Vous êtes-vous déjà retrouvé à calculer chaque kilomètre restant sur l’autoroute, la peur au ventre que la batterie lâche avant la prochaine borne ? Moi oui, plus d’une fois. Et si je vous disais que ce cauchemar pourrait bientôt appartenir au passé ? Pas dans vingt ans, pas dans une vague promesse électorale : là, maintenant, sur un bout d’asphalte bien français.
Il y a quelques jours, j’ai eu la chance – le privilège, même – de monter dans une voiture qui se rechargeait toute seule en roulant à 130 km/h. Pas de câble, pas d’arrêt, pas de stress. Juste une tablette qui affichait la puissance injectée dans la batterie comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Et pourtant, on parle là d’une première mondiale qui pourrait bien changer la donne pour des millions d’automobilistes.
L’autoroute qui recharge votre voiture : ça y est, c’est réel
Sur un tronçon de 1,5 kilomètre de l’A10, dans l’Essonne, un gestionnaire autoroutier a installé une technologie venue tout droit du futur : la recharge dynamique par induction. Sous la chaussée, des bobines cuivre alimentées en courant créent un champ magnétique. Dans la voiture, un récepteur capte cette énergie et la renvoie directement vers la batterie. Résultat ? Vous roulez, vous rechargez. Point final.
Concrètement, ça ressemble à ça : vous êtes sur la voie de gauche, le régulateur calé sur 130, et d’un coup la tablette indique 25 kW, puis 80 kW, puis parfois plus de 300 kW en crête. Autant dire que la jauge d’autonomie grimpe plus vite qu’elle ne descend. Franchement, la première fois que j’ai vu ça, j’ai eu un petit sourire en coin. C’est le genre de moment où on se dit que oui, parfois, le progrès tient ses promesses.
Comment ça marche vraiment sous le capot (et sous la route)
Le principe n’est pas nouveau en soi – on recharge déjà nos smartphones sans fil – mais le transposer à une voiture lancée à pleine vitesse, c’est une autre paire de manches. Il a fallu résoudre trois gros défis :
- Aligner parfaitement le récepteur (sous la voiture) avec les bobines encastrées dans la chaussée, même à grande vitesse
- Garantir une efficacité énergétique correcte (on parle de 85 à 90 % selon les conditions)
- Assurer la sécurité électromagnétique pour les occupants et les autres usagers
Et là, surprise : aucun champ magnétique détectable dans l’habitacle. Les ingénieurs ont tout blindé. Même votre pacemaker n’a rien à craindre, m’a-t-on assuré avec le sérieux de celui qui a retourné le problème dans tous les sens.
Les camions électriques d’abord, les voitures ensuite
Si le test est ouvert à tous les véhicules équipés (pour l’instant surtout des prototypes et quelques modèles modifiés), la cible prioritaire est claire : les poids lourds. Un camion électrique qui peut se recharger sur les longs trajets sans immobilisation de plusieurs heures, c’est une révolution pour la logistique. Fini les arrêts de 4 heures pour 45 minutes de roulée ensuite. Là, il recharge en continu sur les axes les plus fréquentés.
« Un camion qui fait Paris-Lyon sans jamais s’arrêter pour recharger, c’est demain. Et demain, c’est déjà en test aujourd’hui. »
– Un responsable technique du projet
Pour les voitures particulières, l’équation est un peu différente. On n’aura pas des bobines partout dès 2030. L’idée, c’est plutôt des corridors de recharge sur les grands axes : A6, A10, A13, etc. Vous partez de Paris pour Marseille ? Vous récupérez 200-300 km d’autonomie rien qu’en roulant, sans jamais brancher. Le reste du réseau classique (bornes ultra-rapides) fait le complément.
Et ça coûte combien, tout ça ?
La question qui brûle les lèvres. Installer 1,5 km a coûté plusieurs millions d’euros, mais les coûts chutent vite avec l’échelle. L’objectif affiché : rendre le kilomètre de route « rechargeante » compétitif avec une borne ultra-rapide classique d’ici dix ans.
Pour l’usager, deux modèles possibles :
- Un abonnement intégré au péage (genre +5 €/mois pour accès illimité aux corridors)
- Une facturation au kWh injecté, comme aujourd’hui sur les bornes
Personnellement, je mettrais bien 5 euros de plus par mois pour ne plus jamais stresser sur l’autonomie. Et vous ?
2035 : l’échéance qu’on nous promet
Le plan est ambitieux : équiper plusieurs milliers de kilomètres d’autoroutes d’ici 2035. Pas tout le réseau, bien sûr, mais les grands axes qui concentrent 80 % du trafic longue distance. En parallèle, les constructeurs devront intégrer le récepteur dans les véhicules neufs (coût estimé : 1 500 à 2 500 € par voiture).
Est-ce réaliste ? Franchement, quand on voit la vitesse à laquelle la technologie avance – et surtout quand on la teste soi-même –, on se dit que oui, c’est possible. Peut-être pas partout, peut-être pas pour tout le monde dès le premier jour, mais l’essentiel sera là.
Ce que ça change vraiment pour vous et moi
Au-delà des chiffres et des specs techniques, il y a une réalité toute simple : la fin de l’angoisse d’autonomie. Ce sentiment poisseux qui nous fait hésiter à prendre l’électrique pour les longs trajets. Avec la recharge en roulant, l’électrique devient enfin aussi pratique que le thermique pour 95 % des usages.
Et puis il y a l’aspect écologique. Moins de batteries gigantesques à embarquer (donc moins de métaux rares), moins de bornes à construire partout, moins d’immobilisations. C’est une pièce majeure du puzzle décarbonation des transports.
Les limites et les questions qui restent
Soyons honnêtes, tout n’est pas réglé. La neige, le sel, les nids-de-poule : comment les bobines encaissent-elles ça sur vingt ans ? Et quid des motos, des vieux véhicules ? Faudra-t-il un adaptateur ? Et surtout : est-ce qu’on ne va pas juste déplacer le problème en consommant plus d’électricité sur le réseau ?
Les réponses viendront avec le temps. Pour l’instant, une chose est sûre : on vient de franchir un cap. Le genre de cap qu’on regardera dans dix ans en se disant « tu te souviens quand il fallait s’arrêter pour recharger ? ».
En repartant de ce bout d’autoroute magique, j’ai regardé ma jauge : +47 km en 1,5 km de test. Quarante-sept kilomètres gagnés sans rien faire. C’est peut-être ça, le futur : ne plus avoir à penser à recharger. Juste rouler.
Et vous, prêt à lâcher le stress de la borne ?
