Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il arriverait si une grand-mère de 91 ans devenait la nouvelle recruteuse star d’un établissement pour personnes âgées ? Non ? Moi non plus, jusqu’à ce que l’histoire de Paulette me tombe dessus comme un rayon de soleil en plein hiver.
À une époque où les Ehpad peinent à attirer du personnel et où les offres d’emploi restent désespérément sans réponse, une petite maison de retraite de la Somme a décidé de changer les règles du jeu. Et pas n’importe comment.
Quand une résidente de 91 ans prend les choses en main
Imaginez la scène. Une dame élégante, regard pétillant, pousse tranquilement son chariot dans les couloirs. Sur sa blouse, une étiquette improvisée : « Personnel de secours ». Elle lève les yeux vers la caméra et lâche, avec le plus grand naturel du monde : « On cherche du personnel. Y a personne… »
Ce n’est pas une blague de maison de retraite. C’est une vraie campagne de recrutement. Et derrière la caméra ? La secrétaire de direction qui a eu cette idée folle : mettre en avant l’une de leurs résidentes pour parler… aux futurs salariés.
Le résultat ? Plus de 246 000 vues en quelques jours. Des candidatures qui arrivent de toute la France. Et surtout, une vague d’émotion et de sourires partout où la vidéo passe.
Une pénurie qui touche tous les établissements
Derrière l’humour, il y a une réalité dure. Beaucoup d’établissements pour personnes âgées tournent avec le strict minimum. Arrêts maladie, congés maternité, départs en retraite… chaque absence met l’équipe sous tension.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les métiers du soin aux personnes âgées souffrent d’une image difficile. Salaire souvent proche du SMIC, charge physique et émotionnelle importante, horaires décalés. Pourtant, ceux qui exercent ce métier vous le diront : c’est aussi l’un des plus riches en relations humaines.
« Ce sont des métiers durs, mais tellement riches humainement. »
– Paulette, 91 ans, nouvelle ambassadrice de son Ehpad
Pourquoi cette vidéo a tout changé
Ce qui frappe, c’est l’authenticité. Pas de mise en scène trop léchée, pas de discours corporate. Juste Paulette, avec son franc-parler et sa bienveillance naturelle, qui parle directement au cœur des gens.
Et ça marche. Parmi les dizaines de candidatures reçues, beaucoup sont adressées… directement à Paulette. Certains écrivent même depuis le sud de la France. Comme si cette grand-mère avait réussi, en quelques secondes, à redonner du sens à ces métiers parfois oubliés.
- Des CV envoyés avec des petits mots personnels
- Des candidats qui mentionnent avoir été touchés par son message
- Des profils expérimentés qui n’avaient plus postulé depuis longtemps
- Huit personnes déjà sélectionnées pour des entretiens… où Paulette sera présente
Oui, vous avez bien lu. Elle a préparé ses questions. Et elle veut surtout savoir une chose : est-ce que les candidats ont la vocation. Parce que pour elle, c’est ça, l’essentiel.
Qui est vraiment Paulette ?
Avant d’être la star involontaire d’Internet, Paulette était commerçante. Une femme active, indépendante, qui a tenu boutique pendant des décennies. Veuve, mère d’un fils unique, elle va devenir arrière-grand-mère l’an prochain.
Arrivée dans cet Ehpad il y a trois ans, elle s’y plaît. Vraiment. Les animations quotidiennes, la qualité des repas, la gentillesse du personnel… elle le dit sans détour : « Je suis bien ici ».
Dans sa chambre, une enceinte dernier cri offerte par son fils fait défiler des photos de famille et diffuse Michel Sardou à longueur de journée. Elle fredonne encore « Rouge » avec une énergie qui ferait rougir plus d’un jeune de 30 ans.
Et quand on lui demande de remettre la blouse pour une photo, elle accepte avec le sourire. À 11h30 pile, déambulateur en main, elle file vers la salle à manger. Au menu du jour : hamburger de poisson et frites. Son verdict ? « J’aime tout », lâche-t-elle dans un éclat de rire.
Une leçon d’humanité pour tout le monde
Ce qui est beau dans cette histoire, c’est qu’elle dépasse largement le simple recrutement. Elle nous rappelle plusieurs vérités qu’on a parfois tendance à oublier.
- Les personnes âgées ont encore tellement à apporter
- L’humour et la sincérité restent les meilleures armes de communication
- Derrière chaque métier difficile, il y a des visages, des histoires, des sourires
- Parfois, il suffit d’une idée simple pour changer les choses
J’ai personnellement regardé la vidéo trois fois. Et à chaque fois, le même sourire. Parce que Paulette ne joue pas. Elle est. Authentique, drôle, touchante. Et c’est exactement ce dont ces métiers ont besoin : qu’on leur redonne un visage humain.
Et si c’était à refaire partout ?
On peut se poser la question : pourquoi ne pas voir plus souvent ce genre d’initiatives ? Mettre en avant les résidents, leur joie de vivre, leur humour, leur sagesse… pour attirer ceux qui prendront soin d’eux demain.
Parce qu’au fond, travailler en Ehpad, ce n’est pas seulement changer des protections ou distribuer des médicaments. C’est accompagner des bouts de vie. C’est rire avec une mamie qui vous raconte sa jeunesse. C’est être là quand les familles ne peuvent pas.
Paulette l’a compris mieux que quiconque. Et en une petite vidéo, elle a peut-être changé le regard de milliers de personnes sur ces métiers. Pas mal pour une « recruteuse » de 91 ans, non ?
Un espoir pour l’avenir du secteur
Cette histoire arrive à un moment où le secteur des Ehpad traverse une crise profonde. Pénurie de personnel, turnover important, épuisement des équipes… les signaux sont au rouge depuis longtemps.
Mais quand une simple vidéo, tournée avec trois fois rien et beaucoup de cœur, parvient à faire bouger les lignes, ça redonne espoir. Peut-être que la solution n’est pas seulement dans les salaires (même s’il faut évidemment les revaloriser), mais aussi dans la reconnaissance, la créativité, et surtout, l’humain.
Et si Paulette était le début de quelque chose de plus grand ? Une vague de communication positive, sincère, qui redonne ses lettres de noblesse à ces métiers du soin et de l’accompagnement.
En attendant, dans la Somme, une grand-mère continue de marcher dans les couloirs, déambulateur d’un côté, sourire de l’autre. Elle a rendez-vous avec des candidats. Et quelque part, je suis sûr qu’elle va leur poser la seule question qui compte vraiment :
« Est-ce que vous aimez les gens ? »
Parce qu’à 91 ans, Paulette sait mieux que personne que c’est ça, le cœur du métier.
Et quelque part, on a tous envie de lui dire merci.
