Vous savez ce qui rêve déjà des JO de Los Angeles 2028 ? Tout le monde. Moi le premier. Voir Victor Wembanyama en finale olympique sous le soleil californien, ça ferait un carton planétaire. Mais avant de réserver les places au Crypto.com Arena, il y a un énorme détail à régler : il faut d’abord se qualifier. Et ça commence… dès demain.
Ce vendredi 28 novembre à la Kindarena de Rouen, l’équipe de France affronte la Belgique pour le premier match des qualifications à la Coupe du monde 2027. Sur le papier, un match de routine. En réalité, c’est le coup d’envoi d’une campagne qui durera presque trois ans et qui conditionne tout le reste. Parce que sans billet pour le Qatar à l’été 2027, il n’y aura aucune chance de voir les Bleus à Los Angeles dix mois plus tard. Aucune. Zéro. Niet.
Le Mondial 2027, passage obligé vers les Jeux
On a tous encore en tête l’été 2024 et la médaille d’argent à Paris. L’ambiance de folie, les larmes de joie, Wemby qui domine tout le monde. Du coup, on a presque oublié une règle cruelle du basket international : le pays hôte n’est automatiquement qualifié que quand les JO sont chez lui. En 2028, ce sera aux États-Unis. Donc la France devra gagner son ticket sur le terrain. Et le chemin le plus sûr, presque le seul, passe par la Coupe du monde 2027.
Sur les 12 places olympiques, 7 seront directement attribuées aux meilleures équipes du Mondial (le champion + les meilleurs de chaque continent). Pour l’Europe, cela signifie généralement les deux meilleures nations européennes au classement final du tournoi au Qatar seront qualifiées pour Los Angeles. Même une quatrième place peut suffire si les États-Unis et une autre nation non-européenne trustent le podium.
L’autre porte d’entrée ? Les fameux Tournois de Qualification Olympique (TQO) l’été 2028. Quatre mini-tournois de six équipes, quatre tickets à prendre. Le problème : il faudra déjà être suffisamment bien classé au Mondial 2027 pour être invité à ces TQO. Et si on rate le Mondial… on reste à la maison dès 2027. Game over avant même les TQO.
Si la France ne va pas à la Coupe du monde 2027, elle ne pourra tout simplement pas participer aux Jeux olympiques 2028. Il n’y aura pas de plan B.
Cette phrase, froide et sans appel, résume tout l’enjeu des prochains mois.
Premier obstacle : sortir du groupe préliminaire
La route commence donc dès demain avec un groupe qui paraît abordable : Belgique, Finlande, Hongrie. Trois fenêtres internationales jusqu’à l’été 2026, matches aller-retour. Les trois premiers passent, le dernier rentre à la maison.
Sur le papier, même sans les NBA et Euroligue (indisponibles pendant ces fenêtres), les Bleus devraient s’en sortir. La Belgique reste un cran en dessous, la Hongrie encore plus. Reste la Finlande, demi-finaliste du dernier Euro et véritable bête noire à domicile : la France n’a plus gagné là-bas depuis… 1988. Quatre défaites consécutives. Autant dire que le déplacement de lundi s’annonce piégeux.
- 28 novembre 2025 : France – Belgique (Rouen)
- 1er décembre 2025 : Finlande – France
- Février 2026 : Hongrie – France
- Et les matches retour jusqu’à l’été 2026
Objectif minimum : terminer dans le top 3. Franchement, tout autre résultat serait un cataclysme.
Deuxième tour : là, ça se complique sérieusement
Une fois ce premier écueil passé, on arrive dans le grand bain. Les trois qualifiés du groupe rejoindront un deuxième tour à six équipes où ils croiseront avec un autre groupe pré-établi : Slovénie, République tchèque et les deux qualifiés parmi Suède, Estonie, etc.
À l’issue de ces nouveaux matches (on ne rejoue pas contre ceux du premier tour), les trois premiers décrocheront leur billet pour le Qatar. Douze matches au total sur les deux phases. Il faudra en gagner au moins huit, probablement neuf, pour être tranquille.
Et attention : la Slovénie, c’est Luka Dončić. Même sans lui pendant certaines fenêtres, c’est toujours une machine. La République tchèque reste solide. Bref, rien n’est acquis.
Et après le Qatar ? Le vrai défi commence
Imaginons le scénario idéal : les Bleus vont au Qatar et terminent parmi les deux meilleures équipes européennes. Banco, qualification directe pour Los Angeles. Tout le monde est content.
Mais imaginons le scénario catastrophe – on l’a déjà vécu en 2023 – où la France sort dès le premier tour du Mondial comme en Indonésie. Là, même les TQO deviennent inaccessibles. On regarde les Jeux à la télé. Et on pleure.
Entre ces deux extrêmes, il y a la zone grise : aller au Qatar, faire un tournoi correct (quart de finale par exemple), mais laisser deux ou trois nations européennes devant soi. Dans ce cas, direction les TQO. Quatre places pour seize ou vingt équipes européennes. Autant dire un coupe-gorge absolu.
Les TQO, c’est la loterie la plus stressante du basket international. Un mauvais soir et tout s’arrête.
– Un ancien international qui a vécu ça
Wembanyama, la clé absolue
Évidemment, tout le monde pense à lui. À 21 ans en 2025, il en aura 24 en 2028. En pleine maturité physique et mentale. S’il est en bonne santé, il sera probablement le meilleur joueur du monde. Mais même un phénomène comme lui ne peut pas tout porter seul.
Frédéric Fauthoux, le sélectionneur, l’a dit sans détour : « Si on veut aller au bout en 2028, il faut que Wembanyama soit là. » Évident. Mais il faudra aussi que Rudy Gobert soit encore au top, que Bilal Coulibaly, Zaccharie Risacher, Théo Maledon et les autres aient franchi un cap. Et que la nouvelle génération (Nolan Traoré, etc.) devra exploser.
Parce que face à nous, il y aura les États-Unis avec une équipe probablement monstrueuse (LeBron a dit non, mais imaginez Durant, Curry s’il continue, Tatum, Edwards, etc.), la Serbie de Jokić, le Canada de Murray et Gilgeous-Alexander, la Slovénie de Dončić… La concurrence sera féroce.
Pourquoi c’est déjà décisif dès demain
Un faux pas contre la Belgique ou en Finlande, et la pression deviendra énorme dès le début. On l’a vu avec d’autres nations : un début raté et on court après le score pendant deux ans. L’équipe de France version 2025-2026 n’aura pas Wembanyama, Gobert ni les joueurs d’Euroligue pendant ces fenêtres. Elle reposera sur les joueurs de Betclic Élite, quelques pros étrangers et les jeunes. C’est un vrai défi de cohésion.
Mais c’est aussi une chance : ces fenêtres permettent d’intégrer la nouvelle génération, de tester des schémas, de créer une identité. Ceux qui brilleront demain seront probablement là en 2028.
Alors oui, on parle d’un match contre la Belgique un vendredi soir de novembre. Mais dans ma tête, c’est déjà le début d’une aventure qui nous mènera, je l’espère, jusqu’au toit du basket mondial à Los Angeles. Trois ans, c’est long. Trois ans, c’est court.
Allez les Bleus. On y croit. Et rendez-vous demain à Rouen.
