Vous souvenez-vous de ces après-midis devant la télé, à suivre les aventures d’Hélène et ses copains ? Ces séries qui ont marqué toute une génération tournaient dans des studios aujourd’hui méconnaissables. Et pourtant, imaginez un peu : ces mêmes lieux, condamnés par l’urbanisme galopant, s’apprêtent à redevenir le cœur battant de la création audiovisuelle française. C’est presque un scénario de film en soi.
La Métamorphose d’un Géant Endormi
À deux pas de Paris, dans cette zone industrielle de la Plaine Saint-Denis que beaucoup traversent sans un regard, quelque chose bouillonne. Les Studios de la Montjoie – oui, ceux-là mêmes qui ont vu défiler les stars des sitcoms des années 90 – sortent de leur léthargie. Plus de 25 millions d’euros injectés pour transformer ces hangars en plateaux dernier cri. Franchement, quand on pense à ce qu’ils étaient avant, c’est bluffant.
J’ai eu l’occasion de m’y promener récemment. Là où jadis résonnaient les rires enregistrés des séries AB, on trouve maintenant des espaces modulables, des fonds verts immenses, des régies high-tech. Les rideaux noirs épais qui masquent les tournages en cours donnent à l’ensemble une atmosphère de secret bien gardé. On se croirait dans les coulisses d’Hollywood, version banlieue nord.
Des Décors qui Font Rêver le Monde Entier
Prenez les deux dernières saisons d’une certaine série sur une Américaine à Paris. C’est ici que la magie opère. Les appartements chic, les cafés branchés, les rues pavées : tout est reconstitué avec un réalisme qui trompe même les Parisiens pure souche. Et la prochaine saison ? Elle arrive bientôt sur vos écrans, mais chut, confidentialité oblige.
Même chose pour ce film ambitieux avec un acteur français métamorphosé en bossu de Notre-Dame. Les décors médiévaux côtoient les intérieurs contemporains sans transition. C’est cette versatilité qui fait la force du lieu. Un jour un palace parisien, le lendemain une cathédrale gothique. Les équipes de production adorent.
La flexibilité des espaces nous permet de passer d’un univers à l’autre en quelques heures seulement. C’est priceless pour les plannings serrés.
– Un directeur de production expérimenté
Et puis il y a cette émission quotidienne qui occupe les plateaux 200 jours par an. Cinquante heures de programme tournées dans ces murs. Les comédiens y ont leurs habitudes, leurs marques au sol, leurs rituels. C’est devenu leur seconde maison.
L’Architecture au Service de la Création
Ce qui frappe quand on entre dans ces studios, c’est l’intelligence de l’aménagement. Les plateaux sont vastes – certains font plus de 1000 m² – mais tout est pensé pour l’efficacité. Les hauteurs sous plafond permettent des prises de vue spectaculaires. Les isolation acoustiques sont au top. Même les circulations sont optimisées pour que les équipes ne se marchent pas dessus.
- Plateaux modulables de 500 à 1500 m²
- Hauteurs sous grille technique jusqu’à 12 mètres
- Systèmes de climatisation silencieux
- Régies vidéo 4K natives
- Parkings sécurisés pour 300 véhicules
Ces caractéristiques techniques, ça peut paraître aride dit comme ça. Mais en réalité, c’est ce qui fait la différence entre un tournage fluide et un cauchemar logistique. Les directeurs de production le savent bien : le temps, c’est de l’argent.
Un Investissement Massif qui Paie
25 millions d’euros, ce n’est pas une petite somme. Mais quand on voit le résultat, on comprend où passe l’argent. Rénovation complète des structures, installation de matériel dernier cri, création d’espaces de post-production intégrés. Tout est fait pour attirer les grosses productions internationales.
Et ça marche. Les réservations s’enchaînent. Les studios tournent à plein régime. D’après mes sources, le taux d’occupation frôle les 85% sur l’année. Pour un site qui était menacé de disparition il y a encore quelques années, c’est une sacrée performance.
| Année | Taux d’occupation | Productions majeures |
| 2023 | 45% | 3 séries + 1 film |
| 2024 | 68% | 5 séries + 2 films |
| 2025 | 85% | 8 séries + 4 films |
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. La courbe est exponentielle. Et ce n’est que le début.
La Confidentialité, Arme Séductive
Dans l’industrie du cinéma, la discrétion est reine. Surtout pour les productions très attendues. Ici, c’est pris très au sérieux. Accès contrôlés, badges, rideaux occultants, zones sécurisées. Même les livreurs doivent passer par des sas spécifiques.
