Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez vibré dans un stade, porté par l’énergie d’une foule en délire ? À Nîmes, cette sensation semble appartenir à une autre époque. Le stade des Costières, autrefois théâtre des exploits du Nîmes Olympique, n’est plus qu’un vestige envahi par les mauvaises herbes et les pigeons. Ce lieu, chargé d’histoire et de souvenirs, divise aujourd’hui une ville entière. Entre nostalgie des supporters et querelles politiques, son avenir incertain est devenu un enjeu majeur. Plongeons dans cette histoire où sport, politique et urbanisme s’entremêlent.
Un Stade au Cœur des Passions Nîmoises
Le stade des Costières, inauguré en 1989, a longtemps été le symbole de l’identité footballistique de Nîmes. Des matchs épiques contre des cadors de la Ligue 1 aux soirées mémorables en Ligue 2, ce lieu a vu défiler des générations de supporters. Mais depuis le 5 novembre 2022, date du dernier match contre Bordeaux, le silence règne. Pourquoi un tel abandon ? Et surtout, comment en est-on arrivé là ?
Un Rêve Immobilier qui Tourne au Cauchemar
En 2019, un projet ambitieux semblait promettre un avenir radieux au stade. Un investisseur, avec des idées grandioses, avait racheté l’enceinte pour huit millions d’euros, avec l’intention de transformer tout le quartier. Le plan ? Un complexe moderne incluant un nouveau stade, une halle des sports, des logements, des bureaux, un hôtel et même une école. Sur le papier, c’était séduisant. En réalité, c’était un mirage.
Un projet immobilier qui semblait trop beau pour être vrai, et qui l’était.
– Un observateur local
Les autorités ont rapidement mis un frein à ces ambitions. Un permis de construire refusé par la cour administrative d’appel de Toulouse a stoppé net le projet. Pendant ce temps, le Nîmes Olympique, relégué en National 2, s’est retrouvé à jouer dans un stade temporaire, les Antonins, une structure tubulaire loin de l’âme des Costières. Ce fiasco a laissé le stade à l’abandon, sans entretien ni perspectives claires.
Un État de Dégradation Alarmant
Imaginez un lieu autrefois vibrant, aujourd’hui livré à la nature et à la décrépitude. La pelouse, jadis impeccablement entretenue, est désormais irrécupérable. Les coursives, envahies par les pigeons, sont jonchées de débris. Des arbres poussent là où les supporters s’asseyaient, et des toitures percées laissent filtrer la pluie. Selon des témoignages, une centaine de sièges ont disparu des gradins, et la zone mixte ressemble à un dépotoir.
- Pelouse : envahie par la végétation, inutilisable pour le football.
- Coursives : dégradées par les intempéries et les animaux.
- Gradins : sièges manquants, structure fragilisée.
- Toitures : percées, accélérant la détérioration.
Ce spectacle désolant tranche avec les souvenirs des grandes années du club, notamment entre 2018 et 2021, lorsque Nîmes évoluait en Ligue 1. Les supporters, attachés à leur stade, décrivent cette situation comme une blessure. Mais au-delà de la nostalgie, c’est l’inaction des autorités locales qui alimente leur frustration.
Un Enjeu Électoral Brûlant
À l’approche des municipales de mars 2026, le sort des Costières est devenu un sujet brûlant. La ville, propriétaire du stade après l’échec du projet immobilier, se retrouve face à un dilemme. Doit-elle rénover ce lieu chargé d’histoire ou miser sur le stade temporaire des Antonins, jugé austère par les fans ? Les avis divergent, et les supporters ne mâchent pas leurs mots.
Rester aux Antonins, c’est condamner le club à végéter à un niveau amateur.
