Quand on pense au Real Madrid, on imagine des galeries d’étoiles filantes, des gestes techniques à couper le souffle et une liberté offensive qui fait vibrer le Bernabéu. Mais ce mardi, lors de la première journée de Liga face à Osasuna, quelque chose semblait différent. Un vent nouveau souffle sur la Maison Blanche, porté par un homme qui connaît ces lieux comme sa poche : Xabi Alonso. En tant qu’ancien joueur et désormais entraîneur, il a débuté son aventure avec une victoire étriquée (1-0), mais surtout avec une promesse : celle d’un Real Madrid plus structuré, plus réfléchi. Alors, ce changement tactique est-il une révolution ou un simple ajustement ? Plongeons dans ce match pour comprendre ce qui se passe vraiment.
Xabi Alonso : Le Virage Tactique du Real Madrid
Prendre les rênes du Real Madrid, c’est un peu comme hériter d’une Ferrari : elle est belle, puissante, mais parfois capricieuse. Xabi Alonso, nommé en mai dernier après une saison compliquée marquée par 14 défaites toutes compétitions confondues, sait qu’il ne peut pas se contenter de faire ronronner le moteur. Il veut le régler avec précision. Exit la liberté totale laissée aux individualités sous l’ère Ancelotti ; place à un jeu de position méthodique, où chaque joueur a un rôle clair. Face à Osasuna, ce choix s’est matérialisé dès les premières minutes, mais avec des hauts et des bas.
Le technicien basque, connu pour son intelligence tactique lorsqu’il foulait les pelouses, semble vouloir insuffler une discipline collective. Mais transformer un groupe habitué à l’improvisation en une machine bien huilée, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Ce match d’ouverture en Liga a montré des signaux encourageants, mais aussi des limites. Alors, qu’a-t-on vu sur le terrain ?
Une Structure Défensive Solide : La Base du Projet
Si le Real Madrid a remporté ce match 1-0, c’est d’abord grâce à une solidité défensive inhabituelle. Pour la première fois depuis longtemps, le gardien Thibaut Courtois a passé une soirée tranquille, sans aucun arrêt à effectuer. Impressionnant, non ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Osasuna, pourtant 9e de la Liga la saison passée, n’a cadré que deux tirs. C’est le meilleur bilan défensif pour une première d’un entraîneur du Real en Liga depuis 2003-2004.
« Nous voulons fonctionner comme un bloc, où tout le monde participe et vit chaque action comme elle vient. »
– Entraîneur du Real Madrid
Alonso a insisté sur l’importance d’un bloc compact. Lors des phases de possession, la ligne défensive monte d’un cran, les latéraux comme Alvaro Carreras et Trent Alexander-Arnold adoptent des positions de relayeurs, tandis que les ailiers, Vinicius Junior et Brahim Diaz, restent excentrés pour étirer le bloc adverse. Cette organisation a un double effet : elle facilite les circuits de passes et permet un contre-pressing efficace à la perte du ballon. On l’a vu lorsque Carreras, bien placé, a pu disputer un duel clé pour récupérer la possession.
Un autre exemple ? Aurélien Tchouaméni, positionné haut sur le terrain, a brillé dans son rôle de récupérateur. Sa pression immédiate après une perte de balle a permis au Real de regagner le contrôle rapidement. Ce n’était pas juste une question de talent individuel, mais bien d’une structure tactique pensée pour minimiser les risques. Et ça, c’est du Xabi Alonso tout craché.
Une Animation Offensive en Rodage
Mais si la défense a impressionné, l’attaque, elle, a laissé un goût d’inachevé. Le Real n’a cadré que cinq tirs, avec un indice d’expected goals (xG) de 1,53 – dont 0,79 pour le penalty transformé par Kylian Mbappé. Sans cette faute dans la surface, le bilan offensif serait presque anecdotique. Pourquoi cette timidité ? D’abord, Osasuna a défendu en bloc bas, une tactique qui a toujours posé problème aux Madrilènes. Ensuite, l’équipe manque encore de repères dans ce nouveau système.
J’ai remarqué, en regardant ce match, que l’équipe semblait parfois hésiter entre respecter le cadre imposé par Alonso et céder à ses instincts créatifs. Résultat ? Une attaque déséquilibrée, avec 17 incursions dans le couloir gauche (merci Vinicius et Carreras), mais seulement quatre dans l’axe et deux à droite. Brahim Diaz et Trent Alexander-Arnold, censés dynamiser le flanc droit, sont restés discrets. Un peu comme des invités à une soirée qui n’osent pas se lancer sur la piste.
« Il nous a peut-être manqué un peu de fraîcheur dans le dernier tiers du terrain. »
– Entraîneur du Real Madrid
Alonso lui-même l’a reconnu en conférence de presse : l’équipe n’est pas encore rodée pour affronter des blocs bas. Et pour cause, les joueurs n’ont repris l’entraînement que début août, après une Coupe du monde des clubs épuisante. Ajoutez à cela les changements tactiques – entre 4-3-3 et 3-5-2 – et vous obtenez une équipe en quête d’automatismes.
