Imaginez-vous à la place de Volodymyr Zelensky ce matin. Votre pays se bat depuis bientôt quatre ans, vos soldats tiennent encore la ligne malgré l’épuisement, et soudain, une proposition tombe comme une bombe : un plan qui ressemble furieusement à une capitulation déguisée. C’est exactement ce qui se passe en ce 21 novembre 2025.
Je ne vais pas vous refaire l’historique complet – vous le connaissez probablement mieux que moi – mais avouez que le timing est diabolique. À quelques semaines d’une nouvelle administration américaine qui a promis de « régler le problème ukrainien rapidement », voilà qu’un document de 28 points circule, avec des exigences qui font bondir tout Kiev.
Un coup de téléphone qui peut tout faire basculer
Ce vendredi, Zelensky a décroché son téléphone pour un appel à quatre très attendu. À l’autre bout du fil : Emmanuel Macron, Friedrich Merz (le nouveau chancelier allemand) et Keir Starmer. Quatre leaders, quatre pays qui comptent encore lourd en Europe, et un seul sujet brûlant : que faire face à cette proposition venue d’outre-Atlantique ?
Parce que oui, l’Europe est prise de court. Le plan n’a même pas été transmis officiellement aux institutions bruxelloises. Antonio Costa et Ursula von der Leyen l’ont appris comme nous, par les médias et les fuites. Drôle de façon de traiter ses alliés, non ?
Ce que contient vraiment ce plan explosif
Allons droit au but. Les points les plus sensibles ? Les voici, sans filtre :
- Reconnaissance officielle des régions de Donetsk et Lougansk sous contrôle russe (voire plus large)
- Engagement ferme de l’Ukraine à ne jamais intégrer l’OTAN
- Réduction drastique des forces armées ukrainiennes – on parle de presque diviser par deux
- Retour de la Russie au sein du G8 (devenu G7 après 2014)
- Statut particulier pour les territoires occupés avec supervision internationale limitée
Franchement, quand on lit ça, on comprend pourquoi Kiev parle déjà de « lignes rouges infranchissables ». C’est une chose de négocier la paix, c’en est une autre d’accepter ce qui ressemble à une reddition en bonne et due forme.
« Aucun plan qui franchirait nos lignes rouges ne sera accepté. Point final. »
Un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat
La position ukrainienne : ferme, mais sous pression
À Kiev, on ne rigole plus du tout. Roustem Oumerov, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et l’un des négociateurs les plus écoutés, l’a répété noir sur blanc : la souveraineté, la sécurité du peuple et les lignes rouges ne sont pas négociables.
Mais soyons lucides : la situation sur le terrain reste compliquée. L’armée ukrainienne tient bon, parvient même à quelques coups d’éclat (rappelez-vous l’abattage récent d’un missile Kalibr avec un système chinois saisi), mais la fatigue est là. Et chaque semaine apporte son lot de mauvaises nouvelles côté logistique et munitions.
Du côté du Kremlin ? On jubile à peine voilé. Le porte-parole Dmitri Peskov a été clair : « Il vaut mieux négocier maintenant que plus tard, quand il ne restera plus rien à négocier. » Traduction : continuez à résister et vous perdrez encore plus de territoires. Charmant.
L’Europe entre solidarité affichée et réalisme froid
Officiellement, l’Europe est unie derrière l’Ukraine. Les ministres des Affaires étrangères, réunis récemment à Bruxelles, l’ont redit : pas de paix sans les Ukrainiens, et surtout pas de paix qui ressemblerait à une capitulation.
Mais dans les couloirs, c’est plus nuancé. Certains dirigeants commencent à se dire que « prolonger la guerre indéfiniment » n’est peut-être pas la meilleure idée. Surtout quand les caisses se vident et que l’opinion publique fatigue.
« Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair. »
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne
Le hic ? Le plan américain semble avoir été pensé sans vraiment consulter qui que ce soit en Europe. Un responsable allemand l’a même qualifié de « liste de sujets » plutôt que de véritable proposition structurée. Autrement dit : on vous balance des idées brut de décoffrage, débrouillez-vous avec.
Le sommet du G20, prochain round décisif ?
Ce week-end, à Johannesburg, le G20 va devenir le théâtre d’une partie d’échecs géante. Ursula von der Leyen l’a annoncé : elle va contacter Zelensky directement et discuter avec les dirigeants présents. Antonio Costa a été plus direct : tant qu’on n’a pas de document officiel, difficile de commenter.
Mais tout le monde sait que derrière les déclarations policées, les tractations ont déjà commencé. Et que certains pays (la Turquie et le Qatar sont souvent cités) pourraient jouer les médiateurs discrets.
Et nous, où place-t-on la morale dans tout ça ?
C’est là que ça devient intéressant – et franchement dérangeant. Parce qu’on peut tourner le problème dans tous les sens : accepter ce plan, c’est valider l’annexion par la force. Le refuser, c’est risquer de prolonger une guerre épuisante avec son cortège de morts quotidiennes.
J’ai personnellement du mal à accepter l’idée qu’on puisse récompenser l’agresseur. Mais je comprends aussi ceux qui, épuisés, veulent juste que ça s’arrête. C’est le dilemme terrible auquel est confronté Zelensky en ce moment même.
Et vous ? Si vous étiez à sa place, que feriez-vous ? Accepter un accord boiteux pour sauver des vies ? Ou tenir bon au risque de tout perdre ? Il n’y a pas de bonne réponse, juste des choix impossibles.
Les scénarios possibles après l’appel à quatre
- Rejet collectif européen – Les quatre leaders affichent un front uni et rejettent les points les plus durs. Scénario idéal pour Kiev, mais risqué si Washington coupe vraiment les robinets.
- Contre-proposition européenne – L’Europe avance son propre plan, plus équilibré. Ça serait un sacré camouflet diplomatique, mais ça demande du courage et de la coordination.
- Fissures internes – Certains pays (pensez à la Hongrie ou à certains gouvernements fatigués) commencent à trouver le plan américain « pas si mal ». Et là, tout devient possible.
- Attente et pourrissement – On gagne du temps jusqu’à l’investiture du nouveau président américain. Stratégie classique, mais chaque mois coûte cher en vies humaines.
Ce qui est sûr, c’est que l’appel de ce vendredi ne sera pas une simple formalité. Les mots qui seront prononcés, les silences aussi, pèseront lourd pour les mois à venir.
Et pendant ce temps, sur le front, les soldats ukrainiens continuent de se battre avec des drones à 1000 euros et une détermination qui force le respect. Eux n’ont pas le luxe d’attendre les grandes déclarations.
Quel que soit l’issue de cette séquence diplomatique, une chose est certaine : nous sommes à un tournant. Peut-être le dernier où l’Ukraine a encore son mot à dire sur son propre avenir.
Suivons ça de très près. Parce que ce qui se décide en ce moment, dans des salons feutrés et des appels confidentiels, va façonner l’Europe pour des décennies.
