Vous est-il déjà arrivé de voir un enfant de neuf ans serrer contre lui un pavé de près de trois cents pages comme s’il s’agissait du plus précieux des trésors ? Moi, oui, ce dimanche, et je dois dire que ça m’a profondément touché.
Versailles, fin novembre. Il fait un froid de canard dehors, mais à l’intérieur du salon Histoire de lire, l’ambiance est brûlante. Des milliers de visiteurs se pressent dans les allées, les bras déjà chargés de livres, les yeux brillants. Et cette année, plus encore qu’une simple foire aux bouquins, c’est un véritable phénomène de société qui s’est joué sous les dorures de la ville royale.
Un salon qui n’a plus rien à envier aux géants
Quand on pense salon du livre, on imagine souvent les mastodontes parisiens ou les grandes manifestations nationales. Et pourtant, ce petit (ou plutôt ce plus si petit) rendez-vous versaille est en train de se faire une place au soleil. Le public ne s’y trompe pas : il est venu en masse ce week-end, bien plus que les années précédentes, m’ont confié les organisateurs, un sourire jusqu’aux oreilles.
Le secret ? Un savant mélange entre grandes plumes qui font rêver les amateurs d’histoire, auteurs jeunesse ultra-créatifs et, surprise, des personnalités venues du web qui attirent une nouvelle génération de lecteurs. Résultat : toutes les générations se croisent, se parlent, échangent. C’est assez rare pour être souligné.
Les stars traditionnelles toujours au rendez-vous
Les têtes d’affiche ont répondu présent, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles n’ont pas chômé. Des écrivains connus pour leurs biographies historiques pointues ou leurs romans très documentés ont signé des centaines d’ouvrages. Certains ont même dû prolonger leur séance parce que la file ne désemplissait pas.
« Je n’avais jamais vu autant de monde pour un salon en novembre. D’habitude, c’est plutôt calme avant les fêtes… Là, c’est incroyable. »
– Un auteur confirmé, encore ébahi en fin de journée
Et il y a cette magie propre aux passionnés d’histoire : les discussions durent, les questions fusent, on sent que les gens sont là pour bien plus qu’une simple signature. Ils veulent comprendre, débattre, partager leur propre vision des événements. C’est presque un club très select qui se retrouve le temps d’un week-end.
Quand les youtubeurs font lire les ados
Mais la vraie surprise de cette édition, c’est l’arrivée massive des nouvelles figures de la vulgarisation historique sur Internet. Le plus connu d’entre eux ? Un jeune homme qui résume l’actualité et l’histoire en vidéos courtes et percutantes. Il était là, accompagné d’un dessinateur talentueux, et je vous assure que je n’exagère pas : ils n’ont pratiquement pas levé la tête de l’après-midi.
Des adolescents qui, il y a quelques années encore, juraient n’ouvrir jamais un livre d’histoire, faisaient patiemment la queue pour repartir avec un essai ou un beau livre illustré. Preuve que le format vidéo peut être une formidable porte d’entrée vers la lecture approfondie. Franchement, je trouve ça plutôt rassurant pour l’avenir.
Les enfants, grands héros de cette édition
Et puis il y a eu ce moment. Ce moment qui reste gravé.
Ernest, neuf ans à peine, se tient devant une autrice de romans jeunesse. Il hésite, puis désigne un gros livre d’aventure historique. « C’est la première fois que je vais lire un roman aussi long », avoue-t-il timidement. L’autrice, émue, lui écrit un petit mot personnel et lui demande son mail : « Quand tu l’auras fini, tu m’écriras pour me dire ce que tu en as pensé, d’accord ? »
Le gamin repart avec des étoiles dans les yeux. Sa maman, à côté, me confiera plus tard qu’elle n’arrivait plus à le faire lire depuis des mois. « Là, il n’a parlé que de ça tout le trajet du retour. » Si ça, ce n’est pas la plus belle victoire d’un salon du livre…
- Des romans d’aventure steampunk avec Jules Verne
- Des enquêtes historiques pour les 10-14 ans
- Des bandes dessinées éducatives mais jamais ennuyeuses
- Des albums magnifiquement illustrés sur les grandes civilisations
Les éditeurs jeunesse avaient sorti l’artillerie lourde, et ça a payé. Les tables débordaient de couleurs et d’imagination. On sent que les auteurs ont compris qu’il ne s’agit plus de faire « pédagogique » mais de faire rêver.
Pourquoi ce salon marche si bien juste avant Noël
Avouons-le : venir à un salon du livre fin novembre, c’est aussi (surtout ?) faire ses cadeaux de Noël. Et là, l’offre est royale. On trouve de tout :
- Beaux livres illustrés à glisser sous le sapin
- Romans historiques pour les grands-parents passionnés
- Premiers romans pour les neveux et nièces
- Essais pointus pour beau-frère intello
- Et même des livres dédicacés, ce petit plus qui fait toute la différence
Les visiteurs repartent les bras chargés, mais surtout avec l’impression d’avoir déniché des pépites introuvables en librairie classique. Et c’est exactement ça, la force de ces salons de proximité : on y découvre, on échange avec l’auteur, on touche le livre avant de l’offrir.
« Je viens tous les ans. C’est ma session shopping de Noël culturel. Je repars toujours avec des idées que je n’aurais jamais eues en ligne. »
– Une habituée croisée dans les allées
Versailles, terre de culture vivante
On oublie parfois que Versailles, ce n’est pas que le château et les touristes. C’est aussi une ville qui vit, qui lit, qui cultive farouchement sa passion pour l’histoire et la littérature. Ce salon en est la preuve éclatante.
Les organisateurs, bénévoles pour la plupart, étaient épuisés mais heureux. Ils savent qu’ils ont touché juste. Ils savent aussi que l’édition prochaine devra être encore plus grande, parce que le public suit, et même dépasse parfois leurs ambitions.
En sortant, sous un ciel déjà sombre de novembre, j’ai croisé une dernière fois Ernest. Il serrait son roman contre lui comme un trésor. Et je me suis dit que, finalement, c’est peut-être ça le plus beau cadeau de Noël : redonner le goût de lire à un enfant.
Si vous cherchez une idée sortie familiale ou des cadeaux originaux pour les fêtes, notez bien le nom : Histoire de lire. L’année prochaine, je parie que vous aurez du mal à trouver une place.
Et quelque part, ça fait du bien de voir que dans un monde où tout va trop vite, il reste des endroits où l’on prend encore le temps de feuilleter, de discuter, de rêver… page après page.
