Quand on pense à la politique locale, on imagine souvent des débats feutrés dans des salles austères, loin des projecteurs nationaux. Pourtant, dans l’Aube, un vent de changement souffle depuis l’élection de Philippe Dallemagne à la présidence du conseil départemental. Ce retraité de 63 ans, figure ancrée dans le terroir aubois, a pris les rênes dans un contexte où les finances publiques se crispent et où la confiance envers les élus vacille. Comment compte-t-il relever ce défi ? Avec une gouvernance plus ouverte, des priorités centrées sur les habitants et une bonne dose de pragmatisme, il promet de redonner du souffle à ce département champenois. Accrochez-vous, on plonge dans son projet !
Un Nouveau Leader pour l’Aube
L’élection de Philippe Dallemagne n’a pas traîné. En un seul tour, avec 30 voix pour, une abstention et trois bulletins blancs, l’ancien vice-président aux finances a été propulsé à la tête du département. Ce n’est pas une surprise pour ceux qui connaissent son parcours. Maire de Soulaines-Dhuys depuis 1995, président d’une intercommunalité et conseiller départemental depuis 2011, il a bâti sa réputation sur une gestion rigoureuse et un ancrage local. Mais ce qui frappe, c’est l’ambiance apaisée qui a entouré son élection. Pas de coups bas, pas de scandale. Même ses opposants, comme les élus de gauche, ont salué son arrivée avec une volonté de dialogue. Dans un climat national où la politique rime souvent avec cris et divisions, ce consensus local fait du bien.
Dans un contexte où la confiance envers les élus s’effrite, c’est à nous, élus locaux, de montrer qu’on peut faire autrement.
– Un responsable politique local
Ce n’est pas anodin. Dallemagne le sait : les Français en ont marre des promesses creuses et des postures. Alors, il mise sur la proximité. Pour lui, les élus locaux ont un rôle clé pour restaurer la confiance. Et il ne part pas de zéro. Son expérience à Soulaines-Dhuys, où il a géré des dossiers complexes comme le site de stockage de déchets radioactifs, lui donne une crédibilité certaine. Mais la vraie question, c’est : comment va-t-il s’y prendre pour diriger un département face à des contraintes budgétaires croissantes ?
Des Finances sous Tension : Le Grand Défi
Si on devait résumer le mandat de Dallemagne en un mot, ce serait rigueur. Les finances du département sont dans le rouge, ou du moins, elles se « tendent », comme il le dit lui-même. Avec des baisses probables des dotations de l’État, le nouveau président doit jongler avec un budget serré tout en maintenant les services essentiels. Son objectif ? Préserver une capacité d’investissement d’environ 50 millions d’euros par an pour booster l’économie locale, tout en réduisant les dépenses de fonctionnement de 5 %. Pas une mince affaire !
Pour y parvenir, Dallemagne mise sur une approche pragmatique. Il veut se concentrer sur les compétences obligatoires du département : l’éducation, les solidarités, les routes, ou encore l’insertion professionnelle. Mais il ne s’agit pas de tout couper à la hache. Il envisage, par exemple, de ne pas remplacer systématiquement les départs en retraite parmi les agents départementaux. Une mesure qui pourrait faire grincer des dents, mais qui, selon lui, est inévitable pour équilibrer les comptes.
| Objectif | Stratégie | Impact attendu |
| Investissement | Maintenir 50M€/an | Soutien à l’économie locale |
| Dépenses fonctionnement | Réduction de 5 % | Équilibre budgétaire |
| Gouvernance | Collégiale et décentralisée | Meilleure implication des élus |
J’ai toujours trouvé que la gestion des finances locales, c’est un peu comme tenir un budget familial : il faut faire des choix, parfois douloureux, mais toujours avec un objectif en tête. Pour Dallemagne, cet objectif, c’est de ne pas sacrifier les projets qui font vivre l’Aube. Et ça, c’est un pari audacieux.
Une Gouvernance Plus Ouverte
Exit le style pyramidal où tout repose sur le président. Dallemagne veut une gouvernance collégiale. Concrètement, ça veut dire quoi ? Chaque vice-président aura un rôle renforcé pour porter des projets dans son domaine. Fini le temps où les décisions descendaient d’en haut sans débat. Cette approche, il l’a testée à Soulaines-Dhuys, où il a travaillé main dans la main avec son équipe pour des projets comme des maisons de santé ou un centre de balnéothérapie. Et ça a marché !
Ce style de management, c’est aussi une réponse à une époque où les citoyens demandent plus de transparence. Dallemagne le répète : il veut que les élus soient au cœur des décisions, mais aussi qu’ils rendent des comptes. Une idée qui, sur le papier, semble séduisante. Mais dans les faits, est-ce que ça tiendra la route face aux ego et aux rivalités politiques ? C’est un point à surveiller.
Je veux que chaque vice-président soit un acteur clé, pas juste un figurant.
