Imaginez-vous réveillé en pleine nuit, assoiffé, tournant le robinet… et rien. Pas une goutte. C’est la réalité pour des milliers d’habitants dans le sud de la Corse depuis plusieurs semaines. Une pénurie d’eau sans précédent frappe l’île, obligeant les autorités à couper l’approvisionnement chaque nuit. Cette crise, bien plus qu’un simple désagrément, révèle des failles profondes dans la gestion des ressources hydriques. Alors, comment en est-on arrivé là ? Et surtout, quelles solutions pour éviter que cela ne devienne la norme ?
Une Île Confrontée à une Sécheresse Historique
La Corse, souvent vantée pour ses paysages luxuriants et ses rivières cristallines, traverse une période de sécheresse exceptionnelle. Dans l’extrême-sud, les barrages, piliers de l’approvisionnement en eau, affichent des niveaux alarmants. Fin août, certains réservoirs frôlaient les 19 % de leur capacité, un seuil critique jamais atteint auparavant. Cette situation n’est pas seulement un caprice de la météo : elle s’inscrit dans un contexte plus large de changement climatique et de pressions humaines croissantes.
La sécheresse que nous vivons est un signal d’alarme. Nous devons repenser notre rapport à l’eau, et vite.
– Expert en gestion hydrique
Les habitants de villes comme Bonifacio ou Porto-Vecchio subissent des coupures d’eau nocturnes, de 22h30 à 6h. Une mesure drastique, mais nécessaire pour préserver les maigres réserves. Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’île fait face à des alertes. Depuis des décennies, les signaux d’alerte se multiplient, sans que des solutions structurelles ne soient mises en place. Pourquoi ? C’est la question qui taraude habitants et élus.
Les Causes d’une Crise Annoncée
Si la sécheresse est un facteur clé, elle n’explique pas tout. L’augmentation de la consommation joue un rôle central. Entre 2023 et 2025, la demande en eau potable a bondi de 16 %, en partie à cause d’une croissance touristique soutenue. Les visiteurs affluent, les hôtels se remplissent, et les besoins en eau explosent. À cela s’ajoute une démographie dynamique, qui met une pression supplémentaire sur les infrastructures vieillissantes.
Mais ce n’est pas tout. Les infrastructures hydrauliques corses, souvent datées, ne suivent pas. Aucun grand barrage n’a été construit depuis 2002, et les capacités de stockage restent limitées. Les barrages de l’Ospedale et de Figari, essentiels pour la région, ne suffisent plus à répondre à la demande. J’ai toujours trouvé aberrant qu’une île entourée d’eau puisse manquer de ressources aussi vitales. Pourtant, c’est bien le cas.
- Climat : Une année 2025 marquée par des records de sécheresse dès juin.
- Tourisme : Une hausse de la consommation d’eau liée à l’afflux de visiteurs.
- Infrastructures : Des barrages insuffisants et aucun nouvel ouvrage majeur.
- Comportements : Une sensibilisation encore insuffisante des habitants.
Face à cette situation, les autorités ont réagi en imposant des restrictions : interdiction d’arroser les pelouses, de laver les voitures ou de nettoyer les façades. Mais ces mesures, bien que nécessaires, semblent être un pansement sur une plaie bien plus profonde.
Les Coupures Nocturnes : Une Solution de Court Terme
Depuis début octobre, environ 4 300 habitants vivent sans eau la nuit. Cette mesure, bien que contraignante, a permis de réduire la consommation quotidienne. Avant les coupures, la région consommait 17 700 m³ d’eau par jour. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 14 300 m³, un niveau jugé plus soutenable. Mais à quel prix ?
Pour beaucoup, ces restrictions sont un choc. Une habitante de Bonifacio confie :
On nous répète depuis des années de faire attention, mais certains continuent d’arroser leurs jardins comme si de rien n’était. Aujourd’hui, on paye tous pour ça.
