Vous êtes déjà en retard, vous courez dans les couloirs du RER A, et là… vous tombez nez à nez avec un mur d’escalade de cinq mètres de haut qui clignote comme un sapin de Noël. Vraie scène vécue cette semaine à la gare Auber. Franchement, qui aurait parié qu’un jour on ferait du bloc entre deux correspondances Châtelet et Charles-de-Gaulle-Étoile ?
Je descends exprès un arrêt plus tôt rien que pour voir ça de mes propres yeux. Et je vous assure : l’effet est complètement dingue. Là où d’habitude on slalome entre les valises et les gens qui regardent leur téléphone, il y a maintenant un Kilter Board géant, ce mur connecté dont les prises s’allument pour dessiner les voies. Un peu comme un jeu vidéo, mais en vrai et avec la gravité qui rappelle vite qui commande.
Quand la RATP fait grimper les voyageurs dans tous les sens
L’idée est simple, mais tellement bien trouvée qu’on se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant. Pendant trois jours, la grande salle des pas perdus d’Auber – vous savez, cet espace immense sous l’Opéra qui ressemble à une cathédrale souterraine – devient la plus improbable des salles d’escalade de Paris.
Mercredi et jeudi, c’est open bar (gratuit évidemment) pour tout le monde. Que vous soyez en baskets ou en talons, que vous ayez déjà grimpé ou que vous pensiez que « dégaine » c’est juste un mot pour dire qu’on est pressé, vous pouvez tenter l’expérience. Des moniteurs sont là pour vous équiper, vous expliquer les bases et surtout vous rattraper si jamais vos bras décident de lâcher l’affaire à mi-hauteur.
Le Kilter Board, la star high-tech qui change tout
Le joujou en question mérite qu’on s’y arrête deux secondes. Ce n’est pas un mur classique. Les prises sont équipées de LED qui s’allument pour indiquer le parcours exact à suivre. Vous choisissez votre voie sur une application, et hop, le mur devient votre coach personnel. Génial pour progresser, parfait aussi pour organiser des compétitions équitables où tout le monde grimpe exactement la même chose.
J’ai vu des gamins de 10 ans envoyer des blocs que je n’oserais même pas regarder en photo. Et puis des mecs en costard qui, après avoir enlevé la veste, se sont surpris eux-mêmes à arriver en haut. L’ambiance est hyper bon enfant, entre rires et encouragements. On est loin du stress habituel des heures de pointe.
« On voulait montrer que le sport peut s’inviter partout, même là où on ne l’attend pas du tout. »
Un encadrant croisé sur place
Vendredi, ça devient sérieux : les pros entrent en scène
Mais le meilleur est à venir. Vendredi, le mur ferme aux amateurs et laisse place aux RATP Vertical Series. Huit athlètes de l’équipe de France, dont certains noms qui ont brillé aux JO, vont s’affronter lors d’une compétition ouverte au public.
Le programme est alléchant :
- 14h-16h : qualifications ouvertes aux meilleurs grimpeurs amateurs ayant participé aux phases précédentes
- 18h : début des duels France vs qualifiés
- 19h : finales en mode « battle » avec deux grimpeurs qui partent en même temps, musique, lumières, DJ… le grand spectacle quoi
Autant vous dire que l’ambiance risque d’être électrique. D’habitude, à Auber, le seul bruit qu’on entend c’est le « attention à la marche en descendant du train ». Là, ça va crier, ça va applaudir, ça va vibrer. J’ai déjà bloqué ma soirée.
Auber, le terrain de jeu préféré des événements sportifs insolites
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cette gare se transforme en playground géant. Les habitués se souviennent :
- Chaque année en mars, pendant le Tournoi des 6 Nations, c’est un terrain de rugby avec tirs au but et mêlées improvisées
- En 2024, pendant les JO, on a eu droit à du badminton, du tir à l’arc et même du breaking
- Et il y a quelques mois, la ligne 6 à Glacière avait déjà eu son mur d’escalade éphémère
Visiblement, la stratégie fonctionne. Faire du trajet quotidien une expérience un peu moins monotone, redonner le sourire aux voyageurs, et en même temps promouvoir le sport pour tous. Moi qui râle souvent dans le métro, je dois avouer que là, ils ont tapé fort.
L’escalade, le sport qui grimpe partout (même dans le métro)
Il y a quelques années, l’escalade était encore vue comme une activité de montagne réservée aux baroudeurs. Et puis les JO de Tokyo sont passés par là, puis ceux de Paris, et maintenant on trouve des murs un peu partout en ville. Les salles se multiplient, les compétitions attirent les foules, et même les transports en commun s’y mettent.
Ce qui est intéressant, c’est que le bloc (l’escalade sans corde, sur des murs de 4-5 mètres avec des matelas en dessous) se prête parfaitement à ce genre d’opérations. Pas besoin d’équipement compliqué, pas de risque majeur, et ça parle à tout le monde. Enfant, ado, adulte, senior : tout le monde peut essayer.
Et puis soyons honnêtes : dans une ville où le mètre carré coûte un rein, installer temporairement un mur dans une gare déjà existante, c’est du génie urbain.
Infos pratiques pour ne rien rater
Si jamais l’idée vous tente (et je ne vois pas pourquoi elle ne vous tenterait pas), voici ce qu’il faut retenir :
- Mercredi et jeudi : ouvert à tous de 12h à 18h – venez directement, pas d’inscription
- Vendredi : qualifications de 14h à 16h, puis finales à partir de 18h et battles à partir de 19h
- Chaussons et baudriers fournis sur place
- Accès gratuit, évidemment
- Station Auber, RER A ou métro lignes 3, 7, 8 ou 9
Petit conseil de quelqu’un qui a testé : prévoyez des vêtements dans lesquels vous êtes à l’aise pour lever les bras très haut. Et si vous avez peur du vide, commencez par les voies faciles, il y en a pour tous les niveaux.
Et après ?
On peut toujours rêver que ce genre d’initiatives devienne régulier. Un mur de bloc permanent dans certaines grandes gares ? Des sessions yoga dans les couloirs tôt le matin ? Du ping-pong sur les quais ? Pourquoi pas.
En attendant, si vous passez dans le coin d’ici vendredi soir, faites un détour. Ça vaut largement quelques minutes de retard sur votre trajet habituel. Et qui sait, peut-être que vous découvrirez votre nouveau sport favori entre deux rames de RER.
Parce qu’au fond, c’est ça la magie de Paris : même sous terre, on arrive encore à nous faire lever les yeux… et parfois même à nous faire grimper aux murs. Littéralement.
Alors, vous montez avec moi ?
