Imaginez-vous dans une salle surchauffée de Belgrade, 5000 supporters serbes qui hurlent à chaque point de leurs favoris, et en face une équipe parisienne qui n’a pas le droit à l’erreur. C’est exactement ce qu’a vécu le PSG Judo ce samedi soir. Et franchement, quand on connaît l’histoire, conserver un titre européen dans ces conditions-là, c’est presque plus fort que de le gagner une première fois.
L’an dernier, à Montpellier, le club de la capitale avait déjà surpris tout le monde en décrochant sa première couronne continentale. Douze mois plus tard, les voilà de retour sur le toit de l’Europe. Deux fois de suite. Ça commence à faire sérieux.
Un doublé qui entre dans l’histoire du judo français
Peu de clubs en Europe peuvent se vanter d’un tel exploit. Le PSG Judo, qui n’est même pas le plus ancien ni le plus riche des clubs français, vient d’inscrire son nom aux côtés des grandes écuries historiques du judo par équipes. Et le plus beau dans tout ça ? C’est fait avec du caractère, du talent brut et une bonne dose de mental d’acier.
Une finale qui a tenu toutes ses promesses
Pourtant, rien n’était gagné d’avance. Dès le premier combat, le ton était donné. Christian Parlati, solide mais pris à la gorge, s’incline en moins de 45 secondes sur un étranglement implacable de Nemanja Majdov. 1-0 pour l’Étoile Rouge. Le silence tombe côté parisien. On se regarde. On sait que ça va être long.
Et là, Romane Dicko entre sur le tatami. La championne olympique, la patronne, celle qui ne tremble jamais. Face à Milica Zabic, elle ne fait pas dans le détail : un mouvement foudroyant, un ippon en 1 minute 12. Égalisation. Le banc parisien explose. On respire à nouveau.
Quand Romane passe, on sait que ça va faire mal. Elle a ce truc, cette présence… même les adversaires le sentent avant de monter.
Le combat de l’année : Yusupov – Rakhimov
Ce qui suit restera sans doute comme le moment le plus intense de la soirée. Alisher Yusupov contre Temur Rakhimov. Deux colosses. Deux styles opposés. Le combat de base se termine sur un score vierge, direction le golden score. Trois minutes et dix-huit secondes plus tard – oui, vous avez bien lu – c’est le Serbe qui finit par l’emporter sur une pénalité. 2-1 Belgrade. La salle est en feu.
Moi qui ai vu pas mal de finales européennes, je peux vous dire que là, on a touché le fond de la tension. Les visages parisiens sont fermés. Mais pas résignés. Loin de là.
Et puis la machine s’est mise en route
Faïza Mokdar, Joan-Benjamin Gaba, Marie-Ève Gahié. Trois combats, trois ippon. Trois éclairs. Comme si l’équipe avait décidé, collectivement, que c’était assez. Que maintenant, ça suffisait.
- Faïza face à Marica Perisic : contrôle total, projection nette, le public serbe se tait d’un coup.
- Joan-Benjamin Gaba contre Strahinja Buncic : pour sa première saison au PSG, le garçon sort un ippon d’anthologie. On reparlera longtemps de ce mouvement.
- Marie-Ève Gahié en clôture contre Szofi Ozbas : propre, clinique, sans discussion.
4-2 score final. Le PSG conserve son titre. Les larmes, les cris, les étreintes. Toute la beauté du sport collectif dans une seule image.
Joan-Benjamin Gaba, la révélation qui porte le titre
Si on doit retenir un nom de cette campagne, c’est bien le sien. Arrivé cet été, le jeune champion a vécu une saison d’intégration express. Et pourtant, c’est lui qui cloue le bec à tout un stade en finale. Son ippon face à Buncic ? Un chef-d’œuvre technique et mental. À 24 ans, il vient de marquer l’histoire du club.
On le sentait venir depuis les championnats de France, mais là, sur la scène européenne, il a passé un cap. Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui.
Romane Dicko, la valeur sûre qui ne tremble jamais
Elle, on la connaît. Médaillée partout, championne olympique, elle est l’assurance tous risques du PSG version judo. Quand ça chauffe, on sait qu’on peut compter sur elle. Son ippon en 1’12’’ en finale, c’est le genre de performance qui change une rencontre. Pas juste technique. Psychologique.
Un parcours quasi parfait avant la finale
Avant d’arriver en finale, les Parisiens avaient déjà envoyé du lourd. Deux 4-0 secs et nets :
- Contre le Sporting Portugal en quarts : une démonstration collective.
- Contre le Partizan Belgrade en demi : même sentence, sans trembler.
Cette équipe-là ne fait pas de sentiment. Elle avance, combat après combat, avec une régularité impressionnante.
Le PSG Judo, un modèle qui inspire
Ce qui frappe, au-delà des résultats, c’est la façon dont ce projet s’est monté. En quelques années seulement, le club est passé d’outsider sympa à machine à gagner européenne. Avec un mélange de jeunes talents et de leaders expérimentés, une direction claire et des moyens, certes, mais surtout une vraie culture de la gagne.
Dans un sport où la France domine individuellement depuis des années, voir un club tricolore s’imposer ainsi par équipes, deux fois de suite, c’est une fierté supplémentaire. Ça montre que le modèle fonctionne. Et ça donne des idées à d’autres clubs, j’en suis persuadé.
Et maintenant ? Le triplé en ligne de mire
Maintenant que le doublé est dans la poche, la question est simple : pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? L’an prochain, la Ligue des champions reviendra. Et cette équipe-là a clairement les armes pour viser un triplé historique.
Avec Dicko, Gaba, Gahié, Mokdar et les autres, sans oublier les renforts qui pourraient arriver, le PSG Judo a tout pour continuer à écrire sa légende. En attendant, savourons ce deuxième titre. Il a une saveur particulière, gagné loin de chez soi, dans le bruit et la fureur. C’est ça aussi, le très haut niveau.
Belgrade peut bien chanter pour son Étoile Rouge. Ce soir, c’est Paris qui brille sur le toit de l’Europe.
