Vous souvenez-vous de l’été 2016 ? Moi oui. J’avais vingt-et-quelques années, je venais de lancer Netflix sur un coup de tête et je suis tombé sur une bande-annonce avec des gamins à vélo, des guirlandes de Noël et un monstre sans visage. Neuf ans plus tard, je suis toujours là, un peu plus vieux, un peu plus sage, et je m’apprête à regarder la toute dernière saison de Stranger Things. Et quelque chose me dit que je ne suis pas le seul à avoir les larmes au bord des yeux.
Une série qui a grandi en même temps que nous
Ce qui rend cette fin si particulière, c’est qu’on a littéralement vieilli avec les personnages. Quand la saison 1 est sortie, les acteurs avaient 12-14 ans. Aujourd’hui, ils ont tous la vingtaine bien tassée. À l’écran, seulement quatre années se sont écoulées dans l’univers de Hawkins, mais dans la vraie vie, c’est presque une décennie qui vient de passer. C’est troublant, non ?
On a découvert Eleven alors qu’elle se rasait le crâne, terrifiée et perdue. On l’a vue tomber amoureuse, douter, devenir une héroïne. On a ri avec Dustin et ses dents (ou leur absence), on a pleuré quand on a cru perdre Hopper, on a eu peur avec Will… Et pendant ce temps-là, on passait nos propres exams, on quittait la maison, on vivait nos premières ruptures, nos premiers boulots. Stranger Things n’était pas juste une série : c’était un miroir.
Le choc du temps qui passe à l’écran
Regardez-les maintenant. Finn Wolfhard (Mike) mesure presque 1m90, Caleb McLaughlin (Lucas) a une voix d’homme, Gaten Matarazzo (Dustin) porte la barbe, Sadie Sink (Max) est devenue une icône mode… Même Noah Schnapp (Will) n’a plus rien du petit garçon timide de la saison 1. Et pourtant, ils jouent encore des ados de 16-17 ans. Le contraste est violent, presque poétique.
Les créateurs ont choisi de ne pas cacher cette réalité. Ils l’assument pleinement. Les costumes sont un peu plus matures, les voix plus graves, les corps changés. Et c’est exactement ce qui rend cette saison 5 si touchante : on sent que c’est la fin d’une époque, pour eux comme pour nous.
« On a commencé gamins, on finit adultes. C’est bizarre de se dire que c’est la dernière fois qu’on va jouer ces personnages qui nous ont tout appris. »
– Un des jeunes acteurs, en interview récente
Pourquoi cette série a marqué toute une génération
Stranger Things est arrivée au bon moment. En 2016, on redécouvrait les années 80 avec une tendresse infinie : vinyles, synthwave, polaroïds, jeux d’arcade… La série a surfé sur cette vague nostalgique tout en racontant une histoire universelle : celle de l’amitié, du premier amour, du passage à l’âge adulte face à l’horreur (littérale et métaphorique).
Mais surtout, elle a osé parler à la génération millennial et Z d’une façon qu’aucune autre série n’avait faite. Elle a mélangé Les Goonies, E.T., Stephen King et les clips de Kate Bush pour créer quelque chose d’unique. Et on s’est tous reconnus dans ces gamins un peu paumés qui se battent contre des forces plus grandes qu’eux.
- La bande d’amis inséparables qui se retrouve dans le sous-sol pour jouer à Donjons & Dragons
- Le premier baiser maladroit sous la neige
- La peur de perdre ceux qu’on aime
- Le sentiment d’être différent (Eleven, Will… et nous tous à l’adolescence)
Tout ça a résonné très fort. Et neuf ans après, ça résonne encore plus.
Une fin en trois temps : la stratégie maligne
La diffusion éclatée en trois parties (27 novembre, 26 décembre, 1er janvier) n’est pas un hasard. C’est une façon de nous faire vivre le deuil en douceur… ou de nous torturer encore un peu plus, c’est selon le point de vue !
Quatre épisodes aujourd’hui pour nous replonger dans l’univers. Trois à Noël pour nous tenir en haleine pendant les fêtes. Et le final le jour de l’an, comme un feu d’artifice d’adieu. Franchement, c’est cruellement bien trouvé. On va passer les fêtes à théoriser, à pleurer, à rewatcher les saisons précédentes en boucle.
Ce qu’on attend vraiment dans cette saison 5
Sans spoiler (promis), on sait déjà que le Monde à l’envers va envahir Hawkins comme jamais. Que Vecna est loin d’avoir dit son dernier mot. Que certains personnages risquent de ne pas s’en sortir. Et que les adieux vont être déchirants.
Moi, ce qui me touche le plus, c’est qu’on va enfin avoir des réponses à des questions posées il y a neuf ans. Que s’est-il passé après la bataille de Starcourt ? Comment Eleven a-t-elle retrouvé ses pouvoirs ? Will va-t-il enfin pouvoir être lui-même ? Hopper et Joyce… ?
Et surtout : est-ce qu’ils vont tous s’en sortir ? (Je ne suis pas prêt. Vraiment pas.)
L’héritage d’une série phénoménale
Quand on regardera en arrière dans dix ans, on se dira que Stranger Things a changé la télévision. Elle a prouvé qu’une série pouvait être à la fois ultra-populaire et profondément humaine. Qu’on pouvait faire peur tout en parlant d’amour, d’amitié et de grandir.
Elle a lancé les carrières d’une génération d’acteurs. A redonné vie à la musique des années 80 (merci Kate Bush). A transformé Hawkins en lieu de pèlerinage. A créé une communauté mondiale qui pleure et rit ensemble depuis 2016.
Au fond, Stranger Things n’est pas juste une série sur des monstres et des portails interdimensionnels. C’est une série sur nous. Sur ce qu’on était. Sur la façon dont on a traversé l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte avec ces personnages comme béquilles affectives.
Alors oui, ce soir, je vais lancer les épisodes. Je vais probablement pleurer dès le générique. Et je sais que demain matin, je serai un peu plus vieux, un peu plus nostalgique, mais surtout reconnaissant d’avoir vécu ça.
Merci Hawkins. Merci les gamins. Merci pour ces neuf années.
Et vous, vous êtes prêts à leur dire au revoir ?