Résultat ? Les stars internationales se sentent en sécurité. Pas de paparazzi aux abords. Pas de fuites sur les réseaux. Juste la concentration nécessaire pour donner le meilleur. C’est un argument de poids face à la concurrence européenne.
Enfin des studios où on peut travailler sans craindre les spoilers. C’est rare de nos jours.
– Une actrice américaine habituée des tournages français
Un Écosystème Complet
Ce qui fait vraiment la différence avec les Studios de la Montjoie, c’est l’approche globale. Ce n’est pas juste des plateaux à louer. C’est un véritable campus de la production audiovisuelle.
Ateliers de construction de décors sur place. Costumiers. Accessoiristes. Salles de post-production. Bureaux pour les équipes de développement. Même un restaurant qui propose des menus adaptés aux régimes des acteurs. Tout est pensé pour que les productions n’aient pas à multiplier les prestataires.
- Arrivée de l’équipe scénario
- Construction décors en parallèle
- Tournage principal
- Post-production immédiate
- Livraison du produit fini
Ce flux continu permet de gagner un temps fou. Et dans ce métier, chaque jour économisé représente des dizaines de milliers d’euros.
L’Impact sur l’Économie Locale
Au-delà des caméras et des projecteurs, ces studios dynamisent tout un territoire. Les emplois directs d’abord : techniciens, régisseurs, électriciens, décorateurs. Plus de 500 personnes travaillent régulièrement sur le site.
Mais aussi tout l’écosystème indirect. Les hôtels du coin affichent complet quand une grosse production débarque. Les restaurants font salle comble. Les commerces de proximité profitent de cette manne. Saint-Denis, souvent montrée du doigt, retrouve des couleurs grâce au cinéma.
J’ai discuté avec un commerçant du quartier. « Avant, on voyait passer les camions sans trop savoir. Maintenant, on a des habitués. Des acteurs qui viennent prendre leur café tous les matins. Ça change la vie. »
La Formation des Talents de Demain
Autre aspect passionnant : la transmission. Les studios ont mis en place des programmes de formation avec les écoles de cinéma locales. Des étudiants viennent observer les tournages. Apprendre les ficelles du métier aux côtés des pros.
Stages. Workshops. Masterclass avec des directeurs photo reconnus. Tout est fait pour créer un vivier de talents. Parce que oui, la technique évolue vite. Les jeunes arrivent avec des compétences numériques que les anciens n’ont pas toujours. Et vice versa pour l’expérience de terrain.
Une Concurrence Européenne Féroce
Mais attention, rien n’est acquis. Londres, Prague, Budapest : la concurrence est rude pour attirer les grosses productions. Les avantages fiscaux jouent. La qualité des infrastructures aussi. La proximité de Paris reste un atout majeur, mais il faut continuellement innover.
Les dirigeants des studios en sont conscients. Ils investissent déjà dans la prochaine génération de technologies : réalité virtuelle pour les repérages, intelligence artificielle pour la gestion des plannings, captation volumétrique. Rester à la pointe, c’est la clé.
Vers une Labellisation Éco-Responsable ?
Dans le sillage des préoccupations environnementales, les studios se mettent au vert. Panneaux solaires sur les toits. Récupération des eaux de pluie. Matériaux recyclés pour les décors éphémères. LED à la place des projecteurs traditionnels.
Ces initiatives ne sont pas que marketing. Elles répondent à une vraie demande des productions, surtout internationales. Obtenir la certification Albert pour les émissions de carbone, c’est devenu un argument commercial décisif.
Les Projets Fous à Venir
Et demain ? Les rumeurs vont bon train. Une super-production américaine qui nécessiterait la construction d’un décor aquatique géant. Une série historique sur plusieurs époques. Un plateau dédié aux effets spéciaux numériques.
Ce qui est sûr, c’est que les Studios de la Montjoie ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. L’objectif affiché : devenir la référence européenne pour les tournages de séries premium. Rien que ça.
En conclusion – même si je déteste les conclusions trop nettes – ces studios incarnent parfaitement la capacité de réinvention du cinéma français. Des sitcoms populaires des années 90 aux blockbusters mondiaux de demain, le chemin parcouru force le respect. Et quelque part, c’est rassurant : même dans une industrie en perpétuelle mutation, certains lieux ont une âme qui traverse les époques.
La prochaine fois que vous regarderez votre série préférée, pensez-y. Derrière les images léchées, il y a des hangars rénovés en banlieue parisienne. Des techniciens passionnés. Des investissements massifs. Et une bonne dose de magie à la française. C’est peut-être ça, le vrai glamour du cinéma.
