Il y a des séries qui font sourire les parieurs et grincer des dents les bookmakers. Quand, deux jours de suite, le même tandem entraîneur-jockey rafle le Quinté à domicile, on passe doucement du hasard à la démonstration de force. Mercredi 26 novembre à Deauville, Ciel de Paris a offert un nouveau festival normand à Stéphane Wattel et Théo Bachelot. Et franchement, on commence à se demander s’ils n’ont pas trouvé la recette magique sur la piste en sable fibré.
Retour sur une après-midi où tout – ou presque – a fonctionné comme dans un rêve éveillé pour l’écurie caennaise.
Le doublé normand qui fait parler
Après Hasapiko la veille, Ciel de Paris a remis le couvert. Même hippodrome, même distance (1 300 mètres en ligne droite), même résultat : un cheval préparé aux petits oignons qui domine son sujet de bout en bout. On appelle ça une série, et elle commence à ressembler furieusement à une mainmise locale sur le meeting d’hiver.
Quand Théo Bachelot franchit le poteau avec deux longueurs d’avance, on sent presque la satisfaction tranquille de ceux qui savent qu’ils ont fait le boulot en amont. Pas de chance insolente, juste du travail, de la confiance et une parfaite connaissance du terrain.
Ciel de Paris, la confirmation attendue
Septième puis cinquième lors de ses deux dernières sorties à ce niveau, le fils de Anodin n’arrivait pas en victime. Loin de là. Baissé d’une livre sur la valeur, parfaitement placé dans les stalles (corde 6), il avait tout pour briller. Et il l’a fait.
Dès le départ, Bachelot le place dans le sillage des animateurs, à la troisième-quatrième place, bien dans le rythme. Pas de précipitation, pas de faute de parcours. Quand la meute s’élance à trois cents mètres du but, Ciel de Paris change de vitesse comme s’il passait la surmultipliée. Le genre de fin de course qui laisse les adversaires sur place et les spectateurs bouche bée.
« Il était bien dans son rythme sur cette distance. Il a bien réagi et s’est montré appliqué d’un bout à l’autre. »
Théo Bachelot, juste après la course
Difficile de dire mieux. Appliqué, le mot est lâché. Et c’est exactement ce qu’on a vu.
Les battus du jour : du regret, mais pas de honte
Derrière, la lutte fut belle. O Sole Mio (n°10) a tenté de revenir du diable vauvert et échoue d’assez peu pour la victoire. Pierre Ménard peut être fier : son pensionnaire confirme qu’il tourne autour du bon handicap.
Tortisambert, le favori, a rendu une copie plus qu’honorable. Parti tout dehors (corde 15), il a dû voyager en queue de peloton avant de tracer une ligne droite impressionnante. Troisième, il prive Talentuoso de l’accessit et montre qu’il reste compétitif malgré un poids sévère.
- Canneza (5e) : la note du jour. Corde 16, dernière à mi-ligne droite, elle termine en trombe avec Barzalona. À revoir impérativement sur plus long ou avec un meilleur numéro.
- Talentuoso (4e) : un peu décevant pour les parieurs, mais battu par plus fort.
- Les animés du début : ils ont logiquement payé leurs efforts en fin de parcours.
Pourquoi ce doublé n’est pas vraiment une surprise
On va se le dire entre nous : quand on connaît le métier de Stéphane Wattel et la finesse de monte de Théo Bachelot, on se dit que Deauville en novembre, c’est un peu leur jardin. L’entraîneur a grandi à deux pas de l’hippodrome, le jockey est normand jusqu’au bout des étriers. Ils connaissent chaque grain de sable de cette PSF, chaque souffle de vent iodé.
Ajoutez à ça une préparation millimétrée (les chevaux arrivent frais, affûtés comme des couteaux) et vous avez la recette d’une série qui peut encore durer. Parce que oui, ils en ont d’autres sous le coude.
Et ça, c’est peut-être le plus excitant pour la suite du meeting.
L’arrivée officielle et les rapports qui font plaisir
Pour ceux qui veulent les chiffres exacts :
| Place | Cheval | Numéro | Entraîneur | Jockey |
| 1er | Ciel de Paris | 6 | S. Wattel | T. Bachelot |
| 2e | O Sole Mio | 10 | P. Ménard | C. Belmont |
| 3e | Tortisambert | 5 | N. Paysan | M. Guyon |
| 4e | Talentuoso | 16 | P.E. Dubois | A. Lemaitre |
| 5e | Canneza | 9 | C. Escuder | M. Barzalona |
Côté rapports, Ciel de Paris était joué en 8-10/1 selon les points de vente. Un gagnant correct, un couplé gagnant/placé qui a fait quelques heureux et un tiercé dans l’ordre à plus de 1 200 € pour 2 €. Pas mal pour un mercredi de novembre.
Ce qu’il faut retenir pour les prochains jours
Si vous cherchez des pistes pour la suite du meeting, voilà ce que j’ai noté dans mon carnet :
- Les chevaux de Wattel-Bachelot sont en pleine forme → à suivre aveuglément tant que la série dure.
- Canneza et Tortisambert ont montré qu’ils tournaient autour du pot. Un meilleur parcours et c’est le podium assuré.
- La corde dans les stalles reste déterminante sur 1 300 m ligne droite. Privilégier les petits- moyens numéros quand c’est possible.
- La piste était rapide ce mercredi (temps de référence excellent). Si les conditions restent sèches et rapides, les chevaux de vitesse garderont l’avantage.
Et surtout, ne jamais sous-estimer les « locaux ». Quand un tandem connaît son hippodrome par cœur, ça vaut tous les pronos du monde.
On se retrouve demain pour la suite des aventures normandes. Parce qu’à ce rythme-là, le meeting de Deauville risque de prendre des airs de festival Wattel-Bachelot. Et quelque part, on ne va pas s’en plaindre.
Nota bene : tous les amateurs de turf le savent, les séries finissent toujours par s’arrêter. Mais tant qu’elle dure, autant en profiter. Et vous, vous auriez misé sur le doublé normand ? Dites-le moi en commentaire, j’adore connaître vos impressions à chaud après ce genre de performance.
