Imaginez un village niché au cœur des collines arides, où les cloches d’une église vieille de quinze siècles résonnent encore, malgré les flammes qui ont tenté de la réduire en cendres. À Taybeh, en Cisjordanie occupée, les habitants vivent dans l’angoisse. Ce petit coin de terre, connu pour ses ruelles soignées et sa fête de la bière annuelle, est devenu le théâtre d’attaques répétées. Des colons extrémistes, installés dans des colonies illégales, sèment la peur. Mais ici, on ne baisse pas les bras. Les villageois, chrétiens pour la plupart, appellent à l’aide, espérant que le monde entende leur cri. Comment en est-on arrivé là ?
Taybeh : Un Village Chrétien sous Pression
Dans ce coin reculé de la Cisjordanie, Taybeh est un symbole de résilience. Ce village, où les chrétiens forment la majorité, a toujours été un havre de paix. Ses habitants, fiers de leur patrimoine, chérissent l’église Saint-Georges, un édifice dont les fondations remontent au Ve siècle. Mais depuis quelques semaines, la quiétude a laissé place à l’inquiétude. Des attaques de colons ont bouleversé le quotidien. Incendies criminels, terres agricoles saccagées, troupeaux bloqués : la liste des exactions s’allonge. Pourquoi ce village paisible est-il devenu une cible ?
La seule loi qui semble prévaloir ici, c’est celle de la force.
– Un dignitaire religieux local
La visite récente de responsables ecclésiastiques et de diplomates a mis en lumière l’ampleur du problème. Ces derniers, invités par les prêtres et le maire, ont parcouru les rues du village, écoutant les témoignages des habitants. Un fermier, les traits tirés, raconte comment des colons l’empêchent d’accéder à ses terres pour nourrir ses volailles. Plus loin, les traces noires d’un incendie récent marquent les abords de l’église. Ce n’est pas juste une question de pierres brûlées : c’est une communauté entière qui se sent abandonnée.
Un Incendie qui a Choqué la Communauté
Le 7 juillet dernier, un incendie criminel a ravagé une partie de l’église Saint-Georges. Ce n’était pas un accident. Les habitants pointent du doigt des colons extrémistes, installés dans des colonies voisines. Cet acte a profondément marqué les esprits. L’église, un lieu de culte et de mémoire, représente bien plus qu’un bâtiment : elle est le cœur battant de Taybeh. En la ciblant, les assaillants ont voulu frapper un symbole.
Les villageois décrivent des provocations quasi quotidiennes. Des troupeaux étrangers piétinent leurs champs, des jeunes colons s’approchent des maisons, parfois armés, semant la peur. « Combien de temps cela va-t-il durer ? » s’interroge un prêtre local. La question reste sans réponse, mais elle résonne dans chaque foyer. Ce qui frappe, c’est l’impuissance face à ces violences. Les autorités locales, bien que sollicitées, peinent à identifier et condamner les coupables.
Nous souffrons, mais nous continuons à prier pour la paix.
– Un habitant de Taybeh
Une Violence qui S’inscrit dans un Contexte Plus Large
Les attaques à Taybeh ne sont pas un cas isolé. Dans toute la Cisjordanie occupée, les violences commises par des colons se multiplient. Selon des rapports récents, les Nations unies ont recensé pas moins de 27 incidents en une seule semaine au début du mois de juillet. Ces actes vont de l’intimidation à la destruction de biens, en passant par des agressions physiques. Dans les villages voisins, des puits ont été empoisonnés, des terres confisquées, et des vies perdues.
| Type d’incident | Fréquence | Conséquences |
| Incendies criminels | Fréquents | Destruction de biens, choc communautaire |
| Attaques sur terres agricoles | Quasi quotidiennes | Perte de revenus, insécurité alimentaire |
| Violences physiques | Occasionnelles | Blessures, décès, peur généralisée |
Ce tableau, bien que simplifié, donne un aperçu de la réalité. Les colonies, considérées comme illégales au regard du droit international, abritent près d’un demi-million de personnes. Certaines d’entre elles, poussées par des idéologies extrémistes, s’en prennent aux communautés palestiniennes. À Taybeh, un village sans groupes armés ni conflits ouverts avec l’armée, ces attaques semblent d’autant plus absurdes. Pourtant, elles s’inscrivent dans une dynamique plus large de tensions territoriales.
La Réponse des Autorités et de la Communauté Internationale
Face à cette situation, les habitants de Taybeh ne restent pas silencieux. Ils ont invité des figures religieuses et des diplomates pour témoigner de leur détresse. Parmi eux, des représentants de l’Union européenne et des consulats étrangers. Ces derniers ont exprimé leur solidarité, tout en appelant à des enquêtes sérieuses pour identifier les responsables. Mais les mots, aussi sincères soient-ils, suffisent-ils ?
Des sanctions ont été imposées par certains pays contre des colons extrémistes et leurs organisations. Pourtant, sur le terrain, l’impact reste limité. Les habitants, eux, demandent des actions concrètes : protection de leurs terres, sécurité pour leurs familles, et justice pour les coupables. « On a l’impression de ne pas compter », confie un jeune journaliste du village. Cette phrase, lourde de sens, reflète un sentiment d’abandon qui gagne du terrain.
Les autorités doivent agir, pas seulement parler. La justice ne peut pas rester un vœu pieux.
– Un observateur international
L’Émigration : Une Conséquence Silencieuse
Derrière les flammes et les cris, une autre tragédie se joue : l’émigration. À Taybeh, les familles partent, une à une. Les jeunes, en particulier, ne voient plus d’avenir dans un village où la peur domine. « Les gens ont besoin d’un toit et d’un travail », explique un ancien maire, la voix empreinte de résignation. Il évoque le besoin urgent de projets économiques pour retenir les habitants. Mais face à la destruction des terres agricoles, comment espérer prospérer ?
J’ai remarqué, en écoutant ces témoignages, que l’espoir persiste malgré tout. Les anciens, attachés à leur terre, refusent de partir. Ils allument des cierges dans l’église Saint-Georges, prient pour la paix, et racontent des histoires de résilience. Mais pour combien de temps ? La question de la disparition de cette communauté chrétienne, l’une des plus anciennes de la région, plane comme une ombre.
Et Après ? Les Enjeux de la Paix
À Taybeh, on rêve de paix, mais on sait que le chemin sera long. Les habitants demandent des solutions concrètes : protection de leurs terres, enquêtes sur les coupables, et un soutien économique pour éviter l’exode. Mais au-delà des mesures immédiates, c’est tout un système qu’il faut repenser. Les tensions en Cisjordanie ne datent pas d’hier, et les violences des colons ne sont qu’un symptôme d’un conflit plus profond.
Pourtant, l’aspect peut-être le plus frappant de cette histoire, c’est la dignité des habitants. Malgré les attaques, ils continuent d’organiser leur fête de la bière, de cultiver leurs oliviers, de prier dans leur église. Ils ne veulent pas être réduits à des victimes. Ils veulent être entendus. Et si le monde entier se tournait, ne serait-ce qu’un instant, vers ce petit village ? Peut-être que leur cri trouverait enfin un écho.
En conclusion, Taybeh n’est pas qu’un point sur une carte. C’est une communauté qui lutte pour sa survie, pour son identité, pour sa paix. Les flammes ont peut-être noirci les murs de l’église Saint-Georges, mais elles n’ont pas éteint l’espoir. Alors, que fait-on maintenant ? La réponse, si elle existe, passe par une écoute attentive et des actions concrètes. Car au bout du compte, comme me l’a confié un habitant, « la paix, c’est tout ce qu’on demande ».
