Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez attendu quelque chose pendant plus de deux ans ? Deux ans et demi, pour être précis. 912 jours exactement. C’est le temps qu’il a fallu à Paul Pogba pour retrouver l’odeur de l’herbe, le bruit des crampons, la chaleur des projecteurs. Quand il est entré sur la pelouse du Roazhon Park à la 85e minute, ce n’était pas juste un changement de joueur. C’était un événement. Un de ces moments où le foot dépasse le simple sport pour devenir une histoire humaine.
Et franchement, en regardant les images, j’ai eu la gorge serrée. Parce qu’on sait tous par quoi il est passé.
Un retour qui sentait la renaissance
Reprenons depuis le début, parce que ce come-back ne sort pas de nulle part. Tout a commencé avec cette histoire de testostérone, cette suspension de dix-huit mois réduite à quelques mois après appel, puis les blessures à répétition. Quadriceps, ischios, mollet… Le corps qui dit stop alors que la tête hurle de revenir. Beaucoup auraient lâché. Lui non.
Quand il signe à Monaco l’été dernier, on sent déjà que quelque chose se prépare. Le club croit en lui, lui fait confiance, lui offre du temps. Pas de pression immédiate, juste un programme sur mesure. Réathlétisation, travail invisible, heures interminables en salle et sur le terrain d’entraînement. Et puis arrive ce samedi soir à Rennes.
Le score est déjà lourd, 4-1 pour les Bretons. Peu importe. Quand le quatrième arbitre lève le panneau avec le numéro 6, le stade entier se lève. Pas seulement les supporters monégasques, non. Les Rennais aussi. Une ovation debout, sincère, qui dure de longues secondes. C’est rare dans le foot moderne. C’est beau.
Dix minutes qui valent des années
Dix petites minutes. C’est tout ce qu’il a eu. Mais il les a vécues à 200 à l’heure.
Premier ballon touché : une petite passe en retrait tranquille, presque timide. Deuxième ballon : un crochet du gauche pour se défaire d’un pressing, le public pousse un « oooh » admiratif. Troisième ballon : une transversale de trente mètres qui trouve parfaitement son partenaire. On retrouve instantanément la patte du champion du monde. Cette vista, cette nonchalance élégante, cette capacité à ralentir le jeu quand tout va trop vite autour.
Je me souviens avoir pensé : « Mais il n’a rien perdu, en fait. » Le corps a morflé, oui. Mais le talent, lui, est intact. Et parfois, dix minutes suffisent pour le rappeler au monde entier.
Le message qui a fait fondre Instagram
Après le match, il a pris son téléphone et a écrit quelques lignes. Pas un texte marketing bien léché, non. Un truc sorti des tripes.
« Ce début n’était pas seulement le mien… il appartenait à tous ceux qui n’ont jamais cessé de me soutenir. »
Paul Pogba, sur Instagram
Cette phrase, elle résume tout. Elle dit merci à sa famille, à ses proches, à ses coéquipiers, aux supporters, même à ceux qui ont douté mais qui ont fini par comprendre. Elle dit aussi qu’il est conscient que son retour dépasse sa propre personne. C’est une victoire collective, une revanche sur l’adversité partagée avec des milliers de gens.
Et on sent que ça vient du cœur. Pas de filtre, pas de mise en scène. Juste de la gratitude brute.
Pourquoi ce retour nous touche autant
Parce qu’on a tous connu des galères, non ? Peut-être pas à ce niveau-là, mais des moments où on a cru que c’était fini. Un job perdu, une blessure longue, une période sombre. Voir un mec comme Pogba, avec tout son talent et sa gloire passée, tomber si bas et se relever comme ça… ça parle à tout le monde.
Et puis il y a cette image du gamin de Roissy-en-Brie qui a tout gagné – Coupe du monde, Ligue Europa, titres en Italie, en Angleterre – et qui se retrouve à 32 ans à devoir prouver encore. C’est presque injuste. Mais c’est aussi ça, le sport de haut niveau. Personne n’a de passe-droit éternel.
- 2018 : champion du monde avec les Bleus
- 2021 : dernier match officiel avec Manchester United
- 2023 : suspension pour dopage
- 2024 : retour à l’entraînement
- 2025 : première minute avec Monaco
En regardant cette timeline, on mesure le chemin. Et on comprend pourquoi il avait les larmes aux yeux en quittant la pelouse.
Et maintenant, que peut-on attendre ?
La question que tout le monde se pose : est-ce qu’il va retrouver son meilleur niveau ? Franchement, personne ne le sait. Le corps a 32 ans, il a pris des coups. Mais le mental, lui, semble plus fort que jamais.
À Monaco, on ne lui demande pas d’être le Pogba de 2018 tout de suite. On lui demande juste d’apporter son expérience, son calme, sa lecture du jeu. Et ça, même à 70 % de ses moyens, c’est énorme pour une équipe qui joue le haut de tableau.
Personnellement, je pense qu’on va le voir monter en puissance doucement. Peut-être quelques minutes par match jusqu’à la trêve, puis des titularisations au printemps. Et qui sait, peut-être une dernière danse avec l’équipe de France d’ici l’année prochaine ? Rien n’est impossible quand on a vu ce qu’il vient de traverser.
Le foot a besoin de ces histoires-là
Dans un monde où tout va trop vite, où les joueurs sont parfois réduits à des numéros sur un tableur Excel, des retours comme celui de Pogba nous rappellent pourquoi on aime ce sport. Parce qu’il y a des hommes derrière les maillots. Des failles, des doutes, des combats.
Et quand un stade entier se lève pour applaudir un joueur qui entre en jeu alors que son équipe est menée 4-1… c’est là qu’on se dit que le foot reste quelque chose de profondément humain.
Paul Pogba est de retour. Pas encore au top, peut-être jamais plus comme avant. Mais vivant. Debout. Et ça, déjà, c’est une immense victoire.
Le plus beau dans tout ça ? Il le sait. Et il n’oubliera jamais ceux qui l’ont porté jusqu’ici.
Alors oui, Monaco a perdu 4-1. Mais ce soir-là, le foot français a gagné quelque chose de bien plus grand. Il a retrouvé un de ses enfants prodigues. Et il lui a dit, avec toute la chaleur dont il est capable : bienvenue à la maison.
