Imaginez-vous marcher dans les rues vibrantes de Lima, où l’agitation habituelle des marchés et les klaxons des bus se mêlent désormais à une tension palpable. Depuis quelques semaines, la capitale péruvienne et le port voisin de Callao sont sous haute surveillance, avec des militaires déployés et des libertés restreintes. Pourquoi ? Une vague de violence sans précédent, alimentée par le crime organisé, a poussé le président par intérim, José Jeri, à déclarer l’état d’urgence. Cette décision, aussi radicale qu’inattendue, marque un tournant dans un pays où l’insécurité ronge le quotidien des habitants. Mais qu’est-ce qui a conduit à cette mesure extrême, et quelles en sont les implications ? Plongeons dans cette crise qui secoue le Pérou.
Une Crise Sécuritaire qui Ébranle le Pérou
Le Pérou, connu pour sa riche histoire inca et ses paysages à couper le souffle, fait face à une tempête bien moins poétique : une montée fulgurante de la criminalité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le début de l’année, pas moins de 47 chauffeurs de bus ont été assassinés, victimes d’extorsions orchestrées par des gangs. Ces actes, souvent d’une violence brutale, ne sont que la pointe de l’iceberg. Les habitants de Lima et de Callao vivent dans la peur constante des agressions, des vols, et des menaces. J’ai toujours trouvé fascinant, et un peu effrayant, comment une ville aussi dynamique peut basculer dans une telle insécurité en si peu de temps. Ce n’est pas seulement une question de chiffres, mais d’un sentiment d’impuissance qui gagne la population.
La criminalité a transformé nos rues en zones de guerre invisibles, où chaque jour apporte son lot de peur et d’incertitude.
– Un habitant de Lima, anonyme
Cette crise n’est pas nouvelle, mais elle s’est aggravée à une vitesse alarmante. Les gangs, profitant de l’instabilité politique chronique du pays, ont étendu leur emprise, ciblant particulièrement les petites entreprises et les chauffeurs. Les rackets et les assassinats ciblés sont devenus monnaie courante, au point que le gouvernement n’a eu d’autre choix que de réagir avec force.
L’État d’Urgence : Une Réponse Radicale
Le 22 octobre 2025, José Jeri, président par intérim depuis la destitution de Dina Boluarte, a pris une décision qui a marqué les esprits : instaurer l’état d’urgence pour 30 jours dans Lima métropolitaine et Callao. Cette mesure, approuvée par le Conseil des ministres, permet au gouvernement de déployer l’armée dans les rues et de limiter certaines libertés fondamentales, comme le droit de réunion. C’est une réponse musclée, mais est-elle à la hauteur du défi ?
Concrètement, cela signifie que les militaires patrouillent désormais aux côtés de la police, avec pour mission d’enrayer la spirale de violence. Les habitants, bien que soulagés par cette présence renforcée, s’inquiètent des restrictions imposées. Imaginez ne plus pouvoir organiser un rassemblement spontané ou sortir librement dans certains quartiers après une certaine heure. C’est une pilule difficile à avaler, même si elle vise à restaurer la sécurité.
- Patrouilles militaires : L’armée est déployée pour sécuriser les zones à risque.
- Restrictions des libertés : Interdiction des rassemblements publics non autorisés.
- Renforcement policier : Une collaboration accrue entre police et armée pour traquer les gangs.
Cette décision n’est pas sans précédent. Entre mars et juillet, certaines parties de Lima avaient déjà été placées sous un régime similaire après l’assassinat d’un chanteur populaire, victime d’un règlement de comptes lié au crime organisé. Mais cette fois, l’ampleur est différente. Toute la capitale et son port stratégique sont concernés, signe que la situation est critique.
Un Contexte Politique Explosif
Pour comprendre cette crise, il faut plonger dans le chaos politique qui secoue le Pérou depuis des années. La destitution de Dina Boluarte, le 10 octobre 2025, a marqué un nouveau chapitre dans l’instabilité gouvernementale du pays. José Jeri, président du Parlement, a pris les rênes en tant que président par intérim jusqu’en juillet 2026. Mais ce changement de leadership n’a pas apaisé les tensions. Au contraire, les manifestations se sont multipliées, alimentées par la frustration face à l’insécurité et à une classe politique perçue comme déconnectée.
La semaine dernière, des milliers de Péruviens sont descendus dans les rues pour crier leur ras-le-bol. À Lima, ces protestations ont dégénéré en affrontements violents, avec un bilan tragique : un mort, tué par un policier, et plus de 113 blessés, dont une majorité de forces de l’ordre. Ces chiffres, froids sur le papier, cachent une réalité bien plus humaine. Derrière chaque blessure, il y a une famille, une histoire, une vie bouleversée.
Nous voulons simplement vivre sans peur, mais le système semble nous trahir à chaque tournant.
– Une manifestante à Lima
Ce climat de défiance n’est pas surprenant. Le Pérou a vu défiler six présidents en huit ans, un record qui illustre l’instabilité chronique du pays. Chaque nouveau dirigeant promet le changement, mais les problèmes structurels – corruption, inégalités, faiblesse des institutions – persistent. L’état d’urgence, bien qu’il vise à rétablir l’ordre, risque d’attiser encore plus la colère populaire si les résultats tardent à venir.