– Résidente locale
Les coupures ont au moins un mérite : elles forcent une prise de conscience. Mais elles ne résolvent pas le problème de fond. Avec seulement 80 jours d’autonomie en eau, la région reste sur le fil. Et les prévisions météo, peu encourageantes, n’annoncent pas de pluies significatives avant novembre. Alors, que faire ?
Des Solutions à Long Terme : Un Défi de Taille
La crise actuelle met en lumière un besoin urgent de solutions durables. Parmi les projets envisagés, le rehaussement du barrage de Figari, prévu pour 2028, devrait augmenter la capacité de stockage de 2 millions de m³. Une avancée, certes, mais qui ne suffira pas à répondre à la croissance des besoins. D’autres pistes émergent :
- Modernisation des infrastructures : Investir dans de nouveaux barrages ou des systèmes de récupération des eaux de pluie.
- Sensibilisation : Campagnes pour encourager des comportements écoresponsables.
- Gestion touristique : Réguler l’impact du tourisme sur les ressources hydriques.
- Technologies innovantes : Explorer le dessalement ou le recyclage des eaux usées.
Personnellement, je trouve que la sensibilisation est la clé. On ne peut pas continuer à consommer comme si les ressources étaient infinies. Mais cela demande un effort collectif, des habitants aux touristes en passant par les autorités. Et si on commençait par éduquer dès l’école sur l’importance de l’eau ?
| Solution | Impact attendu | Horizon |
| Rehaussement du barrage | +2 millions m³ de stockage | 2028 |
| Sensibilisation publique | Réduction de 10-15 % de la consommation | Immédiat |
| Dessalement | Approvisionnement alternatif | Long terme |
Le défi est de taille, mais il n’est pas insurmontable. D’autres régions méditerranéennes, comme certaines zones d’Espagne, ont réussi à mettre en place des systèmes de gestion de l’eau plus résilients. Pourquoi pas la Corse ?
Le Rôle du Changement Climatique
Impossible de parler de cette crise sans évoquer le changement climatique. Les experts s’accordent : les épisodes de sécheresse, comme celui de 2025, vont devenir plus fréquents et plus intenses. Les records de chaleur enregistrés dès juin ont accéléré l’évaporation des réserves. Et ce n’est que le début. Selon des études récentes, la Méditerranée pourrait voir ses précipitations diminuer de 20 % d’ici 2050.
Ce constat est inquiétant, mais il doit aussi être un moteur d’action. La Corse, avec son écosystème unique, ne peut pas se permettre d’ignorer ces signaux. La question n’est plus de savoir si une crise arrivera, mais quand et comment s’y préparer.
Le climat change, et nous devons changer avec lui. Sinon, ce sont nos modes de vie qui seront bouleversés.
– Scientifique spécialiste du climat
Ce qui me frappe, c’est l’urgence de passer à l’action. On ne peut pas attendre que les barrages soient pleins pour agir. Chaque goutte compte, et chaque geste aussi.
Et Après ? Une Lueur d’Espoir
Malgré la gravité de la situation, il y a des raisons d’espérer. Les efforts de réduction de la consommation montrent déjà des résultats encourageants. Les habitants, bien que frustrés, commencent à adopter des réflexes plus économes. Et les projets à venir, comme le rehaussement du barrage, pourraient offrir un répit.
Mais pour que ces efforts portent leurs fruits, il faudra une mobilisation générale. Les élus doivent investir dans des infrastructures modernes, les habitants doivent repenser leurs habitudes, et les touristes doivent être sensibilisés à l’impact de leurs séjours. La Corse, île de beauté, mérite qu’on la protège. Et si cette crise était l’occasion de repenser notre rapport à l’eau, non seulement sur l’île, mais partout ailleurs ?
En attendant, les nuits sans eau rappellent à tous que les ressources ne sont pas infinies. Et vous, que feriez-vous si votre robinet restait à sec ?