Mbappé, le Facteur X
Parlons de Kylian Mbappé. L’attaquant français, toujours aussi électrique, a marqué l’unique but du match sur penalty. Mais au-delà du score, il a montré des éclairs de génie, notamment lorsqu’il s’aventurait sur le côté droit – un territoire qu’il explore rarement. Avec huit dribbles réussis sur douze tentés, il a été le joueur le plus percutant. Mais il ne peut pas tout faire seul. Vinicius Junior, habituellement si explosif, n’a réussi qu’un dribble, et Brahim Diaz aucun. Ça pose question, non ?
Pour moi, l’aspect le plus intéressant est la manière dont Mbappé pourrait devenir le pivot du projet d’Alonso. Sa capacité à faire des différences, même dans un système en construction, est un atout. Mais pour que le Real passe un cap, il faudra que les autres joueurs offensifs se mettent au diapason. Le défi est clair : transformer ces individualités en un collectif fluide.
Les Défis à Venir pour Alonso
Ce premier match, c’est un peu comme une bande-annonce : ça donne envie, mais on attend de voir le film en entier. Alonso a posé des bases solides, mais il y a du boulot. Voici les chantiers prioritaires :
- Fluidité offensive : Trouver des automatismes pour déstabiliser les blocs bas.
- Équilibre des couloirs : Le côté droit doit peser autant que le gauche.
- Intégration des jeunes : Des joueurs comme Arda Güler pourraient apporter de la créativité.
- Gestion physique : Après une pré-saison intense, éviter l’usure des cadres.
Le calendrier ne va pas aider. Avec la Ligue des champions qui arrive et un effectif qui doit encore digérer les changements tactiques, Alonso va devoir jongler. Mais si quelqu’un peut relever ce défi, c’est bien lui. Son passé au Bayer Leverkusen, où il a transformé une équipe en difficulté en championne d’Allemagne, est une preuve de son talent.
Une Transition Culturelle au Bernabéu
Ce qui me frappe, c’est le changement culturel que Xabi Alonso essaie d’opérer. Le Real Madrid, c’est l’ADN du panache, des exploits individuels qui font lever les foules. Mais Alonso semble dire : « On peut gagner en jouant autrement. » Son jeu de position, inspiré par des entraîneurs comme Pep Guardiola, demande du temps et de la patience – deux choses dont les supporters du Real ne débordent pas toujours.
Pourtant, les premiers signaux sont positifs. Le public du Bernabéu, habitué aux festivals offensifs, a applaudi l’effort collectif, même si le spectacle n’était pas au rendez-vous. Cela montre une chose : les fans sont prêts à donner du temps à Alonso, mais ils attendent des résultats. Et vite.
Comparaison avec l’Héritage d’Ancelotti
Sous Carlo Ancelotti, le Real Madrid était une équipe de solistes, où chaque joueur pouvait improviser une symphonie à sa manière. Ce style a porté ses fruits, avec des titres en Liga et en Ligue des champions. Mais il avait ses limites, notamment face à des équipes bien organisées défensivement. Alonso, lui, veut écrire une partition où chaque note est calculée.
| Aspect | Ancelotti | Alonso |
| Style de jeu | Liberté offensive | Jeu de position structuré |
| Défense | Variable, dépendante des individualités | Bloc compact, contre-pressing |
| Automatismes | Basés sur l’instinct | En cours de développement |
| Résultats face à blocs bas | Inconstants | À améliorer |
Ce tableau montre bien la rupture. Mais attention, Alonso ne renie pas l’héritage d’Ancelotti. Il cherche plutôt à le moderniser, en s’adaptant aux exigences du football actuel, où le contre-pressing et la discipline tactique sont rois.
Et Maintenant ?
Ce premier match contre Osasuna, c’est une esquisse. Xabi Alonso a montré qu’il pouvait poser des bases solides, mais le chemin est encore long. Comme il l’a dit lui-même, « le travail ne fait que commencer ». Les prochaines semaines, avec des affiches plus relevées en Liga et le retour de la Ligue des champions, seront un vrai test.
Personnellement, je trouve ce projet excitant. Voir un club aussi prestigieux que le Real Madrid tenter une révolution tactique, c’est rare. Mais la question demeure : les stars madrilènes, habituées à briller par leurs exploits individuels, sauront-elles s’adapter à ce cadre plus rigide ? Et surtout, les supporters auront-ils la patience d’attendre que la mayonnaise prenne ?
Une chose est sûre : avec Xabi Alonso aux commandes, le Real Madrid ne sera pas ennuyeux. Ce match contre Osasuna n’était qu’un avant-goût. Alors, prêts à suivre cette nouvelle ère ?
