Vous est-il déjà arrivé de vous demander jusqu’où peut mener une soirée trop arrosée quand on prend le volant avec un enfant à l’arrière ? Moi, chaque fois que je lis ce genre d’histoire, j’ai l’estomac noué. Parce que ce qui s’est passé un soir de septembre 2024 dans l’Ohio dépasse l’entendement.
Un père de 34 ans, une petite fille de 2 ans bouclée dans son siège auto, une dizaine de bières dans le sang et, quelques kilomètres plus tard, une voiture qui prend feu sur le bord de la route. Lui s’en sort. Elle, non. Et le pire, c’est qu’il a d’abord menti aux secours en jurant qu’il était seul.
Une soirée qui tourne au cauchemar absolu
Reprenons depuis le début, calmement, même si c’est difficile. Ce soir-là, l’homme décide de sortir boire. Rien de rare, direz-vous. Sauf qu’il enchaîne les verres – on parle d’une dizaine de consommations alcoolisées, surtout des bières – et qu’ensuite, il prend sa fille avec lui pour rentrer.
Sur la route, un pneu éclate ou se dégonfle, personne ne le saura vraiment. Le véhicule commence à partir en vrille, frotte le bitume, et finit par s’enflammer. Les témoins qui passent alertent immédiatement les secours. Quand les premiers policiers arrivent, ils trouvent un homme visiblement choqué, odeur d’alcool très forte, yeux injectés de sang, démarche hésitante.
À la question classique – « Y avait-il quelqu’un d’autre dans la voiture ? » – il répond sans hésiter : non, j’étais seul.
Il était bouleversé, mais ses propos étaient incohérents et il puait l’alcool à dix mètres.
Un témoin présent sur place
Le mensonge qui ne tient pas trente minutes
Pendant que les pompiers luttent contre les flammes, un détail attire leur attention : un siège-auto à l’arrière. Ils fouillent, éteignent, et découvrent ce qu’aucun secouriste ne devrait jamais voir : le petit corps carbonisé d’une enfant de 2 ans, toujours attachée par sa ceinture cinq points.
Le père est immédiatement placé en garde à vue. D’abord, il dit ne se souvenir de rien. Puis, petit à petit, la vérité sort. Oui, sa fille était avec lui. Oui, il avait trop bu. Non, il n’a pas pensé à elle en sortant de la voiture.
Comment peut-on oublier son propre enfant dans un moment pareil ? La question me hante depuis que j’ai pris connaissance du dossier.
Une mère brisée qui dit tout haut ce que tout le monde pense
Lors du procès, la maman de la petite victime a fait lire une lettre qui a fait taire la salle entière. Je vous la résume, parce que certains passages sont trop durs à recopier mot pour mot :
Ma fille n’avait que deux ans. Elle n’aura jamais trois ans, jamais l’école, jamais de premier amour. Tout ça parce que son père a préféré boire plutôt que de penser à elle. Il l’a tuée. Point final.
Elle demandait la prison à vie. Elle n’a pas été entendue complètement, mais presque.
Une peine lourde, mais est-ce suffisant ?
Le juge n’a pas fait dans la demi-mesure : entre 22 et 27 ans et demi de prison pour homicide involontaire, mise en danger d’un enfant et incendie criminel (le feu ayant été provoqué par la conduite dangereuse).
L’homme a tenté de s’excuser à la barre. Il a dit qu’il ne se rappelait de rien, qu’il ne verrait jamais sa fille grandir, qu’il était désolé. Le juge lui a répondu froidement : « Je vous plains. » Et il a prononcé la sentence.
22 ans minimum, ça veut dire qu’il sortira vers ses 56 ans. La petite, elle, n’aura jamais 5 ans.
L’alcool au volant, ce fléau qu’on croit toujours « maîtriser »
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. Chaque année, des milliers d’enfants meurent ou sont gravement blessés parce qu’un adulte a cru qu’« une petite bière, ça passe ».
- Un taux d’alcoolémie élevé multiplie par 17 le risque d’accident mortel.
- Près d’un tiers des tués sur la route en Europe sont liés à l’alcool.
- Les enfants de moins de 10 ans sont les premières victimes collatérales.
Et pourtant, on continue à minimiser. « Je tiens bien l’alcool », « je conduis mieux quand j’ai bu un peu », « il n’y a personne sur la route à cette heure-ci »… Toutes ces phrases qu’on a tous entendues un jour.
Ce père-là les a probablement pensées aussi. Et aujourd’hui une petite fille est morte brûlée vive, attachée dans son siège, pendant que son père sauvait sa propre peau.
Le siège auto, ce héros silencieux qui n’a pas suffi
On nous répète sans cesse que le siège auto sauve des vies. Et c’est vrai, dans 90 % des cas d’accident classique. Mais face à un incendie violent, même le meilleur siège du monde ne peut rien.
La petite était correctement attachée, dos à la route comme il faut à cet âge. Cela n’a servi à rien. Pire, cela l’a peut-être empêchée de s’échapper seule – même si à 2 ans, c’est évidemment impossible.
Ce détail me glace : elle était en sécurité… jusqu’à ce que l’irresponsabilité de son propre père transforme cette sécurité en piège mortel.
Et nous, qu’est-ce qu’on retient vraiment ?
On peut condamner cet homme autant qu’on veut – et croyez-moi, peu de gens le défendent – mais le problème est plus large. Tant qu’on considérera l’alcool au volant comme une petite bêtise pardonnable, il y aura d’autres petites filles calcinées dans leur siège.
Peut-être que cette histoire vous mettra assez mal à l’aise pour refuser ce « dernier verre » avant de prendre la route. Peut-être que vous penserez à appeler un taxi, ou à dormir sur place. Peut-être que vous sauverez une vie sans même le savoir.
Moi, en tout cas, chaque fois que je lis un fait divers de ce genre, je me fais la promesse solennelle de ne jamais, jamais monter en voiture après avoir bu. Parce que les excuses bidon et les « ça n’arrive qu’aux autres », on sait tous où ça mène.
Repose en paix, petite Lyllyanna. Tu méritais mille fois mieux que ça.
(Article rédigé avec le plus grand respect pour la mémoire de la victime et de sa famille. Aucune complaisance envers l’auteur des faits.)
