Chaque année, au moment où les projecteurs s’allument sur le court Philippe-Chatrier, une question revient comme un rituel : où sont les femmes ? À Roland-Garros, les night sessions, ces matches du soir qui attirent un public avide de spectacle, semblent réservées aux hommes. En 2025, ce constat continue de faire débat. Pourquoi les affiches féminines sont-elles si rares en soirée ? Est-ce une simple question de durée, de choix stratégique ou un symptôme d’un problème plus profond dans le tennis ? Je me suis plongé dans cette problématique, et croyez-moi, elle mérite qu’on s’y attarde.
Une Programmation Qui Fait Débat
Depuis leur introduction en 2021, les night sessions à Roland-Garros ont transformé l’expérience du tournoi. Ces matches, diffusés exclusivement sur une plateforme de streaming, attirent un public spécifique, prêt à payer un billet à part pour une soirée mémorable. Mais un détail frappe : sur des dizaines de rencontres programmées en soirée, les matches féminins se comptent sur les doigts d’une main. En quatre ans, seuls quatre d’entre eux ont eu l’honneur du créneau nocturne. Pourquoi ce déséquilibre ?
« C’est dommage pour le sport féminin en général. On ne montre pas assez les femmes, et après, on dit que les fans préfèrent les hommes. C’est un cercle vicieux. »
– Une joueuse de renom après un match récent
Ce sentiment, partagé par certaines joueuses, met en lumière une frustration grandissante. Les night sessions ne sont pas qu’un simple créneau horaire : elles représentent une vitrine mondiale, un moment où le tennis s’offre à un public plus large. Alors, pourquoi les femmes en sont-elles si souvent privées ?
La Question de la Durée des Matches
Un des arguments principaux avancés par les organisateurs concerne la durée des matches. Les rencontres féminines, jouées en deux sets gagnants, durent généralement moins longtemps que celles des hommes, qui se disputent en trois sets minimum. Pour un public qui paie un billet spécifique, l’idée d’un match expéditif, potentiellement bouclé en moins d’une heure, peut sembler moins attractive. Mais est-ce vraiment une excuse valable ?
Si l’on regarde les chiffres, cet argument tient… jusqu’à un certain point. En 2025, un match féminin de haut niveau, comme celui opposant deux stars du circuit, a duré 2h21, soit à peine moins qu’un duel masculin programmé le même soir (2h15). Alors, pourquoi ne pas donner une chance aux femmes ? J’ai l’impression que l’argument de la durée cache parfois une frilosité à bousculer les habitudes.
- Les matches féminins durent en moyenne 1h30 à 2h.
- Les matches masculins s’étendent souvent au-delà de 2h.
- Les spectateurs des night sessions attendent un spectacle prolongé.
Pourtant, un match court n’est pas synonyme de manque d’intensité. Les duels féminins offrent souvent des échanges spectaculaires, des retournements de situation et une énergie unique. Peut-être que le public mérite de le découvrir sous les projecteurs.
Un Enjeu de Visibilité et d’Équité
La programmation des night sessions ne se limite pas à une question de durée. Elle touche à un enjeu bien plus large : la visibilité du tennis féminin. En reléguant les matches féminins aux sessions de journée, les organisateurs envoient un message implicite : les hommes sont la priorité pour le prime time. Ce choix alimente un cercle vicieux où le public, moins exposé aux joueuses, finit par croire que leurs matches sont moins attractifs.
« Si on ne montre pas les femmes, comment voulez-vous que les fans s’y intéressent ? C’est comme cacher un trésor et se plaindre que personne ne le trouve. »
– Une observatrice du circuit féminin
Ce constat est d’autant plus frappant quand on regarde les affiches proposées. Prenons l’exemple d’un duel entre une quadruple championne de Roland-Garros et une lauréate d’un Grand Chelem, relégué en journée, tandis qu’un match entre un joueur classé au-delà de la 100e place mondiale occupait la night session. Franchement, ça interroge. Est-ce vraiment une question de spectacle, ou y a-t-il des considérations commerciales derrière ?
| Année | Matches féminins en night session | Matches masculins en night session |
| 2021 | 2 | 10 |
| 2022 | 1 | 12 |
| 2023 | 1 | 11 |
| 2024 | 0 | 13 |
Ce tableau parle de lui-même. En quatre ans, le tennis féminin a été presque invisible en soirée. Cette disparité ne passe pas inaperçue, et les joueuses, à l’image d’une certaine star tunisienne, n’hésitent plus à le faire remarquer.