Le Crime Organisé : Une Menace Enracinée
Si l’état d’urgence est une réponse immédiate, il ne s’attaque pas aux racines du problème : le crime organisé. Les gangs, souvent bien structurés, exploitent les failles du système. Ils ciblent les chauffeurs de bus, les petits commerçants, et même les écoles, exigeant des paiements sous peine de représailles. Ce phénomène d’extorsion est devenu un véritable fléau, sapant l’économie locale et semant la peur.
| Secteur | Impact du crime organisé | Conséquences |
| Transports | 47 chauffeurs assassinés depuis janvier | Paralysie partielle des services |
| Commerce | Extorsions généralisées | Fermetures de boutiques |
| Éducation | Menaces contre les écoles | Climat de peur pour les familles |
Ce qui frappe, c’est la sophistication de ces réseaux criminels. Ils opèrent comme de véritables entreprises, avec des hiérarchies claires et des stratégies bien rodées. Certains experts estiment que cette montée en puissance est liée à l’affaiblissement des institutions publiques, incapables de coordonner une réponse efficace. D’autres pointent du doigt la pauvreté et les inégalités, qui offrent un terrain fertile pour le recrutement de jeunes dans ces organisations.
Personnellement, je trouve terrifiant de penser que des quartiers entiers vivent sous la coupe de ces gangs. Comment une société peut-elle fonctionner quand la peur dicte chaque décision ? La réponse ne réside pas seulement dans les patrouilles militaires, mais dans une réforme profonde du système judiciaire et policier.
Les Manifestations : Une Colère Légitime ?
Les manifestations, qui ont éclaté il y a un mois, sont le reflet d’un malaise profond. Les Péruviens ne protestent pas seulement contre l’insécurité, mais contre un système qu’ils jugent inefficace. Les heurts récents, parmi les plus violents depuis des années, ont mis en lumière la fracture entre la population et les autorités. Plus de 200 personnes, incluant des manifestants, des policiers et des journalistes, ont été blessées depuis le début du mouvement. Ces chiffres, bien que choquants, ne racontent qu’une partie de l’histoire.
Dans les rues de Lima, les pancartes dénoncent à la fois les gangs et les politiciens. Les slogans, souvent criés avec ferveur, demandent justice, sécurité, et un avenir meilleur. Mais la violence des affrontements pose une question : jusqu’où cette colère peut-elle aller sans plonger le pays dans un chaos encore plus grand ?
- Origine des manifestations : Frustration face à l’insécurité et à l’inaction politique.
- Escalade : Affrontements violents avec les forces de l’ordre.
- Conséquences : Blessures, arrestations, et un fossé croissant entre citoyens et autorités.
Ce qui m’a toujours marqué dans ces mouvements, c’est leur capacité à unir des gens de tous horizons. Ouvriers, étudiants, commerçants : tous partagent ce sentiment d’abandon. Mais la répression, bien que parfois nécessaire pour maintenir l’ordre, risque de jeter de l’huile sur le feu. L’équilibre est fragile.
Quel Avenir pour le Pérou ?
L’état d’urgence, bien qu’il soit une mesure d’urgence, ne résout pas tout. José Jeri a promis de “changer l’histoire de l’insécurité” au Pérou, mais les défis sont immenses. Restaurer la confiance des citoyens, démanteler les réseaux criminels, et stabiliser le paysage politique demandent bien plus qu’un mois de patrouilles militaires. À mon avis, l’aspect le plus intéressant – et peut-être le plus difficile – est de reconstruire un contrat social entre l’État et la population.
Les experts s’accordent à dire que des réformes structurelles sont nécessaires. Renforcer la police, investir dans l’éducation, et réduire les inégalités pourraient affaiblir l’emprise des gangs à long terme. Mais ces solutions prennent du temps, et les Péruviens, eux, veulent des résultats maintenant.
La sécurité ne se décrète pas ; elle se construit avec des institutions solides et une société unie.
– Un analyste politique péruvien
En attendant, les rues de Lima restent sous tension. Les habitants oscillent entre espoir et méfiance, tandis que l’armée patrouille et que les manifestations continuent. Le Pérou se trouve à un carrefour : soit il parvient à transformer cette crise en opportunité pour des réformes durables, soit il s’enfonce dans un cycle de violence et d’instabilité. Une chose est sûre : les 30 prochains jours seront décisifs.
Un Défi pour le Gouvernement Intérimaire
José Jeri, en tant que président par intérim, joue gros. Cette mesure d’urgence est sa première grande décision, et elle sera scrutée de près. Réussira-t-il à apaiser les tensions tout en luttant contre le crime organisé ? Ou bien son mandat sera-t-il marqué par une répression accrue et une défiance grandissante ? Les réponses à ces questions façonneront l’avenir du Pérou pour les années à venir.
Ce qui me frappe, c’est la résilience des Péruviens face à ces défis. Malgré la peur, ils continuent de manifester, de travailler, de vivre. Peut-être est-ce là la clé : une société qui, malgré tout, refuse de baisser les bras. Mais pour que cette résilience porte ses fruits, le gouvernement devra montrer qu’il est à la hauteur.
En conclusion, l’état d’urgence à Lima et Callao est bien plus qu’une mesure temporaire. C’est un signal d’alarme pour un pays confronté à des défis complexes. Entre crime organisé, instabilité politique, et colère populaire, le Pérou marche sur une corde raide. Reste à savoir si José Jeri et son gouvernement sauront transformer cette crise en une opportunité pour un avenir plus sûr et plus stable. Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Le Pérou peut-il sortir de cette spirale ?