– Un supporter engagé
Les supporters, réunis autour du collectif Sauvons le Nîmes Olympique, militent pour un retour aux Costières d’ici deux ans. Ils reprochent à la majorité actuelle, en place depuis 2001, un manque d’ambition pour le stade. De son côté, l’opposition accuse la municipalité de laisser volontairement le stade se dégrader pour justifier son remplacement par une solution moins coûteuse.
| Position | Arguments | Impact |
| Majorité actuelle | Maintien aux Antonins, études en cours | Risque de mécontentement des supporters |
| Opposition | Rénovation des Costières | Redonner une âme au club |
| Supporters | Retour aux Costières | Recréer l’engouement populaire |
Ce débat dépasse le simple cadre sportif. Il touche à l’identité de Nîmes, une ville où le football est plus qu’un loisir : c’est un lien social. La question est de savoir si les élus sauront écouter les supporters ou s’ils privilégieront des considérations économiques.
Les Supporters : Gardiens de l’Héritage
Pour les fans du Nîmes Olympique, les Costières ne sont pas qu’un stade. C’est un lieu de mémoire, où chaque gradin raconte une histoire. J’ai toujours trouvé fascinant comment un stade peut devenir le cœur battant d’une communauté. À Nîmes, les supporters ne veulent pas seulement un terrain pour jouer : ils veulent retrouver leur maison.
Le collectif Sauvons le Nîmes Olympique incarne cette ferveur. Leur objectif ? Faire pression sur les élus pour une rénovation rapide et efficace. Selon certains experts, remettre le stade en état pourrait coûter entre deux et trois millions d’euros, bien loin des dizaines de millions évoqués par la municipalité. Cette divergence d’estimations alimente les soupçons d’un manque de transparence.
Ce stade, c’est notre histoire. Le laisser pourrir, c’est trahir Nîmes.
– Un membre du collectif
Les supporters ne sont pas seuls dans leur combat. Un ancien architecte de la ville, actif jusqu’en 1999, a publiquement dénoncé ce qu’il appelle un “mensonge” autour du projet immobilier initial. Selon lui, le stade aurait pu être rénové à moindre coût, mais des intérêts privés ont prévalu. Cette accusation, si elle s’avère fondée, pourrait changer la donne lors des prochaines élections.
Un Avenir Incertain
Alors, que réserve l’avenir aux Costières ? Plusieurs scénarios se dessinent. La municipalité évoque des projets de “mutation urbaine” et de “rénovation”, mais reste vague sur les détails. De leur côté, les supporters et l’opposition plaident pour une remise en état rapide, avec un retour du club dans son stade historique. Mais un obstacle persiste : l’ancien investisseur, toujours impliqué dans des démarches judiciaires, pourrait compliquer les choses.
- Rénovation des Costières : Un projet coûteux mais porteur d’espoir pour les supporters.
- Maintien aux Antonins : Une solution économique, mais qui risque d’éloigner les fans.
- Nouveau projet immobilier : Une option improbable après l’échec précédent.
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est l’émotion qu’elle suscite. À Nîmes, le football n’est pas qu’un sport : il unit des générations, des quartiers, des histoires. Laisser les Costières à l’abandon, c’est comme effacer une partie de l’âme de la ville. Et pourtant, entre contraintes financières et jeux politiques, l’espoir d’un renouveau semble fragile.
Pourquoi Cela Nous Concerne Tous
L’histoire des Costières n’est pas unique. Partout en France, des stades historiques font face à des défis similaires : vieillissement, manque de fonds, ou projets immobiliers controversés. Ces lieux, souvent ancrés dans l’identité locale, méritent mieux qu’un abandon silencieux. À Nîmes, la bataille pour sauver les Costières est aussi une lutte pour préserver un patrimoine.
En tant que passionné de sport, je ne peux m’empêcher de penser que ces stades sont plus que des bâtiments. Ce sont des lieux où l’on rit, où l’on pleure, où l’on se sent vivant. Laisser les Costières sombrer, c’est priver Nîmes d’une part de son histoire. Et si la solution était de conjuguer passé et avenir, en rénovant ce stade tout en pensant à son intégration dans une ville moderne ?
Le stade des Costières, avec ses gradins délabrés et sa pelouse oubliée, reste un symbole fort. À l’approche des municipales, son avenir sera au cœur des débats. Les supporters, eux, continuent de rêver d’un retour en fanfare. Reste à savoir si la ville saura entendre leur appel ou si ce lieu mythique deviendra un simple souvenir. Une chose est sûre : à Nîmes, le football ne laisse personne indifférent.