Les Contraintes Commerciales et Logistiques
Derrière ces choix de programmation, il y a aussi des réalités pratiques. Les night sessions sont un produit à part, avec une billetterie spécifique et une diffusion exclusive sur une plateforme de streaming. Les organisateurs doivent garantir un spectacle qui justifie l’investissement du public. Un match trop court pourrait laisser les spectateurs sur leur faim, surtout si les billets ne sont pas donnés.
Mais il y a plus. À Paris, contrairement à New York ou Melbourne, la culture des soirées est différente. Les transports en commun s’arrêtent tôt, et le printemps parisien peut être frais, voire venteux. Programmer deux matches, comme à l’US Open ou à l’Open d’Australie, semble compliqué. Les organisateurs estiment que commencer plus tôt, vers 19h, ne correspond pas aux habitudes des spectateurs parisiens. Vraiment ? Je me demande si ce n’est pas une excuse un peu facile.
- Exclusivité : Une seule rencontre par soirée pour maximiser l’attention.
- Horaires : Les contraintes des transports parisiens limitent les soirées tardives.
- Public : Les spectateurs attendent un spectacle long et intense.
Ces contraintes, bien qu’réelles, ne justifient pas totalement l’absence des femmes. D’autres tournois du Grand Chelem ont trouvé des solutions. Pourquoi pas Roland-Garros ?
Vers des Solutions pour Plus d’Équité ?
Alors, comment sortir de cette impasse ? Une piste évidente, adoptée par d’autres Grands Chelems, serait de programmer deux matches par soirée : un masculin et un féminin. Cela garantirait une meilleure visibilité pour les joueuses tout en offrant un spectacle varié. Mais les organisateurs semblent réticents, arguant que le public parisien n’est pas prêt à arriver plus tôt. Pourtant, ne serait-ce pas une question d’habitude à créer ?
Une autre idée serait de repenser la communication autour des matches féminins. En mettant en avant les rivalités, les histoires personnelles et l’intensité des duels, les organisateurs pourraient attirer davantage l’attention sur le tennis féminin. J’ai toujours trouvé que les joueuses, avec leur style de jeu varié et leur combativité, avaient un potentiel énorme pour captiver les foules.
« Les femmes apportent une énergie unique au tennis. Il suffit de leur donner une chance de briller sous les projecteurs. »
– Une ancienne championne
Enfin, pourquoi ne pas expérimenter ? Une night session dédiée exclusivement aux femmes, une fois par tournoi, pourrait être un signal fort. Cela montrerait que Roland-Garros est prêt à innover pour promouvoir l’égalité dans le sport.
Un Défi pour l’Avenir du Tennis
Le débat sur les night sessions dépasse Roland-Garros. Il touche à la manière dont le sport, et le tennis en particulier, valorise ses athlètes. En 2025, alors que l’égalité hommes-femmes est au cœur des discussions dans de nombreux domaines, le tennis ne peut pas se permettre de rester en retrait. Les joueuses méritent leur place sous les projecteurs, non pas en exception, mais en règle.
Personnellement, je trouve que le tennis féminin a quelque chose de spécial. Les matches sont souvent plus imprévisibles, les styles de jeu plus variés. Pourquoi ne pas capitaliser là-dessus ? Les organisateurs ont une opportunité unique de faire évoluer les mentalités, de montrer que les femmes ne sont pas un « second choix » mais une part essentielle du spectacle.
En attendant, les night sessions restent dominées par les hommes, et les joueuses, elles, continuent de briller… mais trop souvent en plein jour. Espérons que les prochaines éditions de Roland-Garros sauront rééquilibrer la balance. Parce que, franchement, un court Philippe-Chatrier illuminé par une affiche féminine de haut vol, ça aurait de la gueule, non ?
