceux qui n’ont connu que ses rééditions chez des géants du fast-fashion, réalisent soudain ce qu’ils doivent à cette femme.
Et ça fait quelque chose de voir tout ce monde réaliser, un peu tard, à quel point elle comptait.
Un héritage qui ne mourra jamais
Alors oui, Pam Hogg n’est plus là. Mais regardez autour de vous.
Cette fille de 20 ans qui porte un catsuit vinyle au festival ? Elle doit un peu d’elle à Pam. Cette drag queen avec une coiffure de trois mètres de haut ? Idem. Ce créateur qui ose présenter une collection entière en latex fluo ? Il marche dans ses pas, même s’il ne le sait pas toujours.
Parce que Pam Hogg n’a jamais fait de la mode. Elle a fait de la révolution portable. Elle a prouvé qu’on pouvait être une femme, venir d’une ville ouvrière écossaise, refuser les compromis, et quand même habiller les plus grandes stars de la planète.
Elle a montré qu’on pouvait vieillir (ou refuser de le faire) sans jamais devenir sage.
Quelque part, j’aime imaginer qu’en ce moment même, elle est en train de coudre une combinaison en cuir d’étoiles, avec une cigarette au bec et un sourire narquois, prête à débarquer dans une autre galaxie pour y mettre le bordel.
Merci Pam. Tu vas terriblement nous manquer, mais tes vêtements, eux, continueront à hurler à ta place.
Et toi, quelle est ta pièce préférée signée Pam Hogg ? Dis-le moi en commentaire, j’ai envie de savoir ce qu’elle représentait pour vous aussi.