Pour moi, cette volonté de décentraliser les responsabilités, c’est un peu comme donner les clés d’une voiture à plusieurs conducteurs. Ça peut aller plus vite… ou déraper si tout le monde tire le volant de son côté. Mais Dallemagne semble confiant, et son passé de gestionnaire local plaide en sa faveur.
Les Priorités : Solidarité et Éducation en Tête
Si les finances sont le nerf de la guerre, les priorités de Dallemagne sont le cœur de son projet. Et là, pas de surprise : il met le paquet sur la solidarité et l’éducation. Aide à l’enfance, accompagnement des personnes handicapées, soutien aux seniors… Ces domaines, il les considère comme non négociables. « C’est le rôle d’un département de ne laisser personne sur le bord de la route », aurait-il déclaré lors d’une réunion récente.
L’éducation, c’est l’autre gros morceau. Avec 24 collèges à entretenir et des projets de rénovation en cours, comme celui de Sainte-Savine, Dallemagne sait que c’est un sujet sensible. Les déboires autour de la reconstruction avortée de ce collège ont marqué les esprits, et il promet de remettre le dossier sur la table rapidement. Mais attention, entretenir des bâtiments et investir dans de nouveaux équipements, c’est un casse-tête budgétaire. Comment faire quand l’argent manque ?
- Solidarité : Aides aux plus fragiles, insertion professionnelle, soutien aux pompiers.
- Éducation : Rénovation des collèges, focus sur la jeunesse.
- Aménagement : Routes, patrimoine touristique, environnement.
Ce qui m’a marqué, c’est cette insistance sur la jeunesse. Dans un département rural comme l’Aube, où les jeunes partent parfois chercher des opportunités ailleurs, investir dans l’éducation, c’est un pari sur l’avenir. Mais est-ce que ça suffira à les retenir ?
Santé : Un Défi Hors Compétences
La santé, ce n’est pas une compétence directe du département, mais Dallemagne ne l’ignore pas pour autant. Il a déjà un vécu sur le sujet : à Soulaines-Dhuys, il a contribué à créer deux maisons de santé et un centre de balnéothérapie. Son constat est clair : le problème, ce n’est pas seulement les bâtiments, mais le manque de praticiens. Dans l’Aube, comme ailleurs, attirer des médecins est un défi majeur. Et ça, ça touche tout le monde, des jeunes aux seniors.
Ce qui est intéressant, c’est que Dallemagne ne se contente pas de dire « c’est pas mon job ». Il veut s’appuyer sur les partenariats avec les communes et les intercommunalités pour avancer. Une maison de santé, ça ne se construit pas en un claquement de doigts, mais son expérience montre qu’il sait mobiliser les acteurs locaux. Reste à voir si ça suffira face à la désertification médicale.
La santé, c’est avant tout une question de praticiens, pas juste d’immobilier.
Travailler avec les Collectivités : Fini les Brouilles
Un autre axe fort de Dallemagne, c’est la collaboration avec les communes et les intercommunalités. Après des années de tensions entre le département et certaines collectivités, notamment la ville de Troyes, il veut tourner la page. Son credo ? « Travailler ensemble pour les Aubois. » Ça peut sembler évident, mais dans la vraie vie, les rivalités entre collectivités peuvent freiner des projets d’envergure. Dallemagne, lui, veut jouer la carte de l’unité.
Je trouve ça rafraîchissant, cette volonté de mettre les ego de côté. Dans un département comme l’Aube, où les projets touristiques et culturels peuvent attirer des visiteurs et dynamiser l’économie, cette coopération est essentielle. Dallemagne cite souvent l’exemple du patrimoine local, comme les caves de champagne ou les sites historiques, qu’il veut mettre en avant. Mais là encore, tout repose sur les moyens financiers.
Et Après ? Les Défis à Long Terme
Alors, Philippe Dallemagne est-il l’homme de la situation ? Son programme est ambitieux, mais réaliste. Il ne promet pas la lune, mais une gestion serrée, des priorités claires et un dialogue constant avec les acteurs locaux. Pourtant, des questions restent en suspens. Comment concilier des investissements massifs avec des coupes budgétaires ? Est-ce que sa gouvernance collégiale tiendra face aux pressions ? Et surtout, comment redonner confiance aux habitants dans un contexte national si morose ?
Pour moi, l’aspect le plus intéressant, c’est cette volonté de remettre l’humain au centre. Que ce soit à travers les aides sociales, l’éducation ou la santé, Dallemagne semble vouloir construire un département qui ne laisse personne derrière. Mais dans un monde où l’argent dicte souvent les règles, son pari est loin d’être gagné.
- Équilibrer les finances : Réduire les dépenses sans sacrifier les services.
- Impliquer les élus : Une gouvernance plus participative.
- Prioriser l’humain : Éducation, solidarité et santé au cœur du projet.
En attendant, l’Aube regarde son nouveau président avec un mélange d’espoir et de prudence. Les mois à venir seront cruciaux pour juger de sa capacité à transformer ses promesses en réalité. Une chose est sûre : dans ce coin de Champagne, on n’a pas fini d’entendre parler de Philippe Dallemagne.
